Algérie : Révélations sur l’Utilisation d’Armes Chimiques par la France

Un documentaire diffusé par la chaîne suisse RTS a mis en lumière l’utilisation par l’armée coloniale française d’armes chimiques contre des civils en Algérie pendant l’occupation, qui a duré plus de 130 ans. Intitulé « Algérie, sections armes spéciales », ce film de 53 minutes dévoile pour la première fois l’emploi de tels moyens par la France coloniale, en contradiction avec le Protocole de Genève de 1925 auquel elle avait pourtant adhéré.
La réalisatrice Claire Billet, en s’appuyant sur des témoignages d’anciens soldats français, de combattants et de civils algériens, ainsi que sur les recherches de l’historien Christophe Lafaye, met en évidence l’usage secret de gaz chimiques pendant la guerre d’Algérie. Selon le documentaire, ces armes ont été utilisées notamment dans des zones montagneuses difficiles d’accès, ciblant des populations vulnérables.
Des documents exhumés par Christophe Lafaye, malgré des obstacles administratifs, révèlent que la décision politique d’utiliser ces armes a été prise dès mars 1956. Un échange écrit entre le commandant supérieur interarmées de la 10e région militaire et Maurice Bourgès-Maunoury, secrétaire d’État aux Forces armées, en atteste.
Le film rapporte également une réunion en septembre 1956, lors de laquelle une « politique générale d’emploi des armes chimiques » en Algérie aurait été discutée. Des survivants des gazages, comme ceux de la grotte de Ghar Ouchettouh, où près de 150 personnes ont été piégées en mars 1959, témoignent de ces horreurs.
Outre les armes chimiques, l’historien Benjamin Stora affirme l’usage du Napalm par les forces françaises en Algérie. Désignées sous le nom « BS » pour Bidons Spéciaux, ces armes ont causé des centaines de victimes, y compris des femmes et des enfants. Des témoignages de soldats français, corroborés par des articles de presse de l’époque, confirment cette utilisation.
Ces récentes révélations s’ajoutent à un lourd contentieux entre la France et l’Algérie, qui maintient ses requêtes de reconnaissance des violations des droits pendant la colonisation. L’article, basé sur un texte de nos confrères de Anadolu, indique que ces tensions historiques continuent d’alimenter des crises régulières entre les deux nations.