Serigne Guèye Diop face aux défis du commerce au Sénégal
Serigne Guèye Diop, ministre du Commerce et de l’Industrie, est très actif dans sa communication médiatique et sur les réseaux sociaux, soulignant son intention de résoudre certains des principaux enjeux économiques du Sénégal. Parmi ces défis, le redressement de la balance commerciale du pays qui demeure déficitaire. Les dernières données officielles indiquaient un déficit de 342,4 milliards de CFA en octobre 2024, en hausse par rapport au mois précédent qui était de 121,6 milliards de CFA. Cette situation s’explique par la dépendance du Sénégal vis-à-vis des importations pour sa consommation, y compris dans des secteurs où une production locale serait envisageable.
M. Diop espère appliquer à l’échelle nationale le succès qu’il a obtenu en tant que président du Conseil départemental de Sandiara en créant une Zone franche productive. Dernièrement, sur la chaîne RTS1, il a annoncé la création prochaine de deux unités de production de sucre en Casamance, dans les régions de Kolda et de Ziguinchor, soulignant que les études sont finalisées et que les documents ont été soumis au Premier ministre. Cette initiative rappelle une promesse similaire faite en 2012 par Benoît Sambou, alors ministre de l’Agriculture, de construire une usine de production de sucre dont le projet est resté lettre morte.
Serigne Guèye Diop a également exprimé sa volonté de réduire les importations de vêtements de seconde main, bien que l’absence d’une industrie textile locale reste un obstacle majeur. En 2021, le Sénégal a importé plus de 17 000 tonnes de fripes, générant un commerce crucial pour de nombreux petits revendeurs. Toute tentative de politique protectionniste devra compter avec ces réalités économiques. Le Quotidien rappelle que des situations similaires ont vu des pays comme le Rwanda et l’Ouganda se heurter à des réactions commerciales américaines lorsqu’ils ont souhaité interdire ces importations pour protéger leur industrie locale.
La prochaine étape pour M. Diop pourrait impliquer la revitalisation de l’industrie cotonnière, une tâche nécessitant des investissements au sein des rares producteurs textile encore existants, comme Serigne Mboup et Ibrahima Macodou Fall. Ce développement serait primordial pour envisager une industrie textile sénégalaise digne de ce nom.
Le projet de production de sucre en Casamance s’inscrit dans une volonté de diversification. Depuis sa création, la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) a toujours répondu aux besoins du pays, mais l’idée de nouveaux concurrents régionaux pourrait dynamiser l’offre, comme l’indiquait le dirigent de la CSS, Jean-Claude Mimran, favorable à l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché.
En parallèle, le ministre a lancé une initiative controversée de « boutiques de référence », qui s’inscrit dans le prolongement d’initiatives passées souvent peu durables. Le Quotidien rappelle les multiples tentatives antérieures de stabilisation des prix avec des résultats mitigés. Sans apprendre des échecs passés, de nouvelles idées se révèlent souvent inefficaces, comme le souligne l’article de Mohamed Gueye dans Le Quotidien.