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Danielle Darlan, ex présidente de la cour constitutionnelle de la RCA: « C’est un coup d’Etat constitutionnel »

Danielle Darlan, ex présidente de la cour constitutionnelle de la RCA: « C’est un coup d’Etat constitutionnel »

Le report de l’élection présidentielle du 25 février alimente les débats même à l’international. Dans un entretien accordé au journal Sud Quotidien, Danièle Darlan, ex présidente de la cour constitutionnelle a qualifié l’annulation du scrutin du 25 février de «coup d’état constitutionnel» et du président de la République et des députés ayant voté la proposition de loi. De son avis, le décret du Président de la République qui annule le précédent décret et qui a abouti à la loi constitutionnelle, est malheureusement anticonstitutionnel. Et il est pris en violation de la Constitution. La Constitution contient et c’est ça le problème, des échéances qui sont intangibles puisqu’elles sont fixées par la Constitution. Il y a le problème des mandants.

Les morceaux choisi par Senego

Madame la Présidente, le Président Macky Sall a arrêté le processus électoral par un décret abrogeant celui qu’il avait pris pour convoquer le collège électoral. Que vous inspire une telle décision à quelques semaines seulement du scrutin du 25 février ?

Effectivement, je suis ce qui se passe au Sénégal avec beaucoup d’intérêt puisque nous avons connu aussi une période difficile (Centrafrique, Ndlr)) et puis je m’intéresse au droit constitutionnel et forcément j’avoue que je suis attristée par la voie qui a été prise. Le décret du Président de la République qui annule le précédent décret et qui a abouti à la loi constitutionnelle, est malheureusement anticonstitutionnel. Et il est pris en violation de la Constitution. La Constitution contient et c’est ça le problème, des échéances qui sont intangibles puisqu’elles sont fixées par la Constitution. Il y a le problème des mandants. Nous avons connu ici le même problème. C’est-à-dire qu’à quelques mois des élections qui devaient se tenir en 2020, les députés avaient préparé un projet de loi constitutionnelle pour prolonger le mandat pour cas de force majeur. La Cour constitutionnelle a répondu que ce n’était pas possible, que s’il y avait cas de force majeur, à ce moment-là, elle serait saisie et elle verrait quelle modalité adopter. Mais la Cour constitutionnelle même ne pourrait pas violer la Constitution. Donc, elle n’aurait en fait que deux possibilités. Soit demander à ce qu’il y ait un dialogue pour dégager un consensus national sur le report des élections. Combien de mois et quelles sont les modalités de ce report ? Soit, elle pourrait recommander de laisser terminer le mandant du président en place et de faire jouer les dispositions constitutionnelles concernant l’intérim et l’intérimaire désigné par la Constitution, à partir de ce moment-là, prépare les élections dans les délais qui sont fixés par la Constitution. Voilà les réflexions que je peux faire sur ce qui se passe actuellement et qui est malheureusement regrettable pour une grande démocratie comme le Sénégal.

Le mandat du Chef de l’Etat doit s’achever le 2 avril prochain. Or, des députés ont voté une proposition de loi qui fixe désormais le scrutin au 15 décembre 2024. D’aucuns parlent d’un coup d’Etat constitutionnel. Etes-vous de cet avis ? Si oui, pourquoi ?

Il y a une responsabilité. C’est effectivement pour moi un coup d’Etat constitutionnel malheureusement et autant de la part du Président de la République que de la part des députés. Surtout de la part des députés à partir du moment où ils ont voté cette loi constitutionnelle qui viole les dispositions de la Constitution. Je voudrais donc préciser qu’il y a la responsabilité effectivement du Président Macky Sall mais il y a surtout la responsabilité des représentants de la Nation, les députés. S’ils n’avaient pas voté cette loi constitutionnelle, je pense que cette affaire serait peut-être arrêtée là. En tous cas, que ce soit les représentants du peuple qui agissent au nom du peuple et en fonction de ses intérêts qui violent la Constitution, pour moi, la première responsabilité se situe à ce niveau.

