Abdoulaye Alphonse Ndiaye, né en 1928 à Saté Waly (Kaolack), appartient à cette génération de militaires africains formés dans la tradition française. Engagé à 18 ans, il sert au Darfour, en Indochine et au Dahomey, avant de rejoindre, à l’aube des indépendances, les armées malienne puis sénégalaise.
Idéaliste et discipliné, Ndiaye découvre vite les dangers d’un contexte politique où de simples liens familiaux peuvent éveiller les soupçons du pouvoir. En décembre 1962, il est écarté de la gendarmerie et envoyé à Tambacounda, dans l’infanterie, où il endure isolement et affectations subalternes.
En 1965, il prend la tête du Corps national des sapeurs-pompiers, qu’il tente de réformer malgré l’hostilité de son ministre. Le 24 mars 1967, sa carrière bascule : convoqué à Dakar, il est arrêté sous prétexte d’un attentat manqué contre le président Léopold Sédar Senghor. Pendant cinq jours d’interrogatoires et d’intimidations, il clame son innocence.
Déféré au parquet le 28 mars puis transféré dans une prison souterraine, Ndiaye sort de cette épreuve brisé mais déterminé à défendre son honneur. Mort en 2016, il n’a jamais été réhabilité. Ses manuscrits, transmis par sa fille et son neveu, témoignent aujourd’hui d’un homme écrasé par les dérives politiques mais fidèle à sa vérité.
