Retro 2024 – De Dakar à la tourmente : Chute d’Amadou Ba, une descente éprouvante

Amadou Ba dans la tourmente. Une expérience pénible, comment rebondir ? L’année 2024 a été particulièrement éprouvante pour Amadou Ba, ancien Premier ministre du Sénégal. Une série de revers politiques et personnels ont marqué une véritable descente aux enfers pour celui qui fut un proche collaborateur du président Macky Sall. Pourtant, en dépit des épreuves, l’avenir reste une page à écrire pour cet homme politique de premier plan.

Une trahison interne et une campagne sous tension

Les premières difficultés d’Amadou Ba sont survenues au sein de sa propre coalition, Benno Bokk Yakaar (BBY), dirigée par son mentor, Macky Sall. Accusé de corruption dans une enquête parlementaire diligentée par ce dernier, Amadou Ba a vu sa crédibilité fragilisée dès le début de l’année. Cette enquête, qui impliquait également deux juges du Conseil constitutionnel, a conduit au report de l’élection présidentielle initialement prévue en février 2024.

Malgré une révision de la date présidentielle au 24 mars, les relations entre Macky Sall et Amadou Ba se sont dégradées. Sans le soutien financier et logistique de son parti, le candidat de BBY a dû mener une campagne sous haute tension, manquant des moyens nécessaires pour rivaliser efficacement avec ses adversaires.

Une défaite honorable mais lourde de conséquences

Lors du scrutin du 24 mars 2024, Amadou Ba est arrivé deuxième avec 35 % des suffrages, derrière Bassirou Diomaye Faye, le candidat