À Seydi Abubacar Sy (rta), le sanctuaire des météorites, socle de la mystique… Par Sheikh Alassane Sène Tarëe Yallah*

Souffle le vent, retranché, robuste à ses élans, relevant son air pour faire dissiper le mal du cœur. Naquit à Saint-Louis un merveilleux trésor aux origines diverses, nobles en tout, unificateur de la multiplicité. Une clé aux perles rarissimes, qui illumina la vie si riche de ces grands démiurges, de ces saints derviches et de ces éminents ascètes. Une lettre en or venue à la prime heure du temps, dressant blancheur devant nos chairs, les chapelets cirés au parfum musqué, les cordes vocales rodées, le Prophète Muhammad (psl) chanté, Dieu, le Seigneur en tout, exalté, le colon séduit, les terres enrôlées, les cieux pistés, l’héritage de Maodo venait d’être perpétué et à jamais préservé. Seydi Boubacar au manteau blanc et au bonnet royal a l’honneur d’être honoré par l’honneur qui suinte de lui, injection du Seigneur. Gloire à Dieu, qui a encore révélé un de ses grands miracles, avec ta généreuse naissance.

Le temps passe, laissant des traces, effaçant nos cicatrices, ceux qui aiment infiniment Khalifa Ababacar Sy ne l’ont connu que par sa merveilleuse histoire racontée par des hommes éteints en lui. Eau des sous-sols, encore frappée de fines graines, grêles au crépuscule, viatique qui bouscula le rythme des mystères cachés, une œuvre colossale s’est dévoilée, parachevée par un sang noble, riche, et sans tâche. Serigne Babacar Sy est cet ami fidèle, à l’allure de seigneur, le maître rompu au service, le disciple incontesté de Maodo, le panneau lumineux qui indique Aboul Abass, sa mission estampillée par celui qui dépassa seul, selon l’injonction divine, le Lotus des Confins. Djibril était témoin, évitant de fondre dans cette température si élevée, regardant avec admiration le paraclet dépasser la ligne infranchissable, le rideau était alors tiré. Et plus rien ne s’échappait de l’invitation suprême que l’Exalté Ahad a accordée au Saint illustre Ahmad (psl).

1885, ô année charnière, le fleuve de Saint-Louis dans un calme soulageant, accueillait sa fine brise en provenance de la mer, juste à l’embouchure, le bonheur de toute une communauté, d’un peuple et d’une future nation forte.

Sokhna Rokhaya Ndiaye, première sur la ligne tracée par Maodo, Ali Boye et Khar Yallah Sidy aux périphéries, le symbole d’une union, la philosophie révisée était en marche. Quel type d’adepte chercher et retrouvé dans les nobles pédagogies d’un fils prodige, au caractère si noble et à la démarche si parfaite.

Son silence parlait, son charisme avait freiné l’élan vicieux du colon. Khalifa Ababacar Sy était respecté par ces hommes venus de l’Occident, dissouts au bien matériel, usufruit en bandoulière. Le « Nassiril Haqq bil Haqq » qui résonnait de partout, avait fini par leur parler en profondeur. Le monde que bâtit le Saint homme, seigneur des bergers et des vergers, avait fait de lui, ce grand héritier aux multiples branches, branché à Maodo, le faisceau sacré des effluences mystiques.

« Heulmin Sabîline », de ses sublimes doigts naquît ce merveilleux poème dédié à Aboul Abass Ahmada Tijani (rta) le souffle des cœurs guéris, preuve de cet amour pur qu’il voue à son illustre maître, le noble chantier d’Abba Za’ra (psl).

La joie et la douleur se sont frottées sans pitié sur tes terres, et d’un duel amer et retentissant, nulle d’entre elles n’est sortie vainqueur, car ton cœur était ailleurs, dans la demeure où raisonne l’amour pur, loin du censeur qui a échoué en voulant te raisonner. Seydi Abubacar avait entamé une pérégrination amoureuse dédiée au maître à Fès, et cela avait fait germer tout son bonheur d’ascète de premier rang.

