1. Situation politique : un espoir de rupture en déclin
Le Sénégal traverse un tournant important de son histoire politique. L’arrivée de Bassirou Diomaye Faye à la tête de l’État a été perçue comme un symbole fort de renouveau. L’espoir d’une rupture avec les pratiques anciennes a galvanisé une partie importante du peuple, notamment la jeunesse. Cette rupture devait, avant tout, passer par une réduction drastique du train de vie de l’État. Pourtant, après plus de 15 mois de gouvernance, rien n’a changé sur ce plan.
Il est aujourd’hui profondément décevant de constater que les hauts dignitaires de l’État sénégalais continuent de mener un train de vie bien supérieur à celui de leurs homologues dans des pays industrialisés comme l’Allemagne, alors même que le Sénégal fait partie des pays les plus pauvres du monde. Le peuple sénégalais a sanctionné l’ancien régime pour ses dérives ; revoir ces mêmes pratiques aujourd’hui est une trahison morale.
Pire encore, les débats politiques sont devenus stériles, marqués par des invectives constantes entre les partisans du pouvoir (Pastef) et ceux de l’ancien régime (APR et alliés, souvent appelés « kulunas politiques »). Au lieu de se concentrer sur leurs responsabilités, de nombreux dirigeants se livrent à des commentaires inutiles sur les réseaux sociaux, désertant le terrain du travail et des résultats.
Après presque quatre années de tensions politiques, il n’y a pas d’échéance électorale avant 2027. Il est donc impératif de mettre la politique de côté et de se concentrer sur la relance économique, sociale et structurelle du pays.
2. Crise économique : une urgence ignorée
La situation économique du Sénégal est difficile. L’inflation, le coût de la vie, le chômage… tout converge vers une crise profonde. Pourtant, malgré cela, les élites continuent de mener une vie confortable, insensible à la réalité du peuple. C’est comme si un père de famille mangeait à sa faim tous les jours tout en demandant à ses enfants de jeûner.
Il est inadmissible que dans un contexte aussi tendu, aucune réforme économique ambitieuse ne soit mise en œuvre. Le retour des investisseurs sénégalais de la diaspora pourrait représenter une solution partielle. Mais encore faut-il leur offrir des conditions d’investissement sérieuses, avec des garanties fiscales, une sécurité juridique et un accompagnement administratif.
En parallèle, la consommation locale devrait être davantage valorisée. Aider les agriculteurs et les producteurs sénégalais à accéder à plus de terres cultivables à des conditions favorables aurait un effet direct sur la sécurité alimentaire et sur la création d’emplois. Cela suppose une réforme agraire ambitieuse, accompagnée d’investissements publics massifs et d’un véritable encadrement technique et financier. Le Sénégal ne pourra jamais se relever sans une vraie politique de souveraineté économique et de valorisation des ressources nationales.
3. Emploi et jeunesse : une bombe à retardement
L’un des plus grands échecs du Sénégal contemporain reste sa politique de l’emploi. Depuis la fin de l’ère du Parti Socialiste dans les années 1980, de nombreuses industries nationales ont été fermées : Industries chimiques du Sénégal (ICS), SONACOS, SOTIBA, MIFERSO, la société des phosphates de Taïba, SENELEC (en partie privatisée), Transrail, etc. Ce démantèlement industriel a été accéléré par l’absence de vision et par des politiques dictées par les institutions financières internationales, sans prise en compte de notre tissu économique local.
Aujourd’hui, le Sénégal forme chaque année plus de 100 000 jeunes diplômés (avec des Masters ou Bac+3), que le secteur public ne peut pas absorber. Le secteur privé, quant à lui, est largement dominé par les banques et quelques grandes industries. Résultat : des milliers de jeunes se retrouvent sans emploi, livrés à eux-mêmes, parfois poussés à l’exil ou à la délinquance.
