Nouveau gouvernement : Entre le marteau de la gestion des urgences et l’enclume des calculs politiques…

Entre le marteau de la gestion des urgences et l’enclume des calculs politiques : La quadrature de cercle du nouvel attelage gouvernemental.

Au Sénégal, la semaine écoulée fut assurément très riche en évènements politiques. Après l’installation chaotique des députés de la quatorzième législature, le président de la République a signé, le samedi dernier, tard dans la soirée, le décret de nomination du nouveau gouvernement placé sous l’autorité du Premier ministre, Amadou Ba.

Vingt-quatre heures plus tôt, il s’était adressé à la Nation, à travers un discours laconique et creux qui n’a pas véritablement répondu aux attentes du Peuple, éludant ou différant aussi des questions cruciales telles que « la troisième candidature à la présidentielle de 2024 ». Le « ni oui ni non » à une troisième candidature à la présidentielle prévue maintenant dans dix-huit mois, tient toujours en haleine les citoyens sénégalais et continue de polluer le débat politique.

Le poids des lobbies et des quotas
De longs et difficiles moments de gésine pour mettre sur pied la première équipe gouvernementale. Celle- là qui survient dans un contexte politique d’évolution d’une dynamique plutôt favorable à l’opposition (eu égard aux résultats des élections territoriales et législatives), et de chocs économiques à la fois internes et externes. Accouché dans la douleur, le nouveau gouvernement présenté comme une « équipe de combat », est composé de 38 ministres contre 33 ministres et 4 secrétaires d’Etat pour le précédent. Jeu de chaises musicales, départements ministériels saucissonnés, d’autres rattachés, come back et défenestration sur fond de forte poussée des politiques dont de jeunes loups aux dents longues. Tout y est passé ou presque, rendant difficile une bonne lecture de l’orientation et du cap à décliner.

La tête de file de la coalition au pouvoir a du se faire des cheveux blancs pour asseoir son attelage gouvernemental. Ne disposant que d’une faible marge de manœuvre dans le dernier virage en direction de 2024, il s’est vu contraint de faire l’économie de frondes larvées ou ouvertes au sein de camp, en ménageant des alliés encombrants et/ou en insufflant un nouvel à sa formation originelle.

Ceci, en sus de la pression des divers lobbies politico-affairistes voire religieux. Une alchimie pléthorique destinée à relever dans les meilleurs délais aux défis économiques. Mais pas que… Suivez notre regard ! Un gouvernement de combat, a-t-on dit ?

« Les axes prioritaires de ma mission consistent à améliorer le pouvoir d’achat des ménages, la stabilité des prix, la sécurité, le logement, l’assainissement, la formation professionnelle, l’entrepreneuriat et l’emploi », a souligné dés sa nomination, le quatrième Premier ministre du président Macky Sall après Abdoul Mbaye (2012-2013), Aminata Touré (2013-2014) et Muhammad Boun Abdallah Dione (2014-2019).

Sans jouer aux Cassandres ou verser dans un pessimisme béat, la mission confiée à l’ancien ministre de l’économie et des finances, rapportée aux multiples urgences économiques et sociales, semble très ardue. Même si le miracle est de l’ordre du possible. Dés lors, on peut légitimement se demander comment le primum inter pares et ses coéquipiers vont-ils s’y prendre pour prendre en charge en moins de deux ans, l’énorme demande sociale qui transpire dans plusieurs secteurs de la vie économique et sociale. Inondations, inflation galopante, renchérissement du coût de la vie, chômage des jeunes ….

Une course éternelle et effrénée face aux multiples urgences
En vérité, rien ne sert de courir, il faut partir à point, dit l’adage. Ce que le régime en place n’a pu réaliser depuis dix ans, peut-il le réussir dans un délai assez étriqué. Rien n’est moins sûr.

Pire, la forte inclinaison politique de l’effectif gouvernemental qui augure d’une confrontation avec l’opposition, risque d’obérer les résultats du gouvernement. Face à une opposition ragaillardie par ses performances aux élections locales et législatives, le pari n’est pas risqué de dire que le « combat », a toutes les choses de se résumer à des attaques/contre attaques contre l’opposition.

Par Abou KANE

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