Dans une salle pleine, où se mêlaient décideurs, entrepreneurs et jeunes militants, la Fondation Mastercard a donné une résonance particulière au Forum Africain des Systèmes Alimentaires 2025. Autour d’une table ronde intitulée « Personne n’est laissé pour compte », le débat s’est ouvert sur une question cruciale : comment inclure les réfugiés, les jeunes déplacés et les personnes handicapées dans le système agroalimentaire africain ?
Le ton de la rencontre a été donné par des témoignages puissants. L’un des plus marquants est venu de Bernice Yawo Agboada, fondatrice de Vijay’s Mushroom. Micro en main, cette jeune entrepreneure en situation de handicap a livré un récit bouleversant :
« La vie n’a pas été facile, j’ai beaucoup souffert. À un moment donné, j’ai même dû vivre dans la rue. Un jour, une amie m’a parlé de la Fondation Mastercard. Ils m’ont formée à la culture des champignons et, avec cela, ils m’ont redonné espoir. Aujourd’hui, je peux dire avec fierté que je suis la directrice générale de Vijay’s Mushroom. Cela n’a pas été simple, mais la chose la plus importante, c’est l’inclusion. Nous devons veiller à ce que personne ne soit laissé de côté. »
Ses mots ont provoqué une salve d’applaudissements, traduisant l’émotion et la force de son message.
Autre voix forte de la journée, celle de Bakari Koniamu Fatawu, fondateur de FRCH. Avec gravité, il a dénoncé les obstacles qui persistent pour les entrepreneurs en situation de handicap :
« Certaines banques refusent d’accorder des prêts aux personnes handicapées, car elles s’interrogent sur la manière dont elles pourront récupérer leur argent. Même au sein des communautés, il existe une perception selon laquelle les personnes handicapées ne peuvent pas être entrepreneurs. Trop souvent, le handicap est considéré comme un fardeau, alors qu’en réalité, nous devons apprendre à le voir comme une bénédiction. »
Inclusion : de la parole à l’action
Au-delà des témoignages, la table ronde a rappelé un constat clair : la véritable transformation des systèmes agroalimentaires africains ne pourra se faire sans l’inclusion des groupes vulnérables. Réfugiés, jeunes déplacés et jeunes handicapés représentent un vivier de talents, d’innovations et de résilience encore trop ignoré.
La Fondation Mastercard, organisatrice de cette rencontre, a insisté sur l’urgence d’agir :
- Sans les jeunes réfugiés et déplacés, nous ne pouvons pas exploiter pleinement le potentiel économique de l’Afrique.
- Les solutions doivent s’appuyer sur leurs expériences vécues et non sur des approches théoriques.
Avec une population jeune en pleine expansion, une demande alimentaire croissante et la pression des changements climatiques, les intervenants ont souligné qu’il ne s’agit plus d’un choix mais d’une nécessité : l’Afrique doit bâtir des systèmes agroalimentaires inclusifs pour garantir sa sécurité alimentaire et sa résilience.
Des modèles inspirants
Parmi les figures mises en avant, Stella Wangila, fondatrice de Princetell Enterprise, a partagé ses solutions innovantes pour intégrer les jeunes déplacés dans les chaînes de valeur agricoles. Ses initiatives, à l’instar de celles de Bernice ou Bakari, montrent que des modèles existent déjà, qu’ils fonctionnent et qu’ils méritent d’être soutenus.
Un appel lancé depuis Dakar
En clôture, les organisateurs ont rappelé les objectifs de cette rencontre : donner la parole aux oubliés, identifier les obstacles persistants, valoriser les innovations des jeunes, et surtout, inspirer les décideurs à agir.
Le message est clair : pour nourrir l’Afrique de demain, il faudra plus qu’une révolution agricole — il faudra une révolution inclusive.
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