Le Sénégal était considéré comme le modèle démocratique suite à ses deux alternances démocratiques en 2000 et en 2012. Etes-vous déçue de la décision du Président Macky Sall qui avait pourtant déclaré le 3 juillet dernier qu’il n’allait pas se représenter mais, qui, aujourd’hui, plonge le Sénégal dans une situation quasi-insurrectionnelle ?

Je suis déçue de ce qui se passe au Sénégal et je ne suis pas la seule. Il y a beaucoup de gens qui se disent déçus que le Sénégal puisse emprunter une telle voie parce que le pays a été souvent un exemple pour les autres Etats africains en ce qui concerne l’aspect des règles démocratiques. Donc, c’est assez décevant et surtout c’est assez inquiétant non seulement pour l’avenir proche en fait de la démocratie en Afrique francophone particulièrement.

Comment expliquez-vous cette obsession des Chefs d’Etat africains à vouloir s’éterniser au pouvoir souvent avec un cortège de morts et de blessés de leurs concitoyens ?

Je ne sais pas si c’est une obsession mais vous voyez il y en a qui ont choisi cette voie mais où est-ce qu’ils se trouvent actuellement ? Donc, je pense que ça devrait faire réfléchir aussi nos Chefs d’Etat et surtout souvent ça entraîne des souffrances supplémentaires et inutiles pour les populations. Je ne peux pas parler d’un manque de sagesse, ce n’est pas possible. Moi, j’ai pensé à un moment donné que certains Chefs d’Etat, peut-être ayant mal géré, se disaient qu’il ne fallait pas partir pour préserver les acquis pour ne pas avoir des problèmes judiciaires etc. Mais là, je ne pense pas que ce soit le cas. Donc, on peut dire simplement «le pouvoir pour le pouvoir». Ce serait quand même dommage.

Le cas du Sénégal qui était considéré comme un exemple, ne risque-t-il pas de pousser d’autres Chefs d’Etat africains de la sous-région d’agir de la même sorte. Pire, est-ce que Macky Sall n’a pas ouvert la boîte de Pandores dans laquelle ses successeurs pourraient éventuellement s’engouffrer pour eux aussi s’offrir des « bonus » de quelques mois pour ne pas parler de «mandat cadeau» ?

Malheureusement, il n’y a pas que le Sénégal qui connait des problèmes actuellement. Nous avons assisté à un certain nombre de coups d’Etat qui se sont déroulés et il faut essayer de trouver la raison, c’est-à-dire de chercher pourquoi ils ont eu lieu. Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’ils aient eu lieu ? Je crois que le moment est venu avec tout ce qui se passe au niveau de l’Afrique et particulièrement au niveau de l’Afrique francophone, de nous pencher sur la question fondamentale de notre avenir. Que voulons-nous pour notre avenir, l’avenir de nos Etats ? Comment faire en sorte qu’on puisse arriver à dégager le pourquoi et ensuite comment nous allons faire maintenant pour essayer de sortir de ce qui semble être un peu un tourbillon dans lequel nous nous engageons ? Comment faire en sorte que nos Constitutions soient désormais respectées ? Qu’est-ce qui fait qu’on ne les respecte pas ? Je pense que le nœud du problème est à ce niveau. Il n’y a pas de formule magique très certainement mais le fait de réfléchir ensemble peut amener à trouver quelques solutions.

Il y a une séparation des pouvoirs. Toutefois, dans ce cas d’espèce, c’est le Législatif qui a créé une commission d’enquête parlementaire sur un soupçon de corruptions des juges du Conseil Constitutionnel ?

Si dans le cas du Sénégal, c’est le législatif qui doit mener l’enquête sur une supposée ou présupposée corruption des juges constitutionnels, s’il fait correctement son travail, il n’y aura pas de problème en respectant les normes. C’est quand on dévie de ses fonctions ou bien du travail qui nous est assigné ou de la mission qui nous est assignée qu’il y a de gros problèmes.

