Annoncée depuis plusieurs mois dans le cadre de la réforme budgétaire 2025, la Taxe sur les Transactions d’Argent (TTA) est officiellement entrée en vigueur au Sénégal. Fixée à 0,5 % du montant de chaque opération, elle marque une nouvelle étape dans la volonté de l’État d’élargir son assiette fiscale tout en s’adaptant à l’essor des paiements numériques.
Un dispositif fiscal né de l’essor du mobile money
Depuis une décennie, les transferts d’argent et les paiements électroniques connaissent une croissance fulgurante au Sénégal, portée par l’expansion du mobile money, la dématérialisation des services publics et la bancarisation progressive des populations.
Cette évolution a profondément transformé les habitudes financières : le mobile money représente aujourd’hui l’un des principaux canaux de circulation monétaire du pays, dépassant même certaines opérations bancaires traditionnelles.
Pour accompagner cette dynamique, mais aussi en capter une part au profit de l’État, les autorités ont introduit la TTA, un mécanisme déjà expérimenté dans plusieurs pays africains confrontés aux mêmes enjeux de digitalisation et de pression fiscale.
Une taxe de 0,5 % appliquée à chaque opération
Concrètement, la taxe s’applique à toutes les transactions électroniques, qu’il s’agisse : de transferts d’argent, de retraits via les plateformes financières ou les opérateurs de mobile money, de paiements effectués par voie digitale.
Son taux, fixé à 0,5 %, est prélevé automatiquement lors de l’opération. L’État prévoit ainsi de sécuriser une nouvelle source de revenus, jugée plus stable, face à l’érosion observée dans d’autres segments de l’économie.
Des exonérations pour préserver les opérations sociales
Afin de limiter l’impact sur certaines catégories de populations et d’éviter une surcharge sur les revenus essentiels, plusieurs opérations sont expressément exemptées de la TTA : les salaires,
les bourses d’études, les dépôts d’espèces, les virements bancaires classiques.
Ces exclusions visent à préserver les mouvements financiers considérés comme sociaux ou indispensables, tout en évitant une hausse indirecte du coût de la vie pour les ménages les plus vulnérables.
Une mesure qui suscite débat
Si le gouvernement défend une « taxe juste et moderne », plusieurs voix s’inquiètent déjà d’un risque de renchérissement des services financiers numériques.
Certains analystes craignent que la mesure n’encourage un retour aux opérations en espèces, au détriment de la traçabilité des flux financiers, alors même que l’État cherche à renforcer la digitalisation.
D’autres estiment toutefois que la TTA pourrait, à terme, stabiliser les recettes publiques sans freiner significativement l’usage du mobile money, tant celui-ci est devenu indispensable dans les échanges quotidiens.

Gouvernement dioutiii