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Tribune – Crise des bourses et réforme LMD : l’équation universitaire du nouveau pouvoir, par Henriette Niang Kandé

Dans une analyse publiée par Sud Quotidien, Henriette Niang Kandé décrypte la crise profonde de l’enseignement supérieur, articulée autour de la politique des bourses étudiantes et de la réforme Licence-Master-Doctorat (LMD). Le texte met en lumière la transformation de la bourse, passée d’un outil de promotion du mérite à un instrument de régulation sociale, dans un contexte de massification universitaire et de tensions budgétaires.

Initialement, après l’indépendance, les bourses universitaires étaient conçues comme un levier stratégique pour former une élite nationale, récompensant le mérite et favorisant l’ascension sociale. Cette politique est restée cohérente jusque dans les années 1970, avec des effectifs étudiants maîtrisés. Cependant, la massification des universités à partir des années 1980 a changé la donne. L’Université de Dakar, prévue pour 3 500 étudiants, en accueillait plus de 24 000 en 1990, sans que les infrastructures et l’encadrement pédagogique ne suivent.

Selon l’analyse, la bourse est alors devenue un « mécanisme de gestion sociale ». Sous la présidence d’Abdoulaye Wade, elle est devenue quasi universelle, le nombre de boursiers passant d’environ 36 000 en 2000 à plus de 150 000 en 2024. Cette généralisation a transformé la bourse en un revenu étudiant attendu, aggravant les tensions budgétaires. Les réformes normatives engagées sous Macky Sall pour encadrer l’attribution des bourses n’ont pas résolu les problèmes structurels de fond.

Parallèlement, la mise en œuvre du système LMD, visant à moderniser et harmoniser les diplômes, s’est heurtée aux réalités d’un système sous-capacitaire. La semestrialisation et l’évaluation continue ont complexifié la gestion administrative et académique, entraînant des retards dans la publication des résultats et, par conséquent, dans le paiement des allocations. La réforme a également durci les conditions d’accès aux bourses, notamment pour les cycles de Master, où les capacités d’accueil sont limitées. Ces tensions persistantes ont récemment conduit le gouvernement à débloquer 3,8 milliards de FCFA pour apaiser la crise à l’UCAD.

Le nouveau gouvernement, dirigé par le Président Diomaye Faye, hérite d’une situation marquée par des rappels de bourses impayés et une pression continue sur les infrastructures universitaires. La crise actuelle est décrite comme « la rencontre explosive entre deux dynamiques : une politique de bourses devenue distributive à l’excès et une réforme LMD exigeante mais insuffisamment accompagnée ». Pour sortir de cette impasse, l’auteure estime qu’une refondation globale est nécessaire, appelant à « recentrer les bourses sur le mérite et la nécessité sociale, investir dans l’infrastructure universitaire, renforcer l’encadrement pédagogique » et adapter les filières au marché du travail.

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2 commentaires

  1. Certains étudiants savent que ils ne méritent pas leur bourse. Un étudiant qui ne connaît même pas les quatre poins cardinaux nous donne un ministres qui ne connaît pas les pays de la CEDEAO ni la superficie du Sénégal. ASTAKHFIROULLAH


  2. Un article très pertinent. En effet il faut revoir cette façon de distribuer la bourse estudiantine.


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