Fête indépendance : Pourquoi dit-on que c’est la fête de l’armée, alors que… ?

D’un point de vue européen, la décolonisation est généralement perçue comme « la dissolution des empires européens dans certains continents comme l’Afrique ».

La fin de cette colonisation s’est faite en deux manières : Violente et pacifique. Dans beaucoup de pays, les populations, l’armée a du faire face au colon pour l’obliger à quitter la colonie en faisant appel à la violence, à la lutte armée. Ce fut le cas en Algérie : La guerre d’Algérie se déroule de 1954 à 1962 et débouche sur l’indépendance de l’Algérie ( qui fut une colonie française de 1832 à 1848, puis une partie intégrante du territoire de la République ).

Cette guerre oppose l’armée française à un groupe révolutionnaire. Ce conflit se double d’une guerre civile donnant lieu à des vagues successives d’attentats, assassinats et massacres en France comme en Algérie.

Côté algérien, elle se traduit par une lutte de pouvoir qui se conclue par la victoire du FLN sur les autres partis algériens et par une campagne de répression contre les harkis qui soutiennent le rattachement de l’Algérie à la République française…

Le conflit s’est inscrit dans le cadre du processus de décolonisation qui se déroule après la fin de la Seconde Guerre mondiale : L’armée algérien y jouera un grand rôle. Ce fut le cas, en Guinée Bissau, en Angola et en Mozambique .

Par contre, certains pays, tel que le Sénégal, l’indépendance n’a revêtu aucune forme de violence car elle sera obtenue des suites d’intense négociations avec le pays colonisateur même nul ne peut occulter les révoltes sociales conduites par certains figures emblématiques dont nous citerons les noms.

1. La loi – cadre ou l’autonomie (1956-1957)

A partir de 1956, le processus de décolonisation s’accélère au Sénégal. En plus des facteurs politiques internes comme le grand succès aux élections législatives de 1956 des partis africains comme le BDS et le RDA, la démarcation des syndicats africains de ceux de la métropole ; sur le plan international, la situation était très favorable : les guerres de libérations d’Indochine (bataille de Dien Bien Phu de 1953-1954) et d’Algérie, l’indépendance du Maroc et de la Tunisie se conjuguent avec les effets de la conférence de Bandoeng de 1955 pour encourager les africains dans leur lutte contre le système colonial.

Pour ne être pris de cours par les événements le Ministre de la France d’Outre-Mer (FOM) Gaston Defferre décide d’agir. Il élabore avec le Ministre délégué Houphouët Boigny, la loi cadre qui sera votée le 23 juin 1956. Etape décisive dans la voie de l’indépendance, la loi cadre instaure le suffrage universel et donne à chaque territoire une assemblée territoriale qui vote les lois exécutoires sur des questions strictement locales ; un conseil de gouvernement émanent de l’assemblée territoriale chargé de conduire les affaires du pays.

On assiste à une évolution de fait vers le « self government » anglais c’est-à-dire l’autonomie. Pour les leaders africains c’est un pas décisif vers l’indépendance. Cependant tous n’étaient pas enthousiastes car si certains comme Houphouët Boigny sont favorables au renforcement de l’autonomie de chaque pays car la Côte D’Ivoire refuse d’être la « vache de lait de Dakar », d’autres comme Léopold Sédar Senghor, opposé à la balkanisation estimaient à juste raison, le renforcement des fédérations comme l’AOF et l’AEF pour en faire deux Etats.

C’est ainsi qu’au Sénégal c’est le BPS (né de la fusion du BDS de Senghor avec l’UDS de Thierno Ba et le MAC d’Assane Seck), vainqueur des élections de Mars 1957 contre le PSAS de Lamine Guèye, qui constitue l’ossature du premier conseil. Celui-ci a pour président le gouverneur de l’AOF et pour vice-président Mamadou Dia. Pour lutter contre la Balkanisation de l’AOF, conséquence de l’application de la loi-cadre, Senghor fonde la Convention Africaine (C.A) et Lamine Guèye, le Mouvement Socialiste (MSA) au moment où à Thiès se crée le premier parti Communiste Sénégalais du pharmacien Mahjmout Diop : Jusqu’à présent qu’est l’armée a fait dans tout cela

Le processus de décolonisation allait connaître une accélération grâce à l’action militante de l’UPS (né de la fusion du BPS et du PSAS), des syndicalistes de l’UGTAN sous la direction de Sékou Touré, des étudiants mais aussi à la nouvelle politique coloniale de Charles De Gaulle revenir au pouvoir à la suite des événements d’Alger du 13 Mai 1958 et décidé de « dégager la France des astreintes…que lui imposait son empire ».

Il conçoit les rapports entre la France et ses territoires comme une association simple pouvant déboucher sur l’indépendance. Le comité interministériel composé de Michel Debré, Guy Molet et Houphouët Boigny chargé de rédiger l’avant projet veut imposer un fédéralisme limité. Mais le comité constitutionnel consultatif composé de Léopold Senghor, Lamine Guèye et du Malgache Tsiranana rejette cet avant projet et adopte le terme de communauté.

