« Conservation des acquis des allies dans BBY : Macky Sall face à un dilemme cornélien »

A quelques mois des élections locales du 23 janvier 2022, l’heure est aux manœuvres politiques, en prélude des investitures, dans la quasi-totalité des partis politiques et/ou coalitions de partis. Au sein de la mouvance présidentielle, le président Macky Sall, arbitre lors de la confection des listes, aura à coup sûr du fil à retordre, étant entendu que certains alliées manifestent déjà leur souhait de conserver les acquis, au moment où des ténors de son parti, l’Alliance pour la République (APR), affichent clairement leurs ambitions de leur succéder.

«Ce que nous voulons, c’est que là où nous avons des maires, que ces mairies restent entre les mains des Socialistes. Et là où nous avons des visées, que nous nous donnions les moyens d’aller conquérir ces mairies-là. Nous avons des visées pour Hann, par exemple. Le département de Dakar est stratégique pour le Ps (Parti socialiste).

La force du Ps sera la force de Bennoo Bokk Yaakaar, parce que nous avons un ancrage confirmé dans Bennoo», avait déclaré le Coordonnateur de la Cellule de communication du Parti socialiste (Ps), Ousmane Faye, au sortir de la 74ème séance du Secrétariat exécutif national, tenue en mai dernier. Le discours est quasiment le même pour l’Alliance des forces du progrès (Afp), ou du moins dans sa section départementale de Birkilane.

Le poulain du président de l’Assemblée nationale, Mapenda Cissé, responsable de la Coordination départementale de l’Afp, pense que Bennoo Bokk Yakaar (Bby) devrait soutenir la candidature de leur parti dans le département. En effet, excédé par les déclarations de candidature des responsables du parti au pouvoir, il a estimé qu’«il serait juste et légitime que la Bennoo Bokk Yaakaar porte la candidature de l’Afp pour la mairie de Birkilane et même d’autres communes, dans le département de Birkilane, et dans la région de Kaffrine». Comme raisons avancées, le Directeur exécutif de la Compagnie aérienne Transair rappelle qu’avant l’avènement de la coalition Bby et la communalisation intégrale par l’Acte 3 de la Décentralisation, l’Afp était la deuxième force politique, derrière le Pds, dans la région de Kaffrine, et dans le département de Birkilane. Qui plus est, la plupart des Communautés rurales et la commune de Birkilane étaient dirigées par l’Afp.

A travers ces positions tranchées, très certainement partagées par d’autres formations membres de la coalition, il en ressort clairement que les alliés, dans la mouvance présidentielle, voudraient bien, lors des investitures prochaines pour les locales, conserver les acquis de leurs formations politiques et/ou sous-coalition. Et pourquoi pas (vouloir) en rajouter d’autres, à la mesure du possible. Des souhaits et autres désires qui semblent difficiles, voire même impossibles à satisfaire, au regard des candidatures tout azimut qui se déclarent au sein de la même coalition, pour des hôtels de ville gérés par des partis membres de la mouvance présidentielle.

MACKY A L’EPREUVE DU CHOC DES AMBITIONS INTERNES

Le chef de l’État, détenteur du dernier mot au moment de la confection des listes de sa mouvance, devrait jouer des coudes pour trouver le juste milieu dans bien des communes, afin de préserver la cohésion de sa grande coalition, imbattable pour le moment en termes de longévité.

A Ziguinchor, la déclaration de candidature de Doudou Ka, Directeur général de l’Aibd, n’a pas manqué d’irriter les partisans de l’actuel maire de la ville, Abdoulaye Baldé, patron de l’Ucs.

Dans la capitale sénégalaise, le Ps ne cracherait pas sur la conservation du fauteuil de la ville gagné par un maire socialiste, en l’occurrence l’ex-député-maire Khalifa Sall. Toujours à Dakar, cette fois-ci dans la commune des Parcelles Assainies, l’édile de la collectivité locale, Moussa Sy, garde jalousement son siège très convoité par les membres de l’Apr, en l’occurrence le député Alioune Badara Diouf et sa bande qui font un appel du pied à l’ancien ministre, Amadou Ba. La commune de Sicap-Liberté n’est pas épargnée par ce choc des ambitions entre leaders de la même coalition.

Le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, Zahra Iyane Thiam est en embuscade pour la place qu’occupe le maire ‘’Progressite’’, Santy Sène Agne. Ailleurs, plus précisément à Podor, le fauteuil occupé par l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall de ‘’Osez l’avenir’’ est très convoité par son allié dans Bennoo, Mamadou Racine Sy, président du mouvement «And ligeey Podor ak Racine». Même scénario à Kaffrine où Abdoulaye Willane du Ps est inquiété par le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène public, Abdoulaye Sow. Que dire de la ville de Thiès, gérée par un maire allié, le président du parti Jëf Jël ? Talla Sylla, allié, puis adversaire, redevenu à nouveau allié d’Idrissa Seck dans la mouvance présidentielle, devra protéger ses arrières lors de l’établissement des listes. Le patron de Rewmi est de retour.

Des exemples, parmi tant d’autres, qui montrent que la confection des listes de la mouvance présidentielle ne sera pas une mince affaire. Le chef d’orchestre avait pourtant demandé à ses camarades de lui faire encore une fois de plus confiance. Ce qui reste évident, le goût aigre-doux laissé par l’élection législative de 2017, lors de laquelle le parti présidentiel s’était taillé la part du lion en occupant 97 des 125 sièges que comptait Bby, reste encore frais dans les mémoires.

Les alliés étaient partagés entre satisfactions, regrets et incompréhensions. L’avenir nous en dira plus.

* JEAN MICHEL DIATTA

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