Décès de Abdallah Dramé à l’hôpital principal: Sa mère explique comment il a été victime de négligence médicale

Abdallah Dramé est parti à la fleur de l’âge. Jeune, plein de vie, il a succombé à ses graves blessures consécutives à un accident, à l’hôpital Principal de Dakar. Sa mère, affirmant qu’il a été victime de négligence médicale, revient sur ses derniers instants sur son lit d’hôpital.

Son plus grand rêve était de financer le pèlerinage à La Mecque de sa mère. Pour ce faire, Abdallah Dramé, après son diplôme professionnel en diagnostic automobile, choisit de ne pas poursuivre une carrière dans ce domaine. Il se lança plutôt dans l’achat et la vente de motos, ainsi que dans l’élevage de moutons. Ces activités lui procurèrent des revenus substantiels, et il avait déjà commencé à épargner pour concrétiser le vœu qu’il nourrissait pour sa mère. Hélas ! Son ambition a été brutalement interrompue. Abdallah est passé de vie à trépas, succombant à ses graves blessures à la suite d’un accident. Né en 2001, il s’est éteint le 14 juin 2025. Son frère aîné, qui l’attendait en France pour assister à son mariage, ne le verra plus. Sa sœur aînée, installée au Canada, porte en elle une douleur incommensurable, pleurant sans répit. Quant à sa mère, Adama Guèye, elle est anéantie. Bien qu’elle fasse preuve de dignité dans son deuil, sa souffrance est visible, palpable, et ses yeux constamment embués de larmes en témoignent.

Dans le quartier Amitié 3 à Dakar, sa maison ne désemplit pas. Ici se pressent parents, proches et lointains, amis et voisins, tous venus présenter leurs condoléances. Oncles, tantes, frères, sœurs, cousins et cousines se relaient pour soutenir Adama Guèye dans cette épreuve. Malgré sa douleur, elle revient sur les circonstances de l’accident et les derniers instants de son fils à l’hôpital.

Selon elle, le drame s’est produit le 7 juin dernier, jour où la majorité des Sénégalais célébraient la fête de Tabaski. Ce matin-là, après la prière traditionnelle, Abdallah, comme tout homme de son âge, accomplit le sacrifice d’Abraham en immolant le mouton familial. Il l’a ensuite dépecé et préparé avec soin, facilitant la tâche des femmes occupées en cuisine. « Il était très enjoué ce jour-là. Il avait même préparé du « Wass » avant de prendre sa moto pour rendre visite à ma sœur jumelle, qui vit à la Cité Djily Mbaye. Il avait promis de préparer le thé à son retour », raconte la mère du défunt, la voix brisée.

L’hôpital Principal au banc des accusés
Implacable destin. Sur le chemin du retour, il a été victime d’un grave accident. Un taxi l’a percuté avant de prendre la fuite. Alors qu’il gisait sur la chaussée, un autre véhicule l’a heurté, le traînant sur plusieurs mètres avec sa moto. Ce second conducteur a également disparu sans prêter assistance. « Il avait une fracture du bassin, une autre au pied et une à la clavicule. En plus, il souffrait de brûlures et de plaies au dos », relate Adama Guèye, la voix brisée. Après un long silence, elle reprend : « Les pompiers, alertés, l’ont évacué vers un hôpital. Ils voulaient le conduire à Fann, mais Abdallah a insisté pour être pris en charge à l’hôpital Principal. Là-bas, les médecins ont d’abord refusé de l’admettre avant de céder, face à l’insistance des secouristes ».

Une fois hospitalisé, les premiers soins lui ont été administrés mais, selon sa mère, les négligences se sont accumulées. « Je l’ai revu le mercredi 11 juin. Il portait encore les mêmes vêtements que le jour de l’accident. Nous avons demandé aux médecins de les lui retirer. C’est alors qu’ils ont découvert les brûlures sur son dos… après quatre jours ! Les infirmiers ont enfin commencé à le soigner, mais il m’a confié souffrir atrocement, car on ne lui avait administré aucun antidouleur », a-t-elle indiqué.

Le samedi 14 juin, son état s’est brutalement aggravé. « Il avait des difficultés respiratoires, la poitrine enflée. J’ai couru chercher un médecin, mais celui-ci m’a rudement repoussée, refusant de l’examiner. Il l’a même accusé d’être « capricieux ». Mon fils est mort dans d’atroces souffrances, suppliant qu’on le soulage… et personne n’est venu. Ce n’est qu’après son décès que le médecin s’est montré courtois, mais c’était trop tard », dénonce-t-elle, convaincue que son fils est mort « par négligence médicale ».

Pour l’instant, la famille n’a pas porté plainte, mais cette option n’est pas exclue. Les prochains jours apporteront peut-être des éclaircissements. En attendant, Abdallah Dramé repose au cimetière musulman de Yoff, laissant derrière lui une mère brisée, dont le chagrin reste aussi vif que la colère.

L’hôpital Principal rejette les accusations
L’hôpital Principal rejette les accusations de négligence qui lui sont imputées dans l’affaire Abdallah Dramé. Selon une source contactée à l’hôpital, contrairement à ce qui se dit, Abdallah Dramé a été bien pris en charge. « Toute la prise en charge qui doit être effectuée à un accidenté a été réalisée. La prise en charge a été assurée. Il a été admis au Service d’accueil des urgences (Sau) parce qu’il n’y avait pas encore de lit disponible. Cependant, les soins continuaient », a indiqué notre source. Elle ajoute que la mère de la victime a même déclaré, dans une vidéo, que le problème ne concerne pas l’hôpital Principal. « Elle a explicitement affirmé qu’elle n’a aucun reproche à faire à l’hôpital Principal, car elle y vient pour se soigner. Elle a plutôt désigné un médecin et un infirmier auxquels elle s’est adressée en leur reprochant quelque chose. Il est important que le médecin qu’elle incrimine donne sa version des faits pour que l’on puisse faire la lumière sur cette affaire », a conclu notre source.

Avec Le Soleil.sn

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *