La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) qualifie la situation à Gaza de « tempête humanitaire parfaite ». Selon nos informations, les organisations sur place font face à une violence sans précédent contre leur personnel, alors que la guerre approche de sa troisième année et que 2025 s’inscrit déjà dans une tendance aussi meurtrière que l’année précédente pour les humanitaires.
Tommaso Della Longa, porte-parole de la FICR, a déclaré à l’agence Anadolu que « l’année dernière a été l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour nos collègues tués dans différentes organisations ». Il a précisé que « la grande majorité, malheureusement, provient de Gaza, de la Cisjordanie et du Soudan ». Les données de la Base de données sur la sécurité des travailleurs humanitaires indiquent qu’au 14 août 2025, au moins 265 travailleurs humanitaires avaient été tués dans le monde. Par ailleurs, les statistiques des Nations Unies rapportent qu’au cours des deux dernières années, les forces israéliennes ont causé la mort d’au moins 562 travailleurs humanitaires à Gaza, dont 376 membres du personnel de l’ONU et 54 employés et volontaires du Croissant-Rouge palestinien.
Sur le terrain, les conditions de vie des humanitaires reflètent celles de la population qu’ils assistent. La famine, officiellement déclarée par l’ONU fin août, affecte tout le monde. « Un collègue m’a expliqué ce que signifie vivre avec la famine et la faim : on rêve de nourriture qu’on ne peut pas avoir, et quand on obtient enfin ne serait-ce qu’un morceau de pain, il faut le garder pour son enfant », a rapporté M. Della Longa. Les professionnels de santé, médecins et infirmiers, travaillent sans relâche, souvent sans pouvoir subvenir à leurs propres besoins élémentaires. Carla Drysdale, porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé, a également souligné que les attaques ont détruit des hôpitaux et des ambulances, tuant et blessant des milliers de soignants.
Selon les autorités palestiniennes, des chiffres confirmés par l’ONU et d’autres organisations internationales, plus de 67 000 Palestiniens ont été tués à Gaza en deux ans, et près de 170 000 blessés. En juin, une commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU a conclu qu’Israël commet un génocide dans l’enclave, une accusation qui a été au cœur de plusieurs mobilisations internationales, comme lors de manifestations à Paris pour la flottille de Gaza. Début août, des experts de l’ONU, Tlaleng Mofokeng et Francesca Albanese, ont affirmé qu’Israël « attaque délibérément et affame les travailleurs de la santé, les ambulanciers et les hôpitaux », qualifiant ces actes de « médicide ».
Face à cette situation, la FICR met en garde contre la banalisation des attaques visant les humanitaires, une situation qui a également concerné des observateurs internationaux, comme un journaliste italien détenu par Israël. « Le risque ici est de normaliser ce qui ne devrait jamais l’être », a insisté Tommaso Della Longa. Il a appelé à l’application des lois existantes pour mettre fin à l’impunité. « S’il y a impunité une fois, cela signifie qu’il y aura impunité partout. C’est un précédent que nous ne pouvons pas accepter », a-t-il ajouté, concluant par un appel : « Ne tirez pas sur la Croix-Rouge. Ne tirez pas sur les humanitaires. »