Le Sénégal compte plus de 800 000 de ses enfants à l’étranger. Parmi eux, au moins 500 000 envoient de l’argent à leurs familles une à trois fois par mois, via des services de transfert qui prélèvent entre 1,49€ et 5€ par opération. C’est un manque à gagner énorme pour notre économie.
Pourquoi l’État n’a-t-il jamais pensé à créer une plateforme nationale de transfert d’argent avec une banque publique, capable d’absorber ces flux ? Une telle solution aurait permis non seulement de réduire les frais pour les familles, mais aussi de récupérer des milliards de FCFA qui pourraient être réinjectés dans l’économie nationale. Cet argent, bien géré, aurait pu créer des milliers d’emplois directs et indirects.
L’absence d’emplois et d’encadrement pousse les jeunes dans la débauche, l’oisiveté, et parfois la criminalité. Le Sénégal est assis sur une bombe sociale.
4. Sécurité : une dégradation silencieuse
Ces dernières années, l’insécurité est devenue un problème majeur au Sénégal. Les agressions à l’arme blanche, les cambriolages, les gangs de jeunes appelés « smols »… tout cela s’intensifie. De janvier à juillet, au moins cinq cas graves ont été signalés rien que dans la presse. Ce phénomène, encore minoré, mérite pourtant une réponse d’ampleur nationale.
Ces jeunes, souvent très jeunes, n’ont pas besoin de prison mais de rééducation. Il faut réformer notre système de prévention de la délinquance, renforcer les programmes éducatifs, créer des centres de réhabilitation et impliquer les familles, les écoles, les mosquées et les associations.
La sécurité publique doit être placée au cœur des priorités nationales. La situation actuelle est trop fragile pour être ignorée.
5. Justice et libertés publiques : entre intégrité et pression politique
Le Sénégal dispose d’hommes et de femmes de justice intègres. Mais il est aussi vrai que des dérives sont parfois observées. Le système judiciaire a besoin d’être réformé : il faut plus de magistrats, mieux formés, mieux payés, plus indépendants.
Il est urgent d’humaniser les conditions de détention. Un stage carcéral d’un mois pour les nouveaux magistrats pourrait leur permettre de comprendre la réalité des prisons et d’adopter une justice plus humaine.
Une démocratie ne peut pas exister sans une justice forte et respectée. Mais attention : avoir une justice indépendante ne signifie pas insulter les institutions. Aujourd’hui, certains jugent la justice uniquement par rapport à la présence ou non en prison de certaines personnalités. Ce n’est pas la bonne grille de lecture. La prison ne doit pas être utilisée comme un outil de vengeance politique. Toute personne ayant commis des erreurs doit être jugée et, le cas échéant, condamnée. Mais cela doit se faire dans le respect de la procédure, sans pression politique, ni émotion publique.
Conclusion : l’heure n’est plus aux palabres, mais au travail
Le Sénégal a aujourd’hui un besoin urgent de cohésion sociale et de stabilité. Comme l’a rappelé le chef de l’État, le pays ne pourra avancer que si chacun joue sa partition avec responsabilité. La politique ne doit plus être un champ de bataille permanent. Il est temps de tourner la page des discours, des invectives, des règlements de comptes… pour enfin nous consacrer à la seule chose qui compte : bâtir un Sénégal plus juste, plus fort et plus solidaire.
L’heure n’est plus aux promesses. L’heure est au travail.
Amadou issa dit Noirot Ndiaye
Senior Supply Chain Manager
President Mouvement AND LEEGEYAL KAOLACK M.A.L.K
soula fi boy pastef yi feké. mais tu as raison
Très clair. Le Sénégal a besoin de personnes qui s’expriment, de diversité d’opinions et de points de vue pertinents.
0.2% vous vouliez dire ?
Un autre illuminé.
Occupez vous d’abord de Kaolack qui est la ville la plus sale du monde.
La guerre des politiciens est loin de s estomper. Ils ne font même pas 20% de la population et polluent l atmosphère