Tribune – Mahamadou Lamine Sagna sur Sa Ndiogou : « Au Sénégal, la révolution s’appuie sur un capital spirituel et symbolique »

Dans une tribune relayée par nos confrères de WalFadjri, le sociologue Mahamadou Lamine Sagna propose une analyse de la figure médiatique de Sa Ndiogou. L’universitaire, enseignant aux États-Unis, y décrypte l’oralité comme un capital symbolique et un outil de critique sociale et politique au Sénégal, en s’appuyant sur les chroniques de ce personnage populaire.

Selon le professeur Sagna, Sa Ndiogou incarne une forme d’« intellectuel critique situé » dont l’autorité ne provient pas des institutions académiques mais de la maîtrise de l’oralité sénégalaise, de la mémoire populaire et du capital spirituel des daaras. L’analyse met en lumière la manière dont ses interventions, oscillant entre le comique et le tragique, utilisent des proverbes et des métaphores pour dénoncer les dérives de la société. L’auteur cite par exemple l’expression « Fuki di gàss, fuki di suul » (Dix personnes creusent des trous et dix autres les remplissent) comme une illustration de sa critique ironique des détournements de fonds publics.

Le sociologue développe également une réflexion sur le rôle des écoles coraniques, qu’il présente comme des « matrices de formation intellectuelle, éthique et corporelle ». Pour lui, les daaras produisent un habitus spécifique qui combine des registres cognitif, corporel et éthique. Mahamadou Lamine Sagna avance que l’avant-garde de la « récente révolution sénégalaise » était en grande partie constituée de jeunes issus de ces structures, mus par un « capital symbolique et religieux » plutôt que par une conscience de classe au sens marxiste classique.

La tribune confronte cette réalité sénégalaise aux concepts des sciences sociales occidentales. L’auteur soutient que des figures comme Sa Ndiogou et des institutions comme les daaras obligent à revisiter les théories de penseurs tels que Bourdieu, Foucault ou Gramsci. Il affirme que si le concept d’habitus de Bourdieu est pertinent, il reste « impuissant à saisir la transcendance religieuse » qui fonde une partie de l’autorité de ces nouvelles voix. De même, la parole de Sa Ndiogou, par sa dimension corporelle et rythmique, dépasserait le cadre cognitif du langage analysé par Chomsky.

En conclusion de son propos, Mahamadou Lamine Sagna invite ses collègues chercheurs et les étudiants, notamment au sein des universités sénégalaises, à intégrer les « sachants locaux » tels que les griots ou les artisans dans le dialogue académique. Il estime que leurs savoirs peuvent enrichir les sciences sociales et contribuer à bâtir une pensée « plus enracinée et plus universelle ». Pour le sociologue, écouter ces voix permettrait de positionner l’Afrique non plus comme une périphérie, mais comme « l’un des centres de gravité théoriques du monde à venir ».

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Un commentaire

  1. Bonne analyse,Sa Ndiogou , sous une sortie de de faux vernis de rîgolo, a une pensée sociale, philosophique largement supérieure a plein de prétendus « intellectuels, »suffisants et m’as tu vu, totalement incultes des qu’il s’agit d’étaler des. On yiyyynces et qui nous pompent l’air a longueur de journée sur plein de chaînes ,surtout ces soi-disant, »journalistes plus mercenaires incultes au service de politiciens voleurs tout aussi ibcultsy6


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