France : Éric Dupond-Moretti, l’ancien avocat du roi du Maroc, face à la justice
Le ministre de la Justice français, Éric Dupond-Moretti, est jugé devant la Cour de justice de la République (CJR) en ce 6 novembre 2023. Cette situation historique marque la première fois qu’un ministre en exercice est jugé devant cette instance. Dupond-Moretti, qui fut avocat du roi Mohammed VI et du Maroc, risque cinq ans de prison et une amende de 500 000 euros.
La carrière d’Éric Dupond-Moretti en tant qu’avocat est marquée par des clients de prestige, dont la famille royale marocaine. Il a défendu à plusieurs reprises le roi Mohammed VI, Lalla Salma et d’autres personnes proches du cercle royal, comme Saad Lamjarred, le chanteur marocain inculpé pour viol.
Le ministre est accusé de prise illégale d’intérêts. Il aurait, en tant que ministre, engagé des poursuites disciplinaires contre trois magistrats du Parquet national financier (PNF), qu’il avait critiqués lorsqu’il était avocat. Ces faits remontent à septembre 2020, alors qu’il défendait Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bismuth et critiquait ouvertement le PNF pour ses méthodes d’enquête.
Les syndicats de magistrats, quant à eux, estiment que Dupond-Moretti aurait profité de sa position de ministre pour régler des comptes avec ces magistrats. L’enquête de la CJR a confirmé ces accusations, établissant que Dupond-Moretti avait pris la décision de poursuivre les magistrats du PNF dès le 15 septembre 2020, alors qu’il était encore avocat de Nicolas Sarkozy.
Le procès, qui a commencé le 6 novembre 2023, devrait durer plusieurs semaines. En cas de condamnation pour prise illégale d’intérêts, Dupond-Moretti risque une peine de prison de cinq ans et une amende de 500 000 euros.
Enfin, en tant qu’avocat du Maroc, Dupond-Moretti est intervenu à plusieurs reprises pour protéger la vie privée du couple royal. Il a également été l’intermédiaire entre la presse people et le palais pour des rectifications à la suite de publications d’informations sur les tensions dans le couple royal, informations provenant généralement du site afrik.com.
L’actuel garde des Sceaux comparaît à partir de ce lundi pour des soupçons de « prises illégales d’intérêts ». L’association Anticor est à l’initiative de la première saisine de la CJR dans cette affaire.#AnticorAgit #UnMinistrePresumeInnocent https://t.co/O0jgnJtHty
— Anticor (@anticor_org) November 6, 2023