Au dernier moment, De Gaulle lance le dilemme : acceptation d’une Communauté sous le mode fédéral en votant OUI au référendum ou sécession en votant NON. Il entreprend un long pèlerinage africain pour convaincre les électeurs de la nécessité de voter OUI. Il est partout bien accueilli sauf en Conakry et à Dakar où le 26 Août 1958 devant les porteurs de Pancartes il déclare « Nous ne contraignons personne, nous demandons qu’on nous dise oui ou qu’on nous dise non, nous en tirerons les conséquences »

La Nouvelle Constitution de 1958 crée alors une Communauté entre la France et les territoires autonomes d’Afrique. Soumise au référendum en Septembre 1958, elle entraîne au Sénégal l’éclatement de l’UPS entre les partisans du NON c’est-à-dire les indépendantistes comme Abdoulaye LY, Assane Seck, Amadou Mactar Mbow fondent la section Sénégalaise du Parti Africain du Regroupement (PRA) et les partisans du OUI (Senghor, Mamadou Dia)

Le 28 Septembre 1958 le Oui l’emporte avec 97,6% des voix contre 2,4% des voix pour le NON (PRA, PAI). Le Sénégal entre dans la Communauté. Celle-ci a pour président, le chef de la république française et soin conseil exécutif comprend les chefs de gouvernements des Etats et les Ministres français chargés des affaires communes (politique étrangère, défense, monnaie, l’économie et les finances) ; le Sénat a un rôle consultatif et comprend 186 français et 98 délégués des Etats.

Mamadou Dia devient le Premier Ministre de la République du Sénégal instituée le 25 Novembre 1958. Mais cette constitution qui est le dernier sursaut de la politique d’assimilation maintient la prépondérance Métropole. Très vite elle va évoluer et son article 78 pourvoyait d’ailleurs la transformation totale du statut.

3. L’éclatement de la fédération du Mali et l’Indépendance (1959-1960)

En Janvier 1959, le Sénégal et le Soudan créent la fédération du Mali dont Dakar devient la capitale. Modibo Keïta est le président, Mamadou Dia le vice-président et Senghor le président de l’assemblée fédérale. En décembre 1959, le Mali demande l’indépendance conformément à l’article 81 de la constitution de 1958 et l’obtient. Le 4 Avril 1960 sont signés les accords de transfert du pouvoir à la fédération du Mali. Le 19 juin 1960 à 0H, la fédération du Mali devient indépendante ; des accords de coopération avec la France sont signés.

Mais deux mois après l’indépendance des divergences entraînent l’éclatement de la fédération du Mali. En effet des différences de conception du pouvoir entre Senghor et Modibo Keïta, le problème de la répartition des postes clés et surtout le refus par Modibo Keïta de la candidature de Senghor à la présidence de la fédération expliquent le coup d’Etat de Modibo Keïta le 19 Août 1960.

C’est l’échec puis le retrait du Sénégal de la fédération le 20 Août. La république du Sénégal change alors de constitution, de drapeau, d’hymne, choisit Senghor comme Président, Mamadou Dia comme Premier Ministre et Lamine Guèye comme Président de l’Assemblée Nationale et adhère à l’ONU. Qu’est ce que l’armée a toujours fait dans tout cela ?

En définitive, la décolonisation du Sénégal, faite dans le cadre de l’AOF était aussi un combat (des civils) contre l’assimilation. Conscient des aspirations des peuples africains, De Gaulle accélère la marche à l’indépendance. Ainsi au cours de la même année 1960, la plupart des anciens territoires de l’Empire français accèdent à l’indépendance. Le Sénégal tournait la page sur plusieurs siècles d’histoire où la France était présente.

Par conséquent il est aujourd’hui incompréhensible que la fête d’indépendance du Sénégal soit attribué aux forces armées alors qu’en aucun moment, pour aucune date, l’histoire du Sénégal, dans son processus de libération du joute colonial, l’on ne rencontre des dates phares assimilable à une action militaire. L’indépendance si elle est fêtée aujourd’hui, elle doit l’être au nom du peuple, du citoyen et des acteurs politique. L’on se souviendra de Abdoulaye LY, Assane Seck, Amadou Mactar Mbow, Léopold Sédar Senghor, Lamine Guèye, les porteurs de Pancartes entre autres civils.

4 commentaires

  1. citoyen lucide

    Même si l’armée n’a pas joué un rôle dans notre indépendance, elle a été indispensable pour la garder, alors arrêtons ces discours qui ne profitent nullement à la nation et mettons nous au travail.

  2. L’armee ne fait rien sur l’independance .si nous avons l’independance c’eat grace aux citoyens comme valdiodio ndiaye

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