Rewmi en eaux troubles (Par Assane Samb)*

La destitution de Déthié Fall en sa qualité de numéro 2 du parti Rewmi par le secrétariat national de cette formation politique, ce dimanche, est une mesure sanctionnant la témérité d’un député qui a osé nager à contre-courant de la dynamique de retrouvailles entre Macky et Idy.

En effet, la sortie de Déthié Fall ce vendredi à l’Assemblée nationale ne laissait planait aucun doute sur le fait qu’il tenait à rester constant dans sa posture d’opposant, ce qui, manifestement, ne saurait plaire à son mentor.

Nous avions relevé le caractère insolite de la situation mais nous la mettions sous le compte de cette ambivalence des positions des partis qui, souvent, soufflent le chaud et le froid, disent une chose et le contraire.

Mais, en réalité, Déthié avait pris une démarche solitaire. Il a tenu à se désolidariser de la posture de son mentor. Il semble être animé par la même frustration que la plupart de ses compatriotes par rapport à la formation du nouveau gouvernement. N’étant pas dans les secrets des dieux, il a exprimé, à sa façon, sa désapprobation.

Ainsi, Rewmi fonctionnant comme tous les partis politiques où le leader décide de la pluie et du beau temps, l’ex-numéro a été démis de ses fonctions sans pour autant avoir été exclu du parti ou avoir démissionné. Du moins pour l’instant.

En conséquence, il ne perd pas son poste de député que seule sa démission du parti peut provoquer.

Une situation symptomatique d’un malaise que l’on peut qualifier de profond au sein de Rewmi.

Déthié en sa qualité de numéro 2 a toujours incarné ‘’l’Idysme’’, c’est-à-dire la ligne tracée par son mentor au point que certains ne manquaient pas de dire qu’il était à l’origine de l’immobilisme.

Il a toujours été proche de ce dernier, ce qui l’a valu cette importante ascension.

Aujourd’hui, sa destitution du poste de numéro 2 sans que son successeur n’ait été connu dans l’immédiat en dit long sur la profondeur des incompréhensions dans le parti.

Et Fall est loin d’être le seul. Comme tous les partis ou mouvements politiques qui ont décidé de quitter l’opposition pour la majorité, une crise interne est née atténuée ou amplifiée.

Des cadres et de simples militants ont effet estimé ne pas partager cette option et certains ont soit démissionné soit été exclus. Et même s’ils restent, ils seront désormais déconnectés de leur parti.

Ce sera certainement le cas pour Déthié Fall. L’opposition s’enrichit d’un lieutenant très proche d’Idy qui, même s’il ne démissionne pas, n’aura plus rien à faire à Rewmi.

Une situation confirme ce que nous écrivions des conséquences des négociations secrètes entre Macky et Idy.

Certes, le Président de la République va élargir sa majorité, mais, les contrecoups de cette démarche, seront que beaucoup de frustrés de son parti et de sa coalition vont grossir les rangs de l’opposition, publiquement ou secrètement.

Macky et Idy ont fait leur pari mais ça ne sera pas sans conséquences. Il y aura beaucoup de situations qui vont se passer et qu’ils n’avaient pas prévues.

Car, contrairement à du bétail, l’homme est un animal réfléchi capable de faire ses choix sans être forcément influencé. Cette liberté fait justement que les coalitions ne peuvent pas garantir une jonction mathématique des forces politiques.

Elles vont toutes subir des secousses et entrer, pour certaines, dans une forme de déliquescence avancée.

Comme quoi, Idy et Macky maîtrisent moins la situation qu’ils ne le pensent.

* Assane Samb

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