Vatican : Un cardinal au cœur d’un procès financier inédit

Le Vatican a annoncé ce samedi l’ouverture d’un procès dans le cadre d’un vaste scandale financier. Dix personnes, dont un cardinal, seront jugées devant le tribunal du plus petit État du monde pour leur implication supposée dans l’achat d’un immeuble de luxe à Londres.
C’est un procès triplement inédit qui s’ouvrira devant le tribunal du Vatican le 27 juillet prochain. C’est d’abord la première fois qu’un cardinal, Giovanni Becciu, ancien numéro deux de la Secrétairie d’État sera jugé par un tribunal dirigé par des laïcs, rapporte notre correspondant à Rome, Éric Sénanque, informe Rfi.
Pour le cardinal, comme pour les neuf autres prévenus, les chefs d’accusation sont lourds : corruption, abus de pouvoir, blanchiment d’argent ou encore extorsion.
Inédit est aussi le fond du dossier : vertigineux, les montages financiers les plus opaques ont été utilisés pour l’achat ce luxueux immeuble à Londres.
Les magistrats du Vatican ont mené des commissions rogatoires en Suisse, aux Émirats, à Jersey ou encore au Luxembourg. En s’appuyant sur des financiers peu scrupuleux négociant en son nom, le Vatican a perdu des dizaines de millions d’euros, les appartements à Chelsea n’étant jamais construits.
Inédite, enfin, la transparence autour de ce procès : pour la première fois le Vatican communique le fond du dossier, les accusations et la chronologie des faits. Le cardinal Becciu, par l’intermédiaire de ses avocats a, lui, estimé être « victime d’un complot ». « Le moment de la clarification approche », a-t-il expliqué.
« Avoir nettoyé les écuries d’Augias »
Pour Odon Vallet, spécialiste des religions, l’envoi de dix personnes dont l’un de ses proches collaborateurs devant la justice est un acte courageux de la part du pape François qui pense que « son temps lui est compté et qu’il est temps d’agir ».
Ce que dit en gros le pape François, c’est : « moi je ne vais bientôt plus être pape. Mais ce que je voudrais, c’est avoir, comme on dit, nettoyé les écuries d’Augias. »
Le pape argentin avait été élu en 2013 pour notamment mettre de l’ordre dans les finances vaticanes, une réforme ardue qui a rencontré de la résistance au sein de certains dicastères (ministères) gérant des fonds de manière très autonome et peu transparente, lit-on sur Rfi.