« Nous voulons un Président, pas un boudioumane! », Par Mamadou Oumar Ndiaye

Le président de la République devra choisir : ou il s’emploie sans relâche à satisfaire les besoins des 65 % de Sénégalais qui l’ont élu … ou il pense que la pourriture qui le rejoint (…) pourra lui assurer sa réélection en 2017.

Il y en a qui sont décidément boulimiques. Insatiables. Difficile, pour ne pas dire impossible à rassasier. Car enfin, peut-on avoir été plébiscité par les Sénégalais à 65 % de leurs suffrages exprimés en mars 2012, l’un des meilleurs scores qui soit à travers les vraies démocraties du monde, peut-on avoir tout cela, donc, et chercher encore à élargir ses bases, à massifier son parti ? Sauf à vouloir instaurer une démocratie populaire, une société totalitaire où les dirigeants sont élus avec 100 % des suffrages exprimés comme l’a réussi récemment le leader nord-coréen Kim Jong Un, la réponse c’est non.

De ce point de vue, il est difficile de concevoir tous ces efforts que le président de la République consent, cette débauche d’énergie qu’il déploie ainsi que, sans doute, tous ces moyens financiers et, à coup sûr, ces strapontins et sinécures dont il prive des compatriotes plus méritants pour récompenser la trahison d’hommes et femmes politiques retournant jupes et vestons pour rejoindre l’APR.

Or, encore une fois, en élisant le président Macky Sall comme rarement président de la République l’aura été à travers le monde, les Sénégalais avaient surtout voulu renvoyer dans l’opposition — voire envoyer à la retraite — tout le système Wade dont il est, il est vrai, issu. Un système Wade largement composé de transhumants, c’est-à-dire d’hommes et de femmes sans foi ni loi, ne croyant en rien d’autre qu’à l’argent et aux sinécures, girouettes tournant au gré du vent et mercenaires de la politique. Hélas, à leur grand étonnement, nos compatriotes voient chaque jour que

Dieu fait ces « wadistes » qu’ils avaient chassés par la porte revenir par la fenêtre. Si le président de la République lui-même ne déroule pas le tapis rouge pour les accueillir, postes de présidents de conseils d’administration, de directeurs généraux de sociétés, de conseillers spéciaux voire bientôt de ministres à la clef. Conséquence : on voit d’anciens « dioufistes » ou « tanoristes », devenus ensuite « wadistes » ou membres de la Génération du Concret qui se proclament à présent, et toute honte bue, « Mackyistes ». En attendant de se dire « khalifa-istes » ou de nouveau « karimistes » si Dieu leur prête vie à partir de 2017 et si jamais l’actuel maire de Dakar ou le prisonnier le plus célèbre de Rebeuss accédait à la magistrature suprême.

Et ce à la suite d’une défaite du président Macky Sall qui aura été coulé, s’il n’y prend pas garde, par ses nouveaux amis les transhumants. Ce qu’à Dieu ne plaise car il est toujours temps pour lui de fermer sa porte à ces vils opportunistes qui, plutôt que d’aller travailler, ont toujours juré de vivre aux frais du pouvoir, de tous les pouvoirs.

Le président de la République devra choisir : ou il s’emploie sans relâche à satisfaire les besoins des 65 % de Sénégalais qui l’ont élu sur la base de son programme « Yoonou yokkuté » fondu maintenant dans le Plan Sénégal Emergent adoubé par les bailleurs de fonds au Groupe Consultatif de Paris, ou il pense que la pourriture qui le rejoint après avoir été balayée par les électeurs, pourra lui assurer sa réélection en 2017. Car entre la majorité des Sénégalais et ces hommes et femmes qui sont de tous les régimes, c’est cohabitation impossible !

A preuve par Wade qui avait cru qu’avec ces soi-disant porteurs de voix, son troisième mandat était dans sa poche. Si tous ces transhumants avaient pu quelque chose, ils l’auraient fait pour le prédécesseur de l’actuel président de la République. Car en réalité, au Sénégal, et c’est sans doute un truisme de le dire, c’est le peuple, c’est-à-dire la majorité silencieuse qui vote. Cette majorité silencieuse faite d’hommes et de femmes, de jeunes gens surtout, qui ne militent dans aucun parti politique, ne participent à aucune manifestation de rue, n’obéissent à aucune consigne de vote d’un marabout et qui attendent le jour des élections pour glisser leur bulletin dans l’urne avant de retourner tranquillement chez eux attendre la proclamation des résultats.

Et cette majorité qui fait la différence le jour des élections, nul transhumant n’ose lui dire pour qui voter. Ce sont ces centaines de milliers, voire ces millions, de Sénégalais que le président de la République doit s’atteler à convaincre par ses résultats, par sa capacité à mettre le pays au travail, à traiter tous les citoyens de ce pays de façon équitable, à rendre la justice pour tous, à améliorer leurs conditions de vie, l’éducation de leurs enfants, à créer des emplois, à construire des infrastructures, à attirer des investisseurs et à s’éloigner un peu de la politique politicienne.

Au lieu de quoi, plutôt de transformer positivement la vie des Sénégalais, ceux qui l’ont élu comme ceux qui ont voté contre lui, voilà que le jeune président de la République né en 1961, après l’indépendance donc et plébiscité par plus de 65 % des voix se retrouve à recycler des pourritures politiques comme le feraient les « Boudjoumanes » de Mbeubeuss des ordures qui y sont déversées quotidiennement. Plus dure sera la chute, s’il ne change pas de politique, en 2017. De ce point de vue, la débâcle des socialistes français aux élections locales de ces derniers jours devrait assurément le faire réfléchir… Il est encore temps de redresser le cap avant qu’il ne soit trop tard, Monsieur le président de la République !

Par Mamadou Oumar NDIAYE

Le Temoin

3 COMMENTAIRES
  • vigilance

    COMME D’HABITUDE L’ANALYSE EST RIGOUREUSE , PARTANT INCONTESTABLE. M.O.N FUSTIGE LES OLIGARCHIES QUI SE PARTAGENT LE POUVOIR DEPUIS PLUS DE CINQUANTE ANS ET QUI , MALHEUREUSEMENT ,ONT FAIT PERDRE A NOTRE CHER PAYS LA PLACE PRIVILEGIEE QU’IL AVAIT AVANT LES INDEPENDANCES ET QUELLE TENAIT DE LA QUALITE DE SES ÉLITES ET DU GÉNIE DE SON PEUPLE . AUJOURDHUI SI LE SENEGAL AVAIT MAINTENU LE MÊME ÉLAN , ON AVAIT LA CAPACITE , EN PRIVILEGIANT L’AGRICULTURE( DIA ) ET EN MAITRISANT SCIENTIFIQUEMENT L’EDUCATION DE FAIRE DE NOTRE PAYS , UN PAYS ÉMERGEANT. ..MAIS CELA NE POUVAIT SE RÉALISER QUE DANS UN CLIMAT DE RIGUEUR DEMOCRATIQUE DE BON ALOI ET D’UN RESPECT DU PEUPLE ET DE LARGENT PUBLIC….TOUT EN MODERNISANT DEFINITIVEMENT L’ÉTAT MAIS EN BRIDANT LE SECTEUR INFORMEL SOURCE DE PAGAILLE POUR NE PAS DIRE D’ANARCHIE.MALHEUREUSEMENT NI SENGHOR , NI DIOUF, NI WADE N’ONT ÉTÉ À LA HAUTEUR DES ESPOIRS DU PEUPLE..MACKY EST ARRIVÉ À UN MOMENT OU LE PEUPLE COMMENCAIT A DESESPERER DE LA POLITIQUE. .IL A REPRESENTE LESPOIR DE MILLIONS DE SENEGALAIS ET CE SERAIT TERRIBLE , POUR LE PAYS S’IL VENAIT A ÉCHOUER EMPORTE PAR LES AFFRES DU CLANISME ,DE LA POLITIQUE POLITICIENNE PONCTUEE PAR LA TRANHUMANCE POLITIQUE DE CEUX QUI RETOURNENT LEURS VESTES ET QUI FINIRONT PAR RETOURNER » LEURS PANTALONS. »BEAUCOUP ATTENDENT UN SURSAUT DE MACKY POUR RELANCER LEXECUTIF ET MIEUX MONTRER L’EXEMPLE ET POUSSER LES POPULATIONS AU TRAVAIL. ..ET PUIS ARRÊTER CETTE INEPTIE DE TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS……

  • vigilance

    La traque des biens mal acquis est responsable en partie , aujourd’hui, du retard du programme de gouvernement de Macky ..on a passé une grande partie de cette période à épiloguer sur les procédures et à présenter au sénégalais des chiffres faramineux qui frisent le ridicule. .on a reproché à Karim d’avoir volé un peu moins de la moitié du budget de l’état (1000 milliards)..et ce chiffre faramineux dans la nébuleuse de la procédure et des enquêtes semble avoir fait pssssssit , comme un ballon de baudruche…La justice peine , visiblement a présenter des preuves tangibles et des résultats probants de la traque. .et puis Karim va de plus en plus prendre l’opinion publique nationale et la communauté internationale à témoin, dénonçant un procès politique. ..Karim va tirer une légitimité incontestable de son incarcération et des contradictions de la procédure. ..Les sénégalais n’aiment pas l’injustice et cela lui ressemble chaque jour davantage. ..Macky n’a rien à gagner de ce qui ressemble à un harcèlement et que certains considèrent comme une vengeance. ..KARIM PRESENTANT DES GARANTIES SOLIDES , IL DEVRAIT BÉNÉFICIER D’UNE LIBERTE PROVISOIRE. ET QUE SI PROCES IL DOIT Y AVOIR QU’IL INTERVIENNE RAPIDEMENT ..ET SI DES PREUVES DU VOL DES DENIERS PUBLICS N’EXISTENT PAS, QUON LUI RENDE SA LIBERTE

  • bravo

    bravo pour votre analyse juste…Je sais qui vous êtes vigilance .Le journal le dimanche , bien sûr. ..et l’article déjà de mr ndiaye  » sans la presse le pouvoir aurait réduit le peuple en esclavage « je cite de mémoire. .encore une fois 2 analyses pertinentes..

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