Une révolution confisquée : Le système reprend ses droits*

Une révolution s’est opérée dans la douleur, mais par les urnes. Un acte rare, historique. Le Sénégal a réussi là où tant d’autres échouent : renverser un régime autoritaire par la seule force du suffrage populaire, sans guerre civile, sans coup d’État. Ce fut une victoire du peuple. Mais aujourd’hui, cette révolution vacille. Le système, lui, reprend ses marques. Il se réorganise, avance masqué, mais sûr de lui.

Ce système, autrefois incarné par un homme qui se proclamait « Gniouth Gniateur », a “pilons gaiement” les ressources du pays et infligé un “pan pan” sanglant à des dizaines de citoyens. Il avait instauré un régime violent : arrestations arbitraires, crimes impunis, spoliation des biens publics, manipulation des institutions, infantilisation du peuple. Aujourd’hui encore, ses relais réapparaissent dans les médias, l’administration, les réseaux de pouvoir, pendant que l’ancien président, réfugié à l’étranger, rêve d’un retour.

Le peuple, lui, attendait une rupture nette : justice, reddition des comptes, réformes profondes. Il voulait voir tomber les murs de l’impunité. Mais à la place, il découvre une situation désespérée… et surtout un épais rideau juridique, truffé de subtilités incompréhensibles, qui semble fait sur mesure pour protéger les coupables. Comme si la complexité du droit servait désormais de refuge à ceux qui ont pillé, manipulé, écrasé. Le citoyen, lui, regarde ce théâtre technocratique sans y comprendre un mot — et comprend encore moins pourquoi les criminels dorment tranquilles.

La confusion persiste, et le gouvernement peine à trancher. Pendant que le peuple attend des signaux clairs, les anciens bourreaux se travestissent en victimes et osent accuser les résistants d’hier de dérives autoritaires. Les arrestations se multiplient… mais aboutissent systématiquement à des relaxes. Et ces relaxés, loin de la discrétion, sont encensés par une certaine presse, portés en triomphe par une frange d’opposition irresponsable et sans scrupule. Une telle faiblesse est suicidaire pour tout État de droit.

Mais là où l’alerte devient urgence, c’est lorsque la presse elle-même devient l’outil d’un sabotage en règle. Le cas Madiambal Diagne en est la preuve éclatante. Accusé de faits graves, interdit de quitter le territoire, il a fui clandestinement, défié la République, et depuis la France, mène une croisade contre le Premier ministre Ousmane Sonko.

Pire : certains journalistes, au mépris du secret de l’instruction, de la justice et de la souveraineté nationale, lui offrent une tribune. Deux d’entre eux ont été interpellés puis relâchés, après avoir interviewé ouvertement et avec défiance un fugitif. Et pourtant, une partie de la société civile et de l’opposition s’indigne… non pas du scandale, mais des interpellations ! Où est la morale ? Où est le respect de l’État ? Où est la justice ? Il n’y a pas de liberté d’expression pour ceux qui bafouent la République. Il y a une exigence de vérité et de fermeté.

Ce cas dépasse la simple fuite d’un homme. Il révèle la porosité du système, sa capacité à se régénérer, à infiltrer. Tant que ces attaques resteront tolérées, tant que l’État hésitera, la République reculera. Il faut sévir. Ces individus ne sont pas des contradicteurs politiques. Ce sont des ennemis. Et ils doivent être traités comme tels.

Mais le silence ne vient pas seulement du sommet de l’État. L’élite intellectuelle aussi se dérobe. Elle observe. Elle a abandonné son rôle de conscience critique pour s’installer dans le confort du compromis depuis des décennies déjà. Dans ce moment de bascule, cette élite démissionnaire ne peut être un repère. Le changement ne viendra pas de ceux qui ont appris à se taire pour durer, mais de ceux qui ont le courage de dire, de penser et d’agir autrement. Le président Diomaye ne doit pas compter sur cette intelligentsia en déclin. Il doit s’appuyer sur la force vive du peuple, cette énergie lucide, intègre, qui porte l’aspiration profonde au redressement national.

Il appartient au président Bassirou Diomaye Faye, en tant que dépositaire de la volonté populaire et garant des institutions, de resserrer lucidement et fermement les liens avec son Premier ministre Ousmane Sonko. Car ce dernier n’est pas un simple collaborateur : il est la figure centrale, le principal garant du renouveau espéré, le socle politique et moral de cette révolution démocratique. C’est précisément pour cela qu’il est devenu la cible prioritaire des forces hostiles au changement.

L’annulation immédiate des condamnations politiques injustes qui pèsent encore sur lui n’est pas seulement une exigence de justice : c’est un impératif stratégique pour préserver la cohérence du projet porté par le duo présidentiel. Une volonté manifeste cherche à isoler le président de son ancrage naturel. Cette tentative de division doit être brisée avec autorité. Ousmane Sonko doit être protégé. Le peuple n’acceptera pas une nouvelle abdication.

Il ne peut y avoir de troisième voie. Le peuple a encore pleinement confiance dans le couple Diomaye–Sonko, à qui il a offert une large majorité parlementaire. Cette légitimité n’est pas un ornement : elle est un mandat clair pour démanteler le système, abattre ses symboles, dissoudre ses réseaux, et neutraliser les bastions de la terreur — à commencer par le siège de l’APR, repaire notoire des nervis assassins. Il faut juger leurs commanditaires, et se servir de la majorité parlementaire pour faire adopter des lois sans ambiguïté, permettant de sévir sans pitié ni répit contre les ennemis de la nation. Rétablir la vérité, coûte que coûte. Sinon, la révolution ne sera pas seulement confisquée. Elle sera écrasée.

Abdoulaye Dieng, entrepreneur*

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Un commentaire

  1. Merci Monsieur pour ce texte qui résume la situation actuelle. Mille merci ! Le peuple vaincra incha allah


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