Disparition de 11 nouveau-nés à l’hôpital de Tivaouane : En finir avec nos sénégalaiseries (Par Cheikh Lamane DIOP)*

Il faut absolument en finir avec cette funeste loi des séries. Exit l’affaire Astou Sokhna, la dame morte en couches à l’hôpital de Louga. Oublié, la disparition en avril 2021, de quatre bébés, dans un incendie à l’hôpital Magatte Lo de Linguère. La mort d’un autre nouveau-né, dans les mêmes tragiques conditions d’un autre bébé à la Clinique Madeleine itou.

En cette sinistre soirée du mercredi 25 mai 2021, ce sont 11 nouveau-nés qui meurent calcinés à la pédiatrie de l’hôpital de Tivaouane. Au-delà de la douleur indicible pour les famille et pour toute la Nation, c’est une honte pour tout le Sénégal.

Cette loi des séries est loin d’être une fatalité. Comme toutes les tragiques conséquences de nos défaillances humaines en matière sécuritaire, c’est le facteur humain qui est en cause. Évidemment, les premières responsabilités sont d’abord imputables à ceux qui tiennent la barque administrative et le management des structures de santé.

Mais, dans un pays où la notion de responsabilité à différentes échelles semble avoir foutu le camp depuis belle lurette, il ne faut s’attendre à aucun miracle sans une introspection éclairée et hardie.
Cette fameuse responsabilité peut être disséquée en ses premières strates (services de santé, management, administration…).

Toutefois, il faudra gratter plus en profondeur pour cerner ce mal sénégalais.

Quelle est la part de culpabilité des entrepreneurs qui ont construit, des Bureaux d’études qui ont contrôlé et validé le respect des normes de construction, des PME qui ont fait les installations électriques, des ingénieurs et autres techniciens en charge de « Hygiène, Santé, Sécurité, Environnement » (HSSE)?

Quelle la part de culpabilité de ces criminels en puissance qui délivrent, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes des quitus de complaisance? Des maires qui délivrent des permis de construire mal fagotés, ont-ils jamais inquiétés? L’administration territoriale exerce t-elle avec conscience et responsabilité, ses missions régaliennes?

La justice fait-elle son travail pour sévir dans toute sa rigueur contre les fautifs?

Ne vous est-il pas arrivé de ressentir plus de sûreté et de sécurité dans certains bâtiments administratifs, vestiges de la colonisation, que dans des Infrastructures plus au moins récemment construites?

Passé sous le crible de ce questionnement, le drame de l’hôpital de Tivaouane est anecdotique du climat délétère général qui prévaut chez nous avec des conséquences dramatiques.

Ce n’est pas demain la veille de la fin de cette loi des séries si on ne prend pas à bras le corps ces questions vitales.

Bien entendu, il appartient à l’État dont le rôle primordial est la sécurité des personnes et de leurs biens, d’aller au front. Oui, aller au front!

La mission est loin d’être une sinécure. Dans une société perlée de kleptocrates où les pratiques corruptives sont d’une terrible banalité et la permissivité érigée en règle de conduite, il faut prendre le taureau par les cornes.

Évidemment, dans un pays où tout tourne autour de la politique, les questions fondamentales comme l’économie, la sécurité ou les valeurs sociétales, sont reléguées aux abysses de l’ordre de priorité.

« Sàng reew mi » jot na, comme disait le sage Al Maktuum.

* Journaliste

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