9 COMMENTAIRES
  • Baradolixumbeul

    C’est l’hôpital qui se moque de la charité, occupe-toi des problèmes de ton pays avec tes yeux de singe

  • Lamine Sidibé

    Madame, vous avez fini de régler les problèmes chez vous. Vous êtes une femme, respectez vous sinon….

  • Sow

    Dé qui se moque t elle avec son pays de merde

  • Nkhson

    Eh oui, il fallait s’y attendre, quand on confie à un fou un gourdin, ça risque de dégénérer tôt ou tard. Au grand dam de son entourage et des pauvres innocents et autres imprudents. Cet acte, je veux dire la signature du décret d’abrogation de la date de l’élection constitue la goutte d’eau de trop. Le gros bouffon et son assemblée de guignols réunis au sein de l’hémicycle, viennent de commettre l’acte de trahison suprême, envers le peuple souverain. Le banditisme d’état tant décrié par les vrais patriotes trouve là sa vraie nature, à travers cette forfaiture extrême. On ne touche pas aux lois constitutionnelles frappées d’une clause d’éternité. Le « ma tey » érigé en mode de gouvernance ne saurait prospérer cette fois ci. Il est temps d’interrompre définitivement cette armée de « fous » qui considèrent l’état comme un simple gadget. Toute la république doit se lever debout, faire face à ce système de malfrats qui ruinent la république, en sapant ses fondements. Game is over! Ce système pourri vit ses derniers moments, avec un manque de sérénité et une phobie maladive de devoir quitter le pouvoir et ses jouissances. La fin sera cauchemardesque, comme je l’ai toujours réitéré dans mes textes. Ils n’ont encore rien vu, car ici-bas tout se paiera cash! Allah(SWT) en a décidé ainsi.

    • Lamine Sidibé

      Ecris des bêtises, puisque ce sont les bêtes qui écrivent des bêtises.

  • PATRIOTE

    TOUS LES LOBBISTES SE SONT LEVES CONTRE LE SENEGAL , MAIS LE PRESIDENT MACKY SALL RESTERA DEBOUT POUR SAUVEGARDER LA REPUBLIQUE .
    MAINTENANT TOUS LES TRAITRES , RANCUNIERS ET REGLEURS DE COMPTES PEUVENT LE QUITTER . COMMENT UN MINISTRE , DG , PDG ET QUI ONT EU TOUS PROFITS PENDAND 12 ANS ET VEULENT LE QUITTER A 2 MOIS DE LA FIN DE SON MANDAT , C EST LACHE .
    DOUNDOU GORE DEH GORE

  • samson

    Ce pouvoriste qui veut toujours rester gouter aux délices du pouvoir, doit être délogé et rangé dans les tiroirs de l’oubli. Ce monsieur est un grand danger pour la république, un tyran du droit, et de l’Etat de droit. Toute la communauté internationale lui a tourné le dos ,suite à cette forfaiture de basse classe. Présentement, devant les privilège du pouvoir, cet homme a complètement perdu la raison, il reste obnubilé par les merveilles du palais, les avantages de la caisse noire, des nombreux voyages aux frais du contribuable sénégalais, du luxe insolant qu’il se trouve depuis plus de douze ans. Ce monsieur a perdu complétement la tète

    • Diallo

      La bonne nouvelle est que même si son forcing passe,ce tueur dictateur ne pourra plus voyager nulle part dans ce monde. Il ne seras plus invité sur quoi que ce soit c est fini

      • Lamine Sidibé

        Tu connais les tueurs, tu ne les as pas nommés. Ceux qui envoient jeter des cocktails Molotov dans les bus tuant des enfants innocents, vas expliquer à leurs proches que c’est Macky qui l’a fait. vas dire à ceux là qu’on a pillé, emporté des milliards, que c’est Macky qui a passé par là. Sous d’autres cieux pas loin de vous, à l’heure que l’on est vous êtes morts oubliés et rien ne va se passer. Vous n’avez pas honte.

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