FSF : L’heure du consensus a sonné ! Par Abdoulaye THIAM*

Imaginons un comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football (FSF) au sein duquel siègent Louis Lamotte, Mbaye Diouf Dia, Mady Touré, Saer Seck, Cheikh Seck, Amadou Kane, Me Augustin Senghor, Abdoulaye Saïdou Sow, Djibril Wade,…

Nous pouvons le faire parce qu’il est loin de relever des douze travaux d’Hercule. Il suffit qu’on taise pour une fois nos querelles et/ou autres rancoeurs pour y arriver. Le football sénégalais qui est à la croisée des chemins, en a d’ailleurs besoin pour qu’on puisse toucher enfin le graal après plusieurs symphonies inachevées depuis 1965. Cette récompense suprême qui pourrait arriver au soir de 6 février 2022 au stade Amadou Ahidjo de Yaoundé, vous nous le devez.

Pour atteindre cet objectif suprême derrière lequel, tout un peuple court depuis 56 ans pour 15 phases finales (1965, 1968, 1986, 1990, 1992, 1994, 2000, 2002, 2004, 2006, 2008, 2012, 2015, 2017, 2019), le football sénégalais a besoin de sérénité et surtout d’unité. Une telle unité est possible d’autant plus que ce unit les adversaires est plus fort que ce qui les divise.
Le plus important à notre avis, ce n’est pas le poste de Président de la Fédération sénégalaise de football, mais c’est que chacun puisse y mettre du sien selon ses compétences et son savoir-faire.
Le plus important, ce n’est pas non plus les différentes autres stations à occuper dans l’attelage de la Fédération sénégalaise de football. Si les acteurs ne sont animés que par une seule volonté : servir le football sénégalais et non se servir, alors convenez-en avec nous qu’il y aura de la place pour tout le monde. Inutile de se bousculer au portillon.

Consolider les acquis

Le football sénégalais n’a pas été créé en 2000. Il ne s’arrêtera pas en 2021. Il a existé bien avant l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Il nous a fait vivre plusieurs émotions. De bonnes, de moins bonnes et de mauvaises. De la cooptation qui avait le mérite d’envoyer des personnes ressources pétries de compétences au sein de l’instance fédérale ; au suffrage universel direct avec ses avantages (stabilité par exemple) et ses impairs (six vice-présidents qui s’imposent d’office au président de la Fsf). Ce, après la première expérimentation par la Fifa d’un Comité de normalisation (CNF) présidé par Mamadou Diagna Ndiaye. Ainsi depuis 2009, le Sénégal dispose d’une Fédération dont les membres sont choisis par la population du football. Exceptés les douloureux événements d’octobre 2012, à la suite desquels, la sélection nationale a été condamnée à l’errance (matches à domicile joués à Marrakech, à Conakry et à Casablanca), l’équipe fédérale assure l’essentiel. Les centres Jules François Bocandé et Guereo permettent aujourd’hui à nos sélections de rentrer en regroupement sans bourse délier. Ce qui a certainement favorisé une présence plus ou moins régulière de nos sélections des petites catégories dans les compétitions U-17, U-20. Aussi bien au niveau continental qu’international. La sélection A trône sur le toit de l’Afrique puis plus de deux ans avec un retour à la coupe du monde en 2018, après 16 ans d’absence. La même performance sera aussi notée avec une finale à la CAN 2019 mais perdue face à l’ogre algérien. Même le football féminin n’est pas en reste avec une première qualification dans une phase finale de Coupe d’Afrique en 2012. Last but not least, la Fifa a pris la décision de réhabiliter le temple du football sénégalais : le stade Demba Diop. Pendant ce temps, l’Etat, en plus du «Stade du Sénégal» de 50.000 places dont l’inauguration est prévue en 2022, envisage aussi de réhabiliter le stade Léopold Sédar Senghor, mais aussi ceux établis dans les régions. On peut donc penser que le Sénégal pourrait rattraper son retard et devenir même un hub sportif ; et que le but victorieux n’est plus loin.

Senghor 1er vice-président de la CAF

Parti pour briguer la présidence de la Conférence africaine de football (CAF), Me Augustin Senghor devrait se contenter du poste de numéro 2, suite au protocole de Rabat. Cette position semble changer totalement la donne quant à ses ambitions au niveau de l’instance fédérale qu’il a promis de quitter. La parole donnée a une valeur. Mais convenons-en toute de suite : la probité intellectuelle et morale de Senghor ne peut souffrir d’aucune ambiguïté. D’ici ou d’ailleurs. L’homme force même le respect. Toutefois, il reste un mortel et très loin d’être indispensable encore moins irremplaçable. Ce serait insulter l’intelligence des Sénégalais que de considérer «qu’après Senghor, c’est le désert». Ce n’est pas là où gît le problème. Le risque c’est plutôt de le voir «fragilisé» au sein d’un Comité exécutif de la CAF où la plupart des membres élus y siègent en tant que président de leur Fédération nationale. «Kou amoul werou waay, bougn la boumakhé nga danou», dit-t-on en langue nationale wolof (sans appui, tu risques de tomber quand on te bouscule). D’ailleurs, c’est l’argument défendu pour les pro-Senghor.
Mieux à quelques semaines du premier match des Lions pour les éliminatoires pour la coupe du monde Qatar 2022 face aux Eperviers du Togo le 5 juin prochain, suivi d’un déplacement, une semaine plus tard à Brazzaville, les acteurs du football sénégalais gagneraient à trouver un consensus fort allant dans le sens d’élargir le Comité exécutif qui n’est actuellement composé que de 23 membres, au lieu de rentrer dans une campagne électorale où ils risqueraient d’y laisser des plumes.
Alors, il leur appartient de nous montrer qu’impossible n’est pas Sénégalais. Une vingtaine de stars américaines les unes plus capricieuses que les autres ont pourtant réalisé la plus belle chanson caritative «We are the world» en 1985. Un vrai chef d’œuvre avec Lionel Richie, Micheal Jackson, Stevie Wonder, Bruce Springsteen, Bob Dylan, Ray Charles, Michael McDonald, Cyndi Lauper entre autres. Inspirez vous d’eux.
(*Sud Quotidien)

1 COMMENTAIRE
  • Mamadou

    Monsieur Thiam, ton article illustre parfaitement le mal sénégalais. Tu nous parles de masla, de stabilité de consensus. Le Sénégal a besoin de compétition pour pouvoir avancer. Le meilleur qui sort de cette compétition doit diriger. Il faut que vous sortiez un peu du pays pour nettoyer votre façon de voir les choses.

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