Abus des enfants : Coupable silence des adultes… Par Moustapha Diouck

Aujourd’hui encore, les Sénégalais se sont réveillés et sont partis au travail comme hier et avant-hier. A-t-on pris le temps de se questionner sur le sort des enfants victimes ? NON, car il ne s’agit pas encore de mon propre enfant ou celui du proche parent, ni même celui du voisin. Qu’est-ce qui me garantit que mon enfant ne fera jamais partie de cette ribambelle d’enfants abusés ?

Il urge aujourd’hui de situer les responsabilités, ce qui a toujours été fait, mais qu’est-ce qu’on a réellement fait sur le terrain, de manière opérationnelle pour la prévention/protection ? Chaque nouveau cas est une commande, un besoin de perfectionner le dispositif mis en place pour lutter contre ce phénomène inqualifiable. Il existe des textes réglementaires, des conclusions de grandes assemblées, des documents cadres, des conventions ou ratifications, des associations, des programmes, des lois, des résolutions, mais qu’est-ce qui touche directement l’enfant ? Ne parle-t-on pas aux adultes à la place de la cible ?

Du nécessaire apprentissage à la parenté

La prévention/protection est l’affaire de l’entourage immédiat de l’enfant et serait le premier rempart contre l’agresseur du milieu proche et rarement venant d’ailleurs. La seule et unique responsable demeure la famille. Le maillon faible de l’éducation de nos enfants est la mauvaise communication car il y a effectivement de la communication. Mais avec quel contenu ? Quels sont les parents qui se rappellent avoir discuté avec leurs enfants et permanemment de questions liées au sexe ? Quels sont les parents qui, voyant la métamorphose de leur enfant passant de l’enfance à la puberté, ont profité d’une situation pour aborder avec lui la question de la sexualité ? Un sujet toujours tabou. Les enfants, à l’ère du numérique, découvrent par eux-mêmes les réponses à leurs questionnements, et vidéos à l’appui, passent de l’idéalisme à l’essai sans l’intrusion d’un conseil alerte. Le pas à franchir est tout petit, mais que de dégâts incommensurables !

Il est temps de faire de la prévention un sujet ouvert, accessible, partout où on trouve cette frange de la population si vulnérable. A défaut de la faire faire par les parents, parfois pudiques, il incombe à la communauté (collectivités territoriales) de proposer des stratégies concrètes de mise en situation pour en débattre dans tous les quartiers sous la direction les leaders communautaires, les personnalités modèles et influentes qui, à la place des parents et programmes pudiques, pourront débattre avec les enfants, dans un cercle restreint ou en atelier, sur des thématiques liées à la sexualité, aux attouchements, aux signes déplacés,… Au-delà, il serait nécessaire de passer par une approche socioreligieuse pour déconstruire les clichés installés et proposer des comportements responsables en phase avec la moralité du groupe cible.  Pour ce, des professionnels dédiés existent et doivent être mis au-devant de la scène, à la place des animateurs et experts de circonstance.

Halte à la complice expectative

Chers tous, ne pas se lever comme un bouclier est suicidaire. Reconnaissons l’échec dès l’instant qu’il y a une banalisation d’un phénomène aussi choquant sans solution et qui conquiert du territoire à une vitesse vertigineuse. Nos enfants ne sont pas à l’abri. Ces petits innocents ne sont pas à juger, couvrons-les d’un drap immaculé. Que de honte bue ! Que de chocs subis ! Que de cauchemars sans assistance ! Mais aussi que de parents insouciants ! Nous sommes beaucoup plus des adultes vivant avec des enfants qui ne nous ont pas choisis comme parents ; ne leur ferons pas regretter le choix du Seigneur, jouons notre partition, incriminons-nous pour avancer. Méritons nos charges, nos responsabilités et à défaut, n’ayons pas le complexe de demander de l’assistance à qui de droit.
L’éducation des enfants est un sacerdoce sociétal, on ne l’impute pas à un Etat, à un système éducatif pour ensuite croiser les bras. Evaluons-nous. Osons-nous nous regarder dans un miroir et continuer notre chemin comme si tout se passait comme dans le meilleur des mondes possibles ? Nous devons nous lever et crier J’ACCUSE avec un doigt accusateur, mais un doigt levé vers qui ?
O Pays, dis-moi comment tu as éduqué tes enfants, je te dirai quel avenir tu auras !

3 COMMENTAIRES
  • Mamadou Diouck N 'DAALI

    Excellent plaidoyer pour une cause sans commune mesure avec les dramatiques conséquence de toute négligence sur la vigilance et les égards de rang dont profitent les pervers à l’affût. Aucune tradition n’est ici coupable, seuls les adultes le sont dans chacun des drames aux effets toujours séculaires.
    Merci pour ce cri Mr DIOUCK

  • Mamadou Diouck N 'DAALI

    Excellent plaidoyer pour une cause sans commune mesure avec les dramatiques conséquence de toute négligence sur la vigilance et les égards de rang dont profitent les pervers à l’affût. Aucune tradition n’est ici coupable, seuls les adultes le sont dans chacun des drames aux effets toujours séculaires.
    Merci pour ce cri Mr DIOUCK

  • Sarr

    C’est un plaidoyer très fort qui interpelle tout parent. Merci pour cette réaction.

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