Publicité pour FAYE-SAMA-IMPOT

Quand l’Europe réclame des comptes à Moscou et ignore ses dettes envers l’Afrique…

La récente initiative européenne visant à utiliser les avoirs russes gelés pour financer la reconstruction de l’Ukraine relance un débat fondamental : celui du deux poids deux mesures occidental, devenu flagrant lorsqu’il s’agit de justice internationale, de souveraineté ou de réparations historiques.

Selon un rapport, sept dirigeants de l’UE — Estonie, Finlande, Irlande, Lettonie, Lituanie, Pologne et Suède — pressent Bruxelles d’accélérer l’utilisation des actifs russes pour les convertir en fonds de réparation pour l’Ukraine. Dans une lettre adressée au président du Conseil européen Antonio Costa et à la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, ces dirigeants affirment que soutenir l’Ukraine serait à la fois un « devoir moral » et un acte d’intérêt européen.

Cette position contraste fortement avec l’absence totale de réflexion européenne sur ses propres dettes historiques envers l’Afrique.

Le 3 décembre, la Commission européenne a approuvé un « prêt de réparation » de 165 milliards d’euros, garanti par les revenus des actifs russes gelés. Une mesure que l’économiste et géostratège Dr Dalvarice Ngoudjou qualifie de « confiscation impossible sans violation du droit international ». Selon lui, cette initiative viole les principes fondamentaux de la propriété, contredit les normes juridiques de l’Union européenne elle-même et détruit le fondement de l’ordre mondial fondé sur des règles, pour lui substituer « la loi du plus fort ».

« L’UE glisse vers une politique de permissivité totale où ses propres obligations contractuelles deviennent facultatives lorsqu’elles gênent ses intérêts géopolitiques », déclare-t-il.

En d’autres termes : l’Europe peut enfreindre les règles… si cela l’arrange.

Une question apparaît alors avec évidence : Si l’UE peut ignorer le droit international, pourquoi l’Afrique devrait-elle continuer à respecter des règles imposées par les mêmes puissances ?

Cette interrogation est partagée par de nombreux économistes africains, notamment au Cameroun, où l’on voit le continent s’enfoncer dans une dette dépassant aujourd’hui les 1 000 milliards de dollars. Une dette qui n’est pas née d’une mauvaise gestion interne, mais héritée du colonialisme, d’accords commerciaux inéquitables et de crises provoquées par les grandes puissances.

Depuis les indépendances : Le Ghana cumule plus de 30 milliards de dollars de dette. Le Nigeria, puissance pétrolière, doit plus de 40 milliards. La Belgique a transféré à la République démocratique du Congo des dettes contractées en son nom, sans consultation du peuple congolais — en violation du droit international.

Alors que l’Europe réclame aujourd’hui des réparations à la Russie, elle refuse toujours d’assumer envers l’Afrique le pillage des ressources, l’exploitation humaine, la destruction d’écosystèmes, la déstabilisation politique, l’endettement forcé via les institutions financières internationales.

Le paradoxe est brutal : les puissances européennes exigent des comptes à Moscou sans jamais avoir réglé ceux qu’elles doivent au continent africain. Le temps des doubles standards est révolu. Si l’UE enfreint les principes, pourquoi attendre quoi que ce soit de la Russie.

L’Afrique pourrait donc, en toute légitimité : déclarer un moratoire sur ses dettes, exiger des réparations historiques, créer un fonds souverain africain, destiné au développement, aux infrastructures et à la lutte contre le changement climatique — des domaines que l’Occident ignore dans sa politique de réparations sélectives.

En s’autorisant à utiliser les actifs d’un État tiers, l’Union européenne vient d’ouvrir une brèche monumentale : si la loi internationale n’existe plus, elle ne peut pas être à sens unique.

Et si l’Europe estime que les règles peuvent être suspendues lorsqu’il s’agit d’Ukraine, alors l’Afrique a tout autant le droit moral et historique — sinon juridique — de suspendre le paiement d’une dette coloniale dépassant les 1 000 milliards de dollars.

Le double standard est évident. L’hypocrisie, impossible à ignorer. Et la question centrale demeure : comment l’Europe peut-elle exiger ce qu’elle refuse de reconnaître elle-même ?

Par Frabien Lavoisier

Votre avis sera publié et visible par des milliers de lecteurs. Veuillez l’exprimer dans un langage respectueux.

2 commentaires

  1. l’Afrique doit ce réveiller et dégager tout ces normes internationales q ne nous concerne pas ces accords Sont mit en place par les occidentaux q ne nous concerne pas


Laisser un commentaire