Thierno Bocoum : « Où est donc la rupture que vous revendiquez ? »

Je vous souhaite un excellent week-end, en vous laissant cette réflexion à l’intention des adeptes de slogans d’une prétendue rupture.

Rupture dites-vous ?

Vous vous relayez pour me demander de dire qu’il y a rupture, suite à ma sortie sur la rts et sur la cour suprême.

Vous me taguez de partout, comme si une déclaration ritualisée devait valoir preuve.

Vous parlez de rupture mais vous niez aux institutions toute capacité d’agir librement.

Où est donc la rupture que vous revendiquez ?

sous Macky Sall, j’ai été invité à la RTS par ma sœur, la talentueuse Hourèye Thiam alors que j’étais dans l’opposition. Le régime était déjà bien installé, en place depuis au moins prés de deux ans.

Ce n’est qu’ensuite que les restrictions m’ont visés avec la censure d’une autre émission oú j’étais invité du nom de « Histoires d’école ». le réalisateur Amadou Diegane Sarr m’avait invité pour sensibiliser les jeunes sur les risques liés au tabagisme à l’école.

Aujourd’hui, le régime actuel n’a même pas encore atteint sa deuxième année d’exercice. Il n’a donc pas fait mieux que le précédent à ce stade.

Il faudra juger sur la durée.

On pourra parler de rupture réelle lorsque cette ouverture sera pérenne et résistera à l’épreuve du temps.

J’adresse donc mes félicitations et mes encouragements au directeur actuel de la RTS Pape Alé Niang, en lui reconnaissant la conscience professionnelle qui a guidé sa posture. S’il y a des gens pour penser qu’il est téléguidé, libre à eux. Moi, je crois à son intégrité jusqu’à preuve du contraire.

Maintenant, si l’on se limite à une simple comparaison entre régimes, force est de constater que rien n’est encore acquis. Pire, beaucoup est déjà en train d’être perdu, notamment en matière de liberté d’opinion. L’emprisonnement de compatriotes pour de simples délits d’opinion ou pour des raisons aussi absurdes que leur opposition au régime en place en est la preuve flagrante.

Quant à la justice, rappelons quelques faits :

1- C’est sous Macky Sall que la justice a validé la candidature de Bassirou Diomaye Faye.
2-C’est cette même justice sous Macky qui a décidé de réintégrer Ousmane Sonko sur les listes électorales, malgré l’opposition de l’administration.

Nous avions applaudi des deux mains à l’époque et avions exigé son réintégration.

https://www.seneweb.com/news/Politique/thierno-bocoum-quot-pourquoi-la-dge-a-to_n_423691.html

Et c’est donc cette justice que vous voulez aujourd’hui infantiliser en attribuant ses décisions aux postures de vos leaders ?

Soyez sérieux et respectueux.

En somme, selon vous, ces professionnels n’auraient ni autonomie ni dignité et leur seul mérite serait d’avoir obéi à une ligne imposée d’en haut.

Nous ne devrions donc pas les féliciter à eux seuls, parce qu’ils ne sont que des exécutants dénués de toute liberté de jugement.

Votre logique est inquiétante. Elle ne laisse aucune place à l’indépendance des institutions et encore moins au mérite individuel. Tout est ramené à la volonté d’un homme, d’un clan, d’un chef.

Vous brandissez la rupture comme un étendard mais vous en niez l’essence à chaque phrase.

Si tout ce qui fonctionne désormais est le fruit d’un ordre venu d’en haut où est la rupture ?

Changer de donneur d’ordres n’est pas une rupture, c’’est une reconduction.

La rupture n’est pas un slogan. C’est un acte et un acte de rupture, par définition, ne se limite pas à servir une cause ou un clan.

Il s’inscrit dans le respect des principes de liberté, de justice et de pluralisme.

Thierno Bocoum
Président AGIR