Une analyse critique s’impose.
Qui aurait pu imaginer qu’après seulement 8 mois d’exil au Maroc, Macky Sall reviendrait avec une lettre aussi longue, écrite dans une désinvolture teintée d’impertinence ?
Est-il réellement l’auteur de cette lettre, ou a-t-il simplement permis sa publication en son nom ? S’adresse-t-il aux Sénégalais ou bien aux puissances occidentales qu’il a représentées pendant douze ans et dont il continue de défendre les intérêts ?
Ces interrogations sont légitimes, car même dans leurs rêves les plus fous, les Sénégalais ne s’attendaient pas à voir Macky Sall les mettre en garde contre la dictature et la tyrannie.
La lettre de Macky Sall soulève des interrogations légitimes et des critiques fondées, compte tenu de son bilan au pouvoir et des événements marquants de son régime.
1. Rappel du contexte de son régime
Dans sa missive, Macky Sall présente son bilan sous un jour très positif, en mettant en avant la croissance économique, le développement des infrastructures et la stabilité sociale. Cependant, il omet de reconnaître les aspects moins reluisants de son gouvernement. Sous son mandat, le Sénégal a connu des dérives autoritaires, avec des répressions fréquentes contre l’opposition et des libertés restreintes. Les manifestations réprimées violemment et les arrestations d’opposants politiques ont marqué une période de peur et de mécontentement parmi la population. La mort de plusieurs jeunes lors des manifestations reste un épisode sombre qui hante la mémoire collective.
Macky Sall a eu le culot d\’exprimer “sa compassion et sa solidarité aux victimes des inondations” alors qu’il avait opté pour l\’ignorance et le mépris envers les familles des jeunes manifestants tués pendant son magistère.
2. Critiques de la gouvernance actuelle
Macky Sall accuse l’actuel gouvernement de mauvaise gestion, affirmant que les acquis de son administration sont menacés. Or, il est important de rappeler que l’héritage de Macky Sall comprend des défis économiques et institutionnels qui n’ont pas disparu avec son départ. Le nouveau régime a hérité de ces difficultés, y compris des dettes et des déséquilibres institutionnels. Ainsi, les critiques faites à l’administration actuelle manque de légitimité, venant de la part de celui qui a contribué à créer ou exacerber ces problèmes.
3. Autocritique et Manque d’humilité
L’ancien président ne semble pas faire preuve d’autocritique, se présentant comme l’architecte d’un Sénégal en plein essor avant son départ. Il revendique des avancées notables, telles que des projets d’infrastructures et des mesures sociales. Toutefois, ces réalisations ont souvent été critiquées pour leur manque d’inclusivité et leur coût élevé pour les finances publiques. L’endettement accru, l’inflation et les problèmes de gouvernance ont laissé des séquelles qui pèsent sur le développement du pays.
4. Un Appel politique opportuniste
La décision de Macky Sall de se positionner en chef de file de la coalition Takku Wallu Sénégal, huit mois après avoir quitté le pouvoir, est perçue comme un geste opportuniste. Son appel à la réconciliation et à la stabilité contraste fortement avec les actions de son propre gouvernement, qui a souvent marginalisé ses opposants.
5. Les Propositions avancées
Les engagements de Macky Sall, tels que la restauration de la régularité institutionnelle et la mise en place d’un programme d’urgence, sont tout simplement de la manipulation. Tout ce qu’il n’a pas pu faire pendant 12 ans de règne sans partage, s’il nous promet de le réaliser en tant que député dans un autre régime, on peut considérer que c’est faux au regard de son propre bilan et de l’héritage de sa gouvernance. La plus grande majorité des Sénégalais doutent de la sincérité de ces promesses, étant donné que certaines des problématiques évoquées (par exemple, la stabilité économique et institutionnelle) trouvent leurs racines dans la gestion antérieure.
6. Un Discours moralisateur
La lettre contient des remarques moralisatrices sur le « populisme » et la « manipulation », pourtant, ces mêmes termes ont souvent été utilisés pour décrire sa propre gouvernance. L’appel à l’exclusion de la violence et de la haine est ironique, venant d’un leader qui a présidé une ère marquée par des violences politiques et la restriction des libertés.
7. Conclusion
Macky Sall démontre, une fois de plus, son manque de considération pour le Sénégal et ses citoyens. Cette lettre, empreinte d’irrespect, de mépris, et insultante envers toutes les victimes de son régime, aurait mieux fait de ne jamais voir le jour. S’il avait eu la moindre estime pour ce peuple meurtri, il aurait eu le courage de revenir au Sénégal pour mener campagne en personne, en tant que tête de liste de sa coalition.
À mon sens, Macky Sall s’adresse surtout à ses partenaires extérieurs, et non aux Sénégalais. Il leur avait promis un Sénégal prospère, juste et démocratique ; aujourd’hui, il tente de leur faire croire que sans lui, le pays risque de s’effondrer.
L’humilité et le repentir ne font pas partie du caractère de Macky. Le Sénégal ne pourra que s’épanouir davantage sans lui.
Signé: L’Oeil de Cheikh