Yaya Diémé et Nous !!!

Savez-vous que Yaya Diémé (Jammeh, écrit et prononcé en Gambien) a été créée par le Sénégal ?
Quand le 22 juillet 1994, Yaya et ses quatre compagnons font le coup d’Etat qui renversait le Pdt Daouda Kairaba Diawara, la Gambie était en pleine crise économico-sociale du fait d’un embargo économique sans bruit que le Pdt Abdou Diouf avait imposé à ce pays.
Les raisons provenaient de l’éclatement de la Confédération de la Sénégambie que les Gambiens avaient tout fait pour saboter. La confédération de Sénégambie est d’abord gelée en août 1989 à la demande d’Abdou Diouf, puis dissoute le 30 septembre 1989 à la demande du Sénégal, car des intérêts trop divergents séparent les deux pays. En 1990, Abdou Diouf interdit tout commerce avec la Gambie. Tous les postes et bureaux de Douanes avaient reçu des notes secrètes leur interdisant le dédouanement des marchandises en provenance de la Gambie. L’exportation des bonbonnes de Gaz qui était tolérée est totalement interdite, le ciment, le fer, les produits de quincaillerie, beaucoup de denrées de premières nécessités sont soumis à des contrôles de sortie rigoureux, et la sortie des devises vers ce pays, limitée à 50 000 frs CFA par voyageur. Ces mesures vont faire flamber les prix en Gambie et créer des pénuries inattendues et insupportables pour le Gambien et l’Economie Gambienne.
La Gambie essaya de résister tant bien que mal, en se tournant vers le Nigéria, surtout, pour s’approvisionner en carburant afin de faire tourner son unique centrale électrique et le parc automobile, mais les économies des deux pays que sont la Gambie et le Sénégal sont tellement enchevêtrées que les effets de la rétorsion sont tout de suite visibles. La Gambie manque de tout. Surtout du CFA Sénégalais. Leur première source de devises. Elle ne pouvait plus payer les livraisons de pétrole Nigérian, ce qui a fait que, jusqu’en 1996, les Gambiens n’avaient pas d’électricité publique.
Cette situation allait favoriser le coup d’Etat de 1994, ourdi par des militaires de la National Army of Gambia, formés eux tous, par l’Armée Sénégalaise. Ils étaient un groupe de cinq officiers, dont Yaya Diémé, qui élimina ses comparses, un à un, et en 1996, commença à exercer seul le pouvoir.
Yaya est né à Kanilaï, un village casamançais, rattaché à la Gambie, lors du tracé de la frontière entre les deux pays en 1966. C’est un Diola pure souche, dont la mère est de l’autre côté de la frontière, au Sénégal. Comme la plupart des habitants de cette zone hautement indépendantiste, Yaya a une haine viscérale envers le Sénégal et ce qu’il représente pour lui. C’est-à-dire, une fascination et un sentiment de rejet presque allergique. C’est pourquoi, il s’est beaucoup appuyé sur les rebelles du MFDC pour assoir son propre pouvoir sur les oligarchies mandingues qui dominaient la Gambie du temps de Diawara, et aussi, pour constituer une menace directe pour le Sénégal, quand les principales forces armées du mouvement casamançais se sont vues expulsées de la frontière avec la Guinée Bissau par le Colonel Tag na Wei, et se sont installées le long de la frontière Gambienne. Yaya Diémé n’aime pas le Sénégal, et ne cesse de le faire savoir. Ses provocations répétées n’ont d’autre but, que de noyer les difficultés quotidiennes des populations Gambiennes, et de paraître plus important qu’il ne l’est en réalité. La paix s’installant progressivement en Casamance, où les populations ont pris conscience qu’elles gagnent plus dans cette situation de paix que dans un conflit qui ne les mène nulle part. Yaya Diémé qui n’a plus un terrain de chantage ou d’interlocuteur privilégié du Sénégal, s’invite dans n’importe quel événement qui concerne les Sénégalais. Même dans la lutte. La musique.
Vous n’entendrez jamais Le Dr Diémé s’exprimer sur les problèmes du Monde ou de l’Afrique. Sur le Sénégal, sur son Président, vous l’entendrez souvent le faire. Surtout, pour leur rappeler qu’il est leur égal. Ce que personne ne lui a jamais contesté. Les provocations de Yaya irritent certes le pouvoir Sénégalais, mais la Gambie n’est pas une priorité économique ou politique pour le Sénégal, pour mériter une guerre ou un conflit. Mais sa déstabilisation peut être lourde de conséquences pour la tranquillité au Sud. Alors, au lieu de jouer à la roulette russe pour influer sur un quelconque changement, on préfère laisser Diémé à ses yayailleries.
Mais, une grève des transporteurs vient de le rappeler à l’ordre. Les transporteurs Sénégalais connaissent leur force. En 1993, ils ont fait tomber le gouvernement Bissao –gunéen de Carmen Preira, en asphyxiant son économie par le blocage de Bafata. Ils savent plus que tout le monde, qu’ils peuvent ébranler le pouvoir Gambien ou même le mettre à terre. Et le lui rappellent à doses homéopathiques et périodiques. Et, à chaque fois, qu’ils le soulèvent pour le terrasser, c’est le pouvoir Sénégalais qui arrête le combat.
Mais, que voulez-vous, Yaya fut enfanté par le Sénégal. On n’a jamais de mauvais fils, surement que c’est le père qui l’a mal élevé.