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FMI, Banque mondiale : Seydi Gassama* raconte l’époque des ajustements structurels

On dit que Léopold Sédar Senghor était un président autoritaire. Sans doute, j’étais très jeune et peu intéressé aux combats politiques au moment de son départ du pouvoir. Ce que je sais par contre, c’est qu’il a laissé dans ce pays un tissus industriel consistant et dans tous les secteurs. Il a créé la zone franche industrielle de Dakar qui abritait plusieurs usines et fabriques et des domaines industriels dans beaucoup de régions. On fabriquait des vélos et des cyclomoteurs à Kaolack pour le pays et la sous-région.

Le système éducatif était d’excellente qualité et les soins de santé primaires étaient accessibles à tous. Par-dessus tout, il a lancé les travaux de construction des grands barrages sur le fleuve Sénégal – des infrastructures au potentiel largement inexploité – et redonné un espoir aux populations de la vallée. Toutes ces réalisations ont été faites dans un contexte de sécheresse et de crise énergétique mondiale.

Après son départ du pouvoir le 31 décembre 1980, les programmes d’ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque Mondiale au président Abdou Diouf ont ruiné tous les efforts d’industrialisation et de développement du pays. La libéralisation imposée par ces deux institutions a transformé le pays en un souk géant pour les produits européens et asiatiques et entraîné l’effondrement des industries locales alors même que, historiquement, les Etats Unis et des nations européennes ont adopté des politiques protectionnistes pour permettre à leurs industries naissantes de se développer pour faire face à la concurrence internationale.

Bien que le pays connaisse une démographie galopante, l’Etat ne pouvait plus construire de nouvelles écoles et beaucoup  d’écoles privées ont fermé en milieu rural après l’arrêt des subventions étatiques. C’était l’avènement des classes à double flux, des classes multigrades, des abris-provisoires, de la formation au rabais des enseignants, etc. La destruction du système de santé a été poussée à un niveau tel qu’un dispensaire qui polarisait une cinquantaine de villages dans le département de Ziguinchor a été fermé faute de personnel et de médicaments. Les licenciements et les départs volontaires de fonctionnaires étaient passés par là.

Le peuple a avalé la pilule amère pendant deux décennies. En arrivant au pouvoir en 2000, le Président Abdoulaye Wade hérita d’une situation financière stabilisée. Il put, en leader avisé, réaliser de grands travaux d’infrastructures : ponts, routes, autoroutes, aéroport AIBD, etc., sans replonger le pays dans un endettement qui compromet sa stabilité économique et financière. Le niveau d’endettement actuel, qui risque de remettre le pays sous les fourches caudines du FMI et de la Banque Mondiale résulte de l’imprudence, pour ne pas dire de l’incompétence du régime de Macky Sall et de sa volonté de faire un troisième mandat auquel le peuple sénégalais, soutenu par les démocrates du monde entier, l’a contraint à renoncer.

Les réalisations pharaoniques impressionnent toujours les peuples, même lorsque leur impact sur le développement du pays et le quotidien des citoyens est faible. Il est indécent de faire passer ceux et celles qui ont hérité de cette situation financière catastrophique, et qui veulent la gérer au mieux des intérêts du pays, pour des incompétents et présenter les auteurs pour des sauveurs qu’il faut appeler à la rescousse. Le pays ne sortira de la situation actuelle sans des sacrifices. Ils doivent être faits par l’Etat et par chaque citoyen et citoyenne, quelle que soit sa situation sociale. Ensemble nous surmonterons la crise.  

*Défenseur des droits humains

Dakar

Email : seydigassama@gmail.com

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Un commentaire

  1. Excellente réflexion sauf une petite erreur à la fin sur le signataire de l’article

    Au lieu de mettre défenseur des droits de l’homme on serait plus juste de mettre

     » milantant Pastef pro Sonko, anti Macky


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