En ces temps si précieux, où Dieu, établi sur son majestueux Trône, lui octroya des pouvoirs illimités, gérés avec humilité, comment ne pas saluer avec déférence, l’éminent serviteur du détenteur des faveurs divines, Abubakrin Sadikh (ra)! En forçant murs et remparts, comment ne pas cogiter sur les versets de la sourate Yassin qui ont pansé les plaies issues de nos faits laids! Comment ne pas penser à toi, ô illustre fils de Maodo, aux mystères codifiés! Tu t’es tu dans le savoir en alignant adresse et sagesse, et tu t’es élevé dans la science sans bruit en domptant toute forme d’ignorance.

La splendeur revêtue de pagne blanc te salua et trouva refuge dans tes châteaux aux jardins si bellissimes. Tu es un océan de sciences dans lequel tes disciples, chanceux, se noient de connaissances. Tu as étanché leur soif quand ils eurent besoin de connaître Aboul Abass, de fréquenter les rives ahmediennes et d’être des amis privilégiés de Dieu le tout Puissant. Dans la lumière de ta pensée, retentit la clairvoyance raffinée de tes idées. Tu es rentré dans chacune de nos vies, dans chacune de nos pensées, dans chacun de nos faits et gestes comme une fine lumière placée dans une embouchure. Tu es observé dans cette toile d’araignée, et chacun de ses fils parle de tes nobles qualités que tu as héritées de l’homme le plus illustre de tous les temps. Tes sublimes attributs sont aussi incrustés à chaque paille de ce nid d’oiseau au loin de ces terres du Djoloff. Djoloff, terre des grands guerriers. Djoloff, terre des femmes soumises.

Ô Seydi Boubacar (rta),

Cet amour que tu as dédié à Aboul Abass s’est essaimé de partout comme une semence, pour devenir l’amour que des générations te vouent aujourd’hui et à jamais. Cette merveilleuse histoire qui nous lie à toi, qui symbolise la recherche de l’essence d’Allah, est plus puissante que le sentiment d’une femme amoureuse prête à subir l’endurance d’une union, ou encore d’un soldat prêt à souffrir et à mourir sur un champ de bataille pour sa patrie.

Notre désir est de te sentir partout et toujours, et te plaire au trépas. Contempler ton image fait écarter le doute, fixer tes yeux fait allumer un feu d’espoir dans les cœurs que rien ni personne ne pourrait éteindre.

Arriva le 25 Mars 1957, douloureux et inoubliable, le ciel avait perdu son sourire ravissant et son sommeil d’enfant, la terre semblait vouloir rompre avec la lune, aucune gravité autour d’elle, l’atmosphère était lourde, une étoile si rayonnante se retira de ces espaces, de son intimité et de celle des siens.

L’oiseau avait inondé son nid par ses larmes, tellement son chagrin était énorme, l’araignée s’était coincée dans sa toile, elle avait perdu le fil de son ingéniosité. Les larmes des panégyristes du saint illustre inondèrent les foyers, les cœurs et les visages, par leurs chants d’adieu si émouvants. Khalifa Ababacar Sy venait d’être convié par son Seigneur, pour un voyage inscrit aux tablettes, qui allait rendre orphelins les adeptes du zikr, les saints au magnifique destin et les desseins en nos mains, peints.

La mort n’a pas pu emporter avec elle ton histoire, elle n’est pas arrivée non plus à la retrancher dans les archives, ni l’effacer des cœurs, car elle demeure vivante, immortelle et inamovible. Elle s’est éternisée au contact des vents, des eaux, des montagnes et autres espaces où vit une créature du meilleur des architectes. Gloire à Lui, le Seigneur des mondes, qui t’a élevé au rang d’illustre saint, d’exceptionnel macrocosme et d’érudit privilégié. Que Dieu, le glorifié, sanctifie ton grand secret, Ô Cheikhal Khalifa (rta)! Amin.

* Disciple du Prophète Muhammad (psl)

2 COMMENTAIRES
  • moussa

    Thanks very much serigne babacar sy

  • untel

    Merci Sheikh pour cette belle plume, toutes nos reconnaissances a votre endroit

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