Dans l’administration sénégalaise, dans la dimension rationalisation des dépenses de l’Etat, il est en train de se passer une révolution bien positive qui risque de passer inaperçue.
Cela a commencé en Septembre 2019 avec le téléphone. Tous les ayants droits ont vu leur ligne coupée et charge à eux maintenant de s’abonner directement auprès de l’opérateur de leur choix. Cette mesure a permis à l’Etat du Sénégal d’économiser près de 30 milliards.
Les bénéficiaires des lignes téléphoniques à la charge de l’Etat ne s’épanchent plus au téléphone depuis l’entrée en vigueur de ladite mesure. On est plus regardant quand c’est nous qui payons les unités.
Les téléphones qui étaient jadis considérés comme « une cabine téléphonique » par la famille et les proches ne traînent plus dans la maison.
Aujourd’hui, c’est au tour des véhicules administratifs pour lesquels le Président Macky Sall a entamé une réforme sur les modalités d’acquisition et de gestion. L’objectif est de réduire les dépenses liées à l’acquisition, l’utilisation, la réparation et l’entretien de ces véhicules ; Ceci à travers le décret 2012-03 du 06 janvier 2021.
Avec l’entrée en vigueur de cette mesure, tous les Sénégalais devraient applaudir des deux mains et soutenir cette décision. Nous avons tous constaté que beaucoup de responsables dans l’administration (ministres, directeurs, chefs de service, chefs de projet…) peuvent se retrouver avec deux ou trois véhicule voire plus en leur possession : une ou deux pour eux, une pour madame et une pour les enfants. Ce qui est vraiment trop pour l’Etat qui doit acheter le carburant et payer l’entretien de ces voitures.
Dans notre pays, il y a même une confusion réelle entre voiture de fonction et véhicule de service. La première est utilisable hors des heures de travail, dans un cadre privé, tandis que l’autre est réservé exclusivement aux déplacements professionnels. Aujourd’hui, on les confond partout dans l’administration. Les voitures de l’administration peuvent être rencontrées jusque devant des boites de nuit et c’est inadmissible ! Dans certaines structures, le responsable peut à lui seul avoir à sa disposition trois véhicules et laisser ses collaborateurs trimer dans les transports en commun pour aller à des réunions ou des rencontres professionnelles nécessitant leur présence. Rares sont aujourd’hui les services de l’Etat où le comptable gère le parc automobile et la dotation en carburant. Tout est entre les mains du chef.
Le véhicule de service, rappelons-le, est mis à la disposition d’un salarié que pour une utilisation professionnelle. La voiture ne peut par conséquent pas être utilisée au-delà des heures de travail ainsi que pour des déplacements n’ayant aucun rapport direct avec une mission confiée au collaborateur. Il doit par conséquent être rendu à la fin de la journée de bureau ou au retour de toute sortie, et ne peut être conduit par le salarié durant les week-ends ou les congés.
Tout juste avant les années 2000, le gouverneur qui était à Tambacounda était très regardant sur cela en faisant garer tous les véhicules de service après dix heures et les week-ends ends. Ce qui avait soulevé en son temps l’ire de nombreux chefs de service.
Quant aux voitures de fonction, elles sont attribuées à certains cadres de l’administration pour valoriser leur « statut ».
Sauf indication contraire de l’Etat, le bénéficiaire d’un véhicule de fonction est autorisé à s’en servir pour des trajets privés durant les jours de travail, mais également durant les week-ends, les congés, les arrêts maladie.
Normalement, une voiture de fonction devient un élément de la rémunération du salarié au titre d’un avantage en nature. A ce titre, il doit même être inscrit sur le bulletin de paie.
C’est ce qu’a bien compris le Chef de l’Etat en supprimant la catégorie des véhicules pour nécessité de service et leur remplacement par une indemnité forfaitaire globale, nette d’impôts, attribuée à une liste très réduite d’ayants droit qui vont se charger eux même de l’entretien et de la réparation entre autres. Tous les véhicules détenus en surplus seront restitués et chacun mettra la main à la poche pour payer son carburant. Fini les « veux tu du carburant ? En voici, en voilà » et les échanges de tickets contre des espèces sonnantes dans certaines stations.
L’Etat compte aussi avec cette réforme d’alléger les différents marchés de l’Etat par des procédures spécifiques de réforme et de cession des véhicules. L’agent qui conduira son propre véhicule sera plus enclin à s’occuper de son entretien et évitera dorénavant de sauter les rendez-vous pour le vidange.
Cette mesure permettra à l’Etat, comme pour le téléphone, d’économiser plusieurs milliards de francs CFA au nom du contribuable sénégalais. Cette manne financière permettra de soutenir notre économie surtout dans la période post-Covid.
Aujourd’hui, l’Etat doit continuer la réflexion et aller jusqu’à rapatrier ou réformer les nombreux véhicules garés dans ses structures surtout à l’intérieur du pays. Combien de voitures sont en train de pourrir dans la cour de certains services étatiques alors que les pannes sont bien mineures (panne du moteur, défaut de la boite à vitesse, défaillance de la batterie…) ? Quand un véhicule tombe en panne, on se fait octroyer un autre pour oublier le premier qui devient une épave. Ces voitures doivent être identifiées, mises en vente ou réintroduites dans le circuit.
Dans l’administration, chacun veut une voiture neuve et robuste. Ce qui est impossible et nous devons tous soutenir le Chef de l’Etat dans ces réformes visant à réduire les dépenses publiques allant dans ce sens.
Souleymane Ly
une rèflexion pertinente, le President doit etre entourer de personne capable de lui donner des idees de cette trampe.