Les révélations faites par M. Mamadou Ndoye «Mendoza», ex-Secrétaire général de la Ligue démocratique (LD), via l’émission «Objection », sont d’une gravité extrême: «Quand j’ai été élu Secrétaire général, je suis allé dans le cadre de l’alliance me présenter au président de la République. Le président de la République m’a proposé ceci : Mamadou je te donne un poste de ministre Conseiller ou bien comme je le fais ]comme] pour d’autres, je te donne 4 millions (FCFA) par mois », a lâché le successeur du professeur Abdoulaye Bathily à la tête de la LD.
Plus grave, le Secrétaire général du Gouvernement, M. Seydou Guèye, en guise de réponse, confirme ce que l’on pourrait qualifier d’un vrai scandale républicain : « M. Ndoye avait accepté d’être personnellement appuyé, tous les mois, à hauteur de 4 millions, c’est-à-dire à hauteur du traitement des ministres d’État, c’est ça la réalité des faits »…
Peu de jours avant cela, le Président de la République, M. Macky Sall avait pris la décision historique de nommer son frère cadet, Aliou Sall, Directeur général de la Caisse de Dépôt et de Consignation. Ce, à travers un communiqué, publié suite au Conseil des Ministres du 11 septembre 2017, libellé comme suit : « Monsieur Aliou SALL, Conseiller en Planification, titulaire d’un Master en Administration publique, est nommé Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, en remplacement de Monsieur Thierno Seydou NIANE ».
Or, Lors du Forum international pour la paix et la sécurité au Sénégal, Marwane Ben Yahmed, envoyé spécial de Jeune Afrique interpellait le chef d’Etat sénégalais sur l’implication des familles présidentielles africaines, dans la gestion des affaires publiques. Macky Sall, sans équivoque, se laissa aller : « Je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays. Si mon frère a été amené à être cité dans des affaires de sociétés privées, c’est parce que je lui avais justement indiqué très clairement, dès ma prise de fonctions, qu’il ne bénéficierait jamais de ma part d’un décret de nomination, (…) parce que je ne voulais pas être accusé de népotisme ». Comme si le Président Sall, n’éviterait plus dorénavant « d’être traité de népotiste » !
Ces deux actes gravissimes constituent, à n’en pas douter, de réels motifs pouvant faire tomber n’importe quel régime, dans un Etat démocratique. Tenez-vous bien, les membres de « Bennoo Bokk Yaakaar » répètent à tout bout de champ, que leur conglomérat compterait plus de cent partis. Si le Président de la République se permet d’attribuer à chaque chef de parti, une bagatelle de quatre millions de francs Cfa, par mois, cela ferait au total, un gâteau de 400 millions de francs Cfa de prébende à distribuer au sein de cette alliance politique, dénommée « Bennoo Bokk Yaakaar » !
C’est un de leurs éminents membres, en l’occurrence, M. Mamadou Ndoye, ex- Secrétaire général de la Ld qui en a fait la révélation. Il est vrai que d’autres, avant lui, avaient déjà vendu la mèche, en parlant même d’une trentaine de millions, par parti et par mois. Quel qu’en soit le montant, il est manifestement indécent, pour une bande qui avait juré de chasser le Président Wade du Pouvoir, afin d’instaurer « une gouvernance sobre et vertueuse »,de céder à des pratiques aussi malsaines, une fois arrivés à la tête de l’Etat. Rien ne pourrait justifier un tel pillage honteux des maigres ressources de notre pauvre République. C’est là, une des pires formes de corruption, jamais tolérée dans un Etat qui se veut émergent. Comment peut-on concevoir qu’un politicien véreux n’exerçant aucune profession, gagne indûment par mois, plus que ce que gagneraient tous les paysans réunis de Keur Bakka, au bout d’une saison agricole, pour la simple raison que le politicien peinard, s’est débrouillé pour avoir un récépissé et a adhéré à la Coalition au pouvoir ?
Voilà ce qui pourrait expliquer, pourquoi l’élite dirigeante en Corée et en Malaisie ait réussi à conduire leurs pays vers l’émergence, après 57 ans d’indépendance, au moment où l’élite dirigeante en Afrique, bat des records en contreperformances économiques et sociales, après 57 ans d’indépendance !
C’est dans la même logique de mal gouvernance, que s’inscrit la récente nomination d’Aliou Sall, au poste de directeur général de la CDC par son frère de président. Ceux qui tentent de défendre une telle perfidie, n’hésiteraient pas à défendre demain, la candidature de M. Aliou Sall, à la Présidence de la République, au terme d’un éventuel deuxième mandat de son frère Macky Sall, en usant des mêmes faux arguments.
Nous ne pouvons pas faire fi de la vertu et de l’éthique, si nous voulons bâtir un Etat de droit, où les Sénégalaises et les Sénégalais, vivront en parfaite symbiose, jouissant équitablement, de leurs libertés fondamentales ainsi que de leurs pleins droits.
*Ancien Ministre
Chargé de la Communication, Porte-parole de la Présidence
de la République, chargé des Affaires religieuses.
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