Pour Khaly Diouf, président du Mouvement politique « Conviction », le Sénégal vit un moment de basculement économique. Entre l’héritage d’une dette lourde sous Macky Sall et les déclarations jugées imprudentes d’Ousmane Sonko, Khaly Diouf estime que le pays a été projeté dans une crise de confiance sans précédent, marquée par une série de dégradations historiques des agences de notation. Une analyse qui sonne comme un avertissement : le Sénégal frôle, selon lui, un véritable crash financier.
« Le Sénégal traverse aujourd’hui une crise économique et financière d’une ampleur inédite. En l’espace de vingt mois, le pays a été dégradé à cinq reprises par les principales agences mondiales de notations . Moody’s a abaissé la note du pays à trois reprises, passant de B3 à Caa1 (octobre 2024, février 2025, puis octobre 2025). Standard & Poor’s (S&P) a, quant à elle, dégradé la note à deux reprises, de B à CCC+ (octobre 2024 et novembre 2025).
Une première dans l’histoire du pays : jamais le Sénégal n’avait été aussi mal noté par ces agences, dont la vocation première consiste, entre autres, à mesurer la capacité d’un pays à faire face à l’échéancier de sa dette.
À la sortie du Covid-19, le monde faisait déjà face à une forte inflation, au durcissement des conditions financières et aux tensions géopolitiques (notamment la guerre Russie-Ukraine). Comme beaucoup d’autres pays, le Sénégal a dû faire face à une raréfaction des ressources financières subséquente.
Toutefois, en dépit d’un déficit budgétaire chronique, associé à un dépassement des critères de convergence de l’UEMOA, notamment le ratio dette/PIB, notre pays avait su préserver la crédibilité de sa signature, bénéficiant d’une réputation solide, fondée sur sa stabilité politique, ainsi qu’une maîtrise de l’ingénierie budgétaire reconnue. Ce qui lui permettait de pouvoir lever des fonds sur les marchés régionaux et internationaux, tout en maintenant un niveau de dette jugé soutenable.
D’ailleurs , l’actuel ministre de l’Économie, Abdourahmane Sarr, a eu l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que la dette restait soutenable, malgré les tensions de trésorerie héritées du régime précédent.
Déjà en 2022, certains analystes soupçonnaient un ratio dette/PIB dépassant les 100 %, tandis que la Banque mondiale et le FMI concluaient en janvier 2022, que le risque de surendettement restait modéré, bien que la capacité d’absorption des chocs à court terme fût limitée.
La confiance des investisseurs était encore solide, et le pays pouvait continuer à lever des fonds sans difficulté, allant même jusqu’à introduire de nouveaux instruments tels que les Swaps lui permettant de contourner les tensions financières conjoncturelles.
Puis arriva 2024.
L’arrivée au pouvoir de Pastef, en mars 2024, a marqué une rupture brutale. Tous les économistes et experts financiers reconnaissaient les difficultés liées au niveau élevé de la dette. Mais jusqu’alors, personne n’avait jamais présenté le Sénégal comme un pays faussaire sur sa politique d’endettement.
Les précédents régimes, qu’il s’agisse d’Abdoulaye Wade ou de son successeur, Macky Sall, avaient eux aussi hérité de dettes complexes, qu’ils avaient su gérer sans pour autant remettre en cause la crédibilité financière du pays.
Car l’économie repose avant tout sur la confiance.
Wade avait choisi la voie de l’allègement via le programme PPTE, sans accuser son prédécesseur.
Macky Sall, malgré une forte hausse du niveau d’endettement, s’était bien garder d’écorner la crédibilité financière du Sénégal.
Quant au nouveau régime, il a privilégié une communication politique au détriment de la prudence économique, notamment à travers les déclarations d’Ousmane Sonko du 26 septembre 2024, qui ont exposé le pays à une perte de confiance sans précédent de ses partenaires financiers.
Même si, comme ils disent, une part importante de la dette a été dissimulée, qu’avons-nous gagné à le faire savoir de façon aussi abrupte et maladroite à nos partenaires financiers ?
Pas grand chose, assurément. Ousmane Sonko aurait dû accompagner sa sortie d’un plan crédible de sortie de crise, adossé à un discours rassurant et moins populiste. Au lieu de cela, il ne s’est limité, comme à son habitude, à faire des dénonciations à l’emporte-pièce, qui ne pouvaient que susciter alarme et inquiétude auprès des agences de notation, qui n’ont d’ailleurs pas tardé à évoquer des « perspectives négatives » vu « l’absence d’un plan de sortie de crise crédible».
En réalité Sonko a agi par un esprit revanchard, sans mesurer les conséquences de sa démarche d’auto dénonciation. D’où les reproches d’amateurisme qui lui ont été faits depuis,non sans raison d’ailleurs, par bon nombre d’analystes.
Les conséquences néfastes de telles postures, empreintes de démagogie, ont été immédiates et sans appel :
- Gel du deuxième décaissement du FMI, puis suspension du programme ;
- Mise en attente du Sénégal par de nombreux investisseurs, avant même la publication du rapport de la Cour des comptes ;
- Chute brutale et continue des euro bonds sénégalais, aggravée encore le 11 novembre 2025, au lendemain des propos incendiaires de Sonko, à l’occasion de son meeting du 8 novembre dernier.
- Durcissement et quasi fermeture de l’accès du pays au marché financier international, corroborés par des taux d’endettement très élevés dans le marché sous régional, qui demeure, malgré son exiguité, une des rares voies de recours qui reste au le Sénégal.
Historiquement, chaque changement de régime s’accompagnait de discours responsables, pédagogiques et rassurants sur l’état des finances publiques, quelle que soit la situation trouvée.
Mais depuis l’arrivée de Pastef aux affaires, et la communication alarmiste de son leader, Ousmane Sonko, le Sénégal fait face à des difficultés d’accès aux crédits sur les marchés internationaux.
Résultat : retrait des investisseurs, tensions de trésorerie permanentes, ralentissement de la consommation, économie asphyxiée, population en souffrance.
Pas même la Grèce, à l’acmée de sa crise de la dette, n’aura pas été dégradée aussi rapidement par les agences de notations.
Nous sommes face à un véritable crash financier, dont la responsabilité incombe largement aux maladresses communicationnelles d’Ousmane Sonko et de ses partisans.
Dans un contexte aussi tendu, notre pays ne peut se payer le luxe d’une mésentente entre les deux têtes de l’État, encore que liée à des considérations politiciennes secondaires, au risque d’accélérer la catastrophe économique et sociale subséquente.
Que Dieu préserve le Sénégal des conséquences d’un amateurisme bavard et imperméable à l’humilité, qui se nourrit d’egos boursouflés et de petites querelles de positionnement que nous croyions révolues pour de bon.
Khaly Diouf
President du Mouvement Conviction »

SONKO N,EST PAS UN QUEMANDEUR :LES AFRICAINS DOIVENT COMPTER SUR EUX :NOUS AVONS LE CONTINENT LE PLUS RICHE DU IL NOUS FAUT DES DIRIGEANTS RESPONSABLES COURAGEUX ENTRPRENANTS ET HONNÊTES.