Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) suite à des propos tenus sur BFMTV lundi. Un intervenant a qualifié la langue arabe de « langue musulmane », voire « islamiste ».
Dans un communiqué, Chems-Eddine Hafiz condamne « avec la plus grande fermeté » ces propos, qu’il juge d’une « gravité extrême ». Il estime qu’ils « réduisent, devant des millions de téléspectateurs, tout un univers culturel et linguistique à une menace supposée ». « Ce type d’amalgame installe dans l’opinion l’idée fausse et dangereuse que ce qui touche à l’islam relèverait d’un problème sécuritaire », poursuit le communiqué. Selon lui, « c’est ainsi que la musulmanophobie se banalise, et qu’elle finit par frapper indistinctement les Français de confession musulmane, y compris les non-pratiquants ».
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris souligne que « dans un contexte de forte hausse des actes antimusulmans, entendre de tels propos sur une chaîne nationale en prime time est un signal catastrophique ». Il dénonce le fait que « les médias, au lieu d’éclairer, deviennent alors vecteurs de haine et de stigmatisation ». Qualifiant ces propos de « faute professionnelle et morale », la Grande Mosquée de Paris saisit donc l’Arcom « pour que cette dérive ne reste pas sans conséquence ». Elle rappelle que « la liberté d’expression protège le droit de critiquer une religion, mais jamais celui de cibler, d’humilier ou de discriminer des personnes pour leur foi ». Chems-Eddine Hafiz conclut en affirmant que « la lutte contre la musulmanophobie n’est ni une revendication communautaire, ni un débat partisan : elle est un devoir républicain ». Il appelle la République à « protéger tous ses enfants, Français de confession musulmane, y compris les non-pratiquants, contre la stigmatisation médiatique et politique qui les vise ». D’après l’agence Anadolu, l’économiste Jean-Marc Sylvestre est l’auteur de ces propos. Il aurait affirmé sur BFMTV que le groupe Renault, procédait à une époque à des campagnes de recrutement « en trois langues » dont « la langue musulmane, islamiste ».