Touba sous les eaux : Où sont passés nos milliards (Par Birama Thior)*

Touba sous les eaux : Où sont passés nos milliards (Par Birama Thior)*

Touba, une ville sainte presque morte ces dernières heures, dû à des pluies diluviennes parfois intermittentes jamais enregistrées par l’odomètre dans la capitale du mouridisme. Cent quarante millimètres se sont abattus dans la ville sainte, ce mardi 17 septembre, aux environs de 00 heure jusqu’à douze heures le lendemain, selon plusieurs récits.
Difficile de ne pas tremper ma plume dans les eaux boueuses de la cité religieuse. Pour débusquer la petite bête, me dira-t-on ? Mais comment ne pas ergoter face aux scènes apocalyptiques qui nous viennent de Touba point de ralliement de millions de fidèles à l’occasion de la célébration annuelle du Magal. Pourtant des dizaines, voir des centaines de milliards de FCfa ont été injectés dans la lutte contre les inondations.
De prime abord, le Plan décennal de lutte contre les inondations de 2012 à 2022. En 2012, l’ex président de la République Macky Sall, suite aux fortes pluies enregistrées sur l’ensemble du territoire national, avait présidé un Conseil présidentiel sur les inondations ayant abouti au dit plan. Trois phases étaient dès lors dégagées avec une phase d’urgence de 66 milliards de FCfa, une phase court terme de 450 milliards de FCfa et une phase long terme de 250 milliards de FCfa. Ces différents montants cumulés donnent 766 milliards de FCfa destinés à juguler définitivement les problèmes des inondations.
En 2015, l’Onas avait toutefois dégagé une rondelette sommes de 60 milliards de Fcfa pour doter 10 villes (Kaolack, Touba, Tivaouane, Louga Saint-Louis, Matam Tambacounda, Pikine, Rufisque et Dakar) du pays d’un réseau d’assainissement.
Mais malgré toute cette manne financière mobilisée, le problème des inondations reste entier dans la cité de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Sinon pire ! Des villes comme Touba et Kaolack en sont la parfaite illustration suscitant un débat âpre sur la destination douteuse de ces fonds dégagés.
Diantre ! Où sont passés tous ces milliards de FCfa annoncés en grande pompe pour soulager les populations ?
En tout état de cause, il semblerait qu’il y a un problème très sérieux entre l’Etat central et les collectivités territoriales. La ville de Touba, par exemple, est une particularité. C’est le Khalif qui gère la cité religieuse. A Kaolack et à Mbacké, ce sont les maires. Tout cela fait qu’il n’y a pas d’articulation hiérarchisée entre la politique de l’Etat et celles des élus locaux. Pour dire simple, il semble que chacun s’occupe de ses affaires.
Outre cet écueil, il y a la lancinante question des intermédiaires. Dans l’enveloppe des 766 milliards de F Cfa du Plan décennal de lutte contre les inondations, la vérité est que des privés profitent souvent du marché à chaque hivernage pour entrer en action. C’est des gens qui ont des motopompes et autres matériels y afférant. Des outils qui coutent chers. Sauf que ces dits opérateurs n’ont souvent ni l’expérience ni la volonté de régler définitivement le fléau. C’est des bouche-trous en ce cens qu’ils ne mettent pas sur place des solutions structurelles mais plutôt conjoncturelles. L’Etat se contente tout simplement de leur remettre de l’argent et, à leur tour, ils évacuent l’eau. Mais cela coule de source : ces opérateurs n’assurent ni l’assainissement ni la canalisation. Leur travail consiste à soulager provisoirement les populations moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes point barre !
Pour ce présent cas de Touba, si les nouvelles autorités n’y prennent pas garde, le même schéma risque de se reproduire. Et les quartiers comme Keur Niang et environs désertés peuvent retrouver sous peu, leur trop plein, pour peu que l’Etat déploie les sapeurs pompiers avec des motos pompes, des camions citernes etc.
Somme toute, il urge, comme l’avait annoncé le Chef du gouvernement Ousmane Sonko, que des audits soient faits à ce niveau pour faire la lumière sur la destination des faramineuses sommes injectées dans la lutte contre les inondations. Ce fléau récurrent qui a presque perdu Touba semble à la limite ne pas avoir de solutions pérennes, nonobstant les milliards injectés dans la capitale du mouridisme.

*Journaliste

3 COMMENTAIRES
  • Un passeur de minuit

    Mr Thior, vous avancez :’La ville de Touba, par exemple, est une particularité. C’est le Khalif qui gère la cité religieuse ».

    Vous avez la reponse a votre question. Ayez plus de courage , la prochaine fois ou faites votre metier de journaliste pour nous edifiez sur la reponse articulee. C’est votre travail, non?

  • Damel X

    Le problème de Touba est nul autre que son maire qui ne comprend pas bien la langue Molière.

  • B.lee

    Dieu ne connaît pas les milliards

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