Affaire CSS, Péril industriel : Les confessions de Cheikh Fall, président du SPIS

Le Président du Syndicat Professionnel des Industries du Sénégal, Monsieur Cheikh Fall, a accordé une interview à nos confrères de « Diaspora221 » dans laquelle il se prononce sur la situation de la CSS et/ou le péril industriel. Selon lui, la CSS est un modèle et il en faut 10 autres dans le pays. Ainsi, il appelle le gouvernement à les soutenir au lieu de détourner le regard. Entretien!

Vous êtes le Président du Syndicat Professionnel des Industries du Sénégal. Pouvez vous expliquer votre action ?

Nous représentons plus de 25 grandes industries du pays, avec un CA de plus de 1000 Milliards de FCFA, plus de 300 Mds de recettes pour l’Etat, plus de 45 000 emplois directs et indirects. Nous essayons de produire au Sénégal, pour y développer notre autonomie, nos indépendances économiques et politiques, pour pouvoir offrir des emplois de tout niveau avec surtout des débouchés pour les universités, les centres de formations techniques et enfin donner au Sénégal une vraie voix dans le monde, non comme émergent mais comme acteur de même niveau que les pays du Nord.

Alors est-ce qu’on peut dire que votre vision est de doter le Sénégal plus d’industriels ?

Il est évident qu’il y a 2 types d’économie en Afrique. Celle avec des gouvernements qui oublient la démocratie, qui gardent les peuples dans la misère, qui refusent l’éducation et ainsi ils dominent et s’accaparent les richesses. Machiavel avait très bien compris ce processus et le décrivait dans le Prince. Puis, il y a ceux qui veulent que l’espoir d’une vie meilleure se réalisent et qui cherchent à rendre autonomes leurs populations, par la création saine de richesses et leur redistribution à travers le travail, cela passe obligatoirement par l’industrie. Aucun pays dans le monde, aucune société dans le monde n’y est arrivé sans les industriels. Il suffit de regarder ce qui se passe en Europe, aux USA, en Chine et on doit se demander «Pourquoi pas nous ».

Donc le SPIS est le fer de lance du Sénégal, mais êtes vous soutenus ?

Le soutien, on le recherche. Regardez ce que vit la Compagnie Sucrière, il est où le soutien. Nous attendons que les ministres se mobilisent pour les défendre, dire que c’est anormal et qu’ils vont être avec ce fleuron du pays. Les ministres doivent rappeler à la presse qu’il faut toujours penser à l’emploi de 8000 salariés, de 20 000 paysans qui accèdent à l’eau, des 70 000 familles qui mangent, se soignent et se réalisent dans la région du Nord. Qui sera le « premier » à se lancer dans la bataille de soutien à la CSS et contre ce que l’histoire appellera les DIPA DU PERIL INDUSTRIEL ? Sous prétexte qu’une entreprise gagne de l’argent, elle est diabolisée et cela sert à justifier l’enrichissement d’une poignée d’importateurs.
Dans quel pays sommes-nous ? Que voulons-nous pour nos familles, nos enfants et nos jeunes ?

La CSS, parlons-en, que se passe t il ?

D’un coté, un marché de 150 000 T de sucre produit localement avec un outil industriel, du savoir faire, des débouchés pour les étudiants du Sénégal. De l’autre, une poignée d’importateurs opportunistes qui ont investi 200 000 F dans un bureau, 150 000 F dans un loyer, et tout au plus des manœuvres exploités, non déclarés pour charger les camions. Ces importateurs apportent quoi ? Qui achètera le sucre quand il n’y aura plus d’argents, de salaires, d’emplois. Il faut être réaliste. Venez construire une usine, cultivez la canne, venez faire pousser un champ là où il n’y a rien. Venez et quand vous aurez investi, vous aurez la joie de devoir combattre une poignée d’affairistes. Dans ce dossier surréaliste cette mauvaise gestion des autorisations d’importation finira par provoquer un désastre sans précédent pour le Département de DAGANA et pour tout le Nord. D’un gap à combler de 40 000 tonnes de sucre, nous avons des abus par autoritarisme au Ministère du Commerce de plus de 63 000 tonnes déclarées. Et au final , c’est une marée de sucre qui inonde le pays et personne ne veut l’arrêter. Nous en appelons au Président de la République car la CSS est déjà à genoux. L’histoire retiendra que le PERIL INDUSTRIEL était voulu, et si cela est possible pour la CSS nous pouvons craindre le pire avec les accords de libres échanges qui arrivent. COPEOL, les Grands Moulins de Dakar, SOCOCIM, DANGOTE, PATISEN, … qui viendra les détruire après.
La CSS est un fleuron qui a tout construit au milieu de nulle part. Imaginez qu’ils disparaissent, que restera t ‘il ? Qui entretiendra les canaux, qui donnera de l’eau, qui fournira de l’emploi déclaré, … pourquoi taper sur les meilleurs d’entre nous.
La CSS est un modèle et il en faut 10 autres dans le pays. Il faut que nos ministres nous aident au lieu de détourner le regard. Il est anormal que le pays abandonne ses fils sans travail pour des importateurs. Il est anormal que des pirogues de migrants désespérés croisent des bateaux d’importation de sucre. Protégeons notre économie, nos industries.

Est-ce les seuls problèmes que rencontrent les industriels ?

Il y a un manque de considération à notre endroit : Le ministère du commerce nous laisse en pâture à l’informel : détaxation des huiles importées alors que les trois raffineurs nationaux sont à l’arrêt, le ministre de l’environnement refuse de discuter avec nous et impose des lois sur le plastique sans concertation. Etant dans le secteur formel nous subissons une pression fiscale et douanière sans commune mesure avec ceux qui se contente d’importer. Le ministère de l’agriculture signe des accords avec le gouvernement chinois qui favorise l’industrie chinoise et mets nos huileries à l’arrêt. Il est temps que le pays mette enfin en place ce que le Président a demandé : un développement industriel et que le CNP et le SPIS soient les premiers à être consultés et considérés.

2 COMMENTAIRES
  • boynar

    Au lieu de pleurnicher, la CSS n, a qu, à respecter ses engagements de produire suffisamment de sucre de qualité pour satisfaire le marché sénégalais à des prix justes. Il n,y aura plus de gap à importer et donc plus de DIPA.

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