Bob Marley ou la mélodie des peuples opprimés – Par Modou Aissa Seye

«L’immortalité c’est de travailler à une œuvre éternelle», disait De Ernest Renan. Ainsi, pour dire que les Hommes meurent au sens naturel du terme mais demeurent toujours parmi nous a travers leurs œuvres. Robert Nesta Marley en est une parfaite illustration.40 ans après le décès de cette légende du Reggae(6 février 1945-11 Mai 1981), son message lui confère une résurrection et lui prête les allures d’un ‘prophète’, revenu sermonner son peuple. Bien sûr, sa mélodie n’a pas été que politique, mais puisque cette dernière régule et organise notre vie quotidienne, il urge de rappeler le sermon du ‘Messager’. En effet, Bob Marley s’est inspiré du quotidien misérable du peuple jamaïcain défavorisé, pour exprimer le mal de tous les peuples qui souffrent à travers ses mélodies, comme il l’a dit dans un interview ‘‘Reggae music is a people music’’. Le mouvement Rastafari auquel il appartient est par essence une forme de réaction aux souffrances liées aux expériences de la colonisation, de la marginalisation des peuples caribéen et noir. Pour Marley, le pouvoir politique est responsable des misères et souffrances du peuple où qu’il soit. Rome et Babylon qui représentent les impérialistes, les oppresseurs, l’occident, sont les responsables de tous les malheurs de l’Afrique. Marley qualifie ce système impérialiste à des ‘‘vampires’’ qui sucent le sang des opprimés (Babylon is a vampire sucking the blood of the sufferer). Aujourd’hui, l’Afrique perd sa souveraineté économique à cause de ces ‘‘vampires’’ économiques qui se nourrissent du ‘sang’ de ses ressources naturelles et au détriment de ses peuples. Cette politique qui rame contre les intérêts du peuple et dont les dirigeants sont les responsables doit être combattue. Ainsi, demande-t-il qu’on chasse ces politiciens véreux de la cité ‘‘we gonna chase those crazy baldheads out of the town’’.Dans ‘‘survival’’, il s’interroge même à savoir comment le politicien peut s’assoir là-bas et dire au peuple que tout va bien ‘‘how can you be sitting there telling me that you care ?’’ alors que les gens souffrent partout ‘‘ while when I look around the people are suffering’’.Il ajoute, ‘vous(les politiques), pouvez tromper quelques uns pour quelque temps, mais vous ne pouvez pas trompez tout le monde tout le temps, ‘‘you can fool some people some time but you can’t fool all the people all the time’’. Dans ‘‘Exodus’’, il promet à ces oppresseurs du peuple un avenir triste ‘‘ woe to the oppresseur,they will eat the bread of sad tomorrow’’ . Pour Marley, seules la résistance et la lutte libèrent. Ainsi, pour lui les mots (chansons) sont les armes les plus efficaces pour combattre l’injustice car, Dieu même a crée l’univers par la force du mot ‘Kun’ et l’univers fût. Marley ne croit pas à la violence dans le combat et il invite la jeunesse à ne peut s’entretuer pour des politiciens qui n’en valent pas la peine. Dans ‘‘Simmer Down’’ il dit aux jeunes ‘ne laissez pas le système politique vous monter les uns contre les autres’. Par contre, toute personne opprimée doit se lever et se battre pour son droit ‘get up.Stand up for your right.Don’t give up the fight’.
Ainsi, pour Bob Marley, les africains de la diaspora qui souffrent de toutes les formes d’injustices doivent penser à retourner en Afrique car là-bas chacun y a sa place et peut se construire la maison qu’il voudrait . Il peut y trouver son gagne-pain, de la sécurité et être à l’abri de la peur de la bombe atomique. Un si beau message à l’heure de la ruée de la jeunesse africaine vers l’Europe.
Pour Marley, les politiques devraient arrêter de faire usage de l’argent et des armes pour opprimer leurs peuples et de procéder à de véritables transformations socio-économiques et politiques de leur quotidien. Mieux, il sacralise ce devoir des politiques à servir leurs nations et exige qu’ils rendent compte de leurs péchés commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Mais, 40 ans après, le sermon du ‘prophète’ des peuples opprimés reste incompris car les politiques en complicité avec les puissances étrangères continuent de s’enrichir au dos des pauvres citoyens. Cependant la lutte pour se libérer des mailles des oppresseurs économiques et politiques ne doit jamais s’arrêter. Donc GET UP.STAND UP.DON’T GIVE UP THE FIGHT.

*Professeur d’Anglais à Kafrine.

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