Benyamin Netanyahu annonce des frappes sur « tous les sites du régime » iranien.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a annoncé que l’armée israélienne allait frapper « tous les sites du régime » en Iran. Le président iranien Massoud Pezeshkian a averti d’une riposte « plus forte » si les frappes israéliennes continuent. Selon Bernard Hourcade, directeur au CNRS du centre de recherche sur le monde iranien, la guerre entre Israël et l’Iran est « asymétrique ».
Bernard Hourcade explique : « La guerre, c’est un fait. La question est de savoir s’il y a deux partenaires. Comme à Gaza, il n’y a qu’un partenaire, il n’y a personne en face. Le Hamas a disparu militairement et l’Iran aujourd’hui est extrêmement affaibli, n’a pas d’armement sophistiqué et moderne. Malgré les missiles envoyés sur Israël, facilement interceptés, l’Iran n’a pas les moyens de répondre à la guerre. C’est donc la question politique qui se pose : cette guerre dissymétrique avec Israël sème le chaos, et a l’intention de toucher toutes les cibles – le nucléaire n’est qu’un prétexte –, toucher tous les sites de missiles, mais aussi les infrastructures économiques de l’Iran.
Benyamin Netanyahu a déclaré dans un message vidéo adressé à Donald Trump : « Israël a le soutien manifeste de Donald Trump dans sa campagne militaire contre l’Iran ». Ce soutien surprend, car Donald Trump souhaitait négocier un nouvel accord sur le nucléaire avec l’Iran. L’opération israélienne a été menée contre Donald Trump et Emmanuel Macron à la fois. Le problème nucléaire iranien n’est pas nouveau. Il y avait une décision de reconnaître la Palestine lors d’une conférence à New York, à l’initiative du président Macron et du prince héritier saoudien. Donald Trump voulait un accord sur le nucléaire. Les Israéliens ne voulaient ni l’un ni l’autre. Benyamin Netanyahu a lancé cette attaque pour briser les perspectives politiques à Gaza et les perspectives régionales, pour qu’Israël garde le monopole de sa domination.
Donald Trump, prévenu des frappes, n’a pas opposé son veto. Bernard Hourcade analyse l’attitude de Donald Trump : « Donald Trump est un bateleur. Il dit oui, il dit non. Il va humilier Zelensky et il va le soutenir ensuite. Il a dans son camp des gens qui veulent la peau des Iraniens, comme Netanyahu, d’autres qui disent que ce n’est pas rationnel. Si l’on veut que l’Iran soit un pays stable au Moyen-Orient, il faut avoir l’Iran avec soi. L’incertitude de Trump et l’absence de politique sont importantes. Les États-Unis sont faibles et obéissent à Israël. C’est Israël qui domine le Moyen-Orient. »
Bernard Hourcade explique le choix du moment de l’opération : « Israël a prévu depuis 30 ans de démolir le système nucléaire iranien. Tant qu’il y avait en Irak un gouvernement non contrôlé par les États-Unis, et en Syrie, Bachar el-Assad, soutien des Iraniens et le Hezbollah, Israël ne pouvait pas attaquer l’Iran. Désormais, le Hezbollah et Bachar el-Assad sont tombés. Israël avait un boulevard. L’Iran est nu. »
Concernant les frappes sur Natanz, Bernard Hourcade affirme : « C’est le contraire, c’est pour le rebooster. Les Iraniens se sentent agressés. Ils n’ont de solution que de se lancer dans le nucléaire. On peut détruire les sites, les Iraniens ont le savoir-faire. L’attaque renforce le régime islamique qui était en mauvaise passe. »
Enfin, Bernard Hourcade conclut : « Le but du jeu : oublier la Palestine. Le nucléaire iranien a été lancé comme un problème existentiel pour Israël. La colonisation de la Cisjordanie s’est faite grâce à la menace iranienne. L’Iran apparaît comme un moyen de faire oublier Gaza. »
Sud Quotidien rapporte les propos de Bernard Hourcade : « L’Iran apparaît comme un moyen de faire oublier Gaza et les crimes qui ont été commis. »