« Une miss engrossée par un ministre ». Si cette accusation n’a pas fait perdre le sommeil aux membres du gouvernement, on ne peut pas en dire autant de leurs épouses qui, comme beaucoup de Sénégalais, cherchent certainement à connaitre l’identité du chaud lapin flingueur. Ainsi, après les escapades de la sourde-douée Diary SOW et les jérémiades et autres simagrées de la volatile Adji SARR, c’est maintenant le défilé des miss martyrisées qui se délestent de leurs coquettes, déterminées à asséner le coup de grâce à la République déjà souillée.
Comme lassés par les discours des politiciens, les Sénégalais sont tout ouïe, disposés à entendre conter ces salaces histoires qui se sont déroulées loin des planches. Les mois et les années sont passés emportant la gloire aussi éphémère que la beauté, mais les « miss » sont toujours sous le feu des projecteurs. S’il se supputait que le concours qui permet de les départager était une foire pour ne pas dire une boucherie, elles viennent en porter la preuve. Dans une libération de la parole à qui l’on ne choisit plus ses auditeurs privilégiés, les « on m’a fait ceci et cela », après avoir inondé la toile, garnissent les pages des journaux. Un déliement des langues qui ne met certes aucun accusé en exergue mais qui laisse entrevoir les silhouettes de nombreuses personnalités au rang desquelles celle d’un ministre. Et c’est cette dernière considération qui semble plus captiver l’attention des Sénégalais que les tourments des conteuses désabusées.
«Engrossée par un ministre » ! Même si c’est la République de Macky SALL où les Institutions sont par terre, cette grave accusation, qui jette le discrédit sur tout le monde, ne doit pas prospérer. En la lançant, l’accusatrice enfile la robe de la dévergondée et fait penser à la tapageuse Adji SARR qui en a visiblement inspiré plus d’une. Pourtant, l’histoire que cette dernière a débitée et les conséquences que cela a engendrées devraient inciter à plus de retenue, à plus de prudence. D’autant que Fatima NDIONE, qui a donné le coup d’envoi des révélations, a choisi son moment et est loin d’avoir tout dit. En outre, libre d’aller porter plainte, elle choisit de porter presse. Pourquoi les Sénégalais, qui l’encouragent à réclamer justice, refuseraient cette même justice à la plus célèbre des masseuses? Celle qui a tout dit, c’est bien la présidente du comité d’organisation du concours. Avant de sortir sa boulette intercontinentale qui confirme beaucoup de choses, Aminata BADIANE a, en effet, affirmé que le ministre Matar BA avait été très généreux à l’endroit de la « miss-mère ». Si la sortie de cette dernière n’est pas organisée, l’avenir le dira.
En définitive, dans ce Sénégal où l’emballement médiatique imprime les vérités, ce sont des filles de moins de 25 ans qui tiennent le haut du pavé. Experts et autres spécialistes à peine audibles, les sujets dignes d’intérêts laissés en rade, ce sont leurs histoires qui dictent le tempo. Pendant des semaines, il n’était question que de Diary SOW, portée disparue et recherchée un peu partout. Quand elle décida de sortir de son trou, c’était pour déverser sa bile sur les curieux qui s’intéressent à sa vie privée entretenue par l’Etat. Elle n’avait commencé le livre retraçant l’histoire de sa « disparition volontaire » qu’Adji SARR prit le relais, récitant une leçon non sue. La suite, avec 14 morts, est connue et pourtant ce n’est pas la fin.
* Mame Birame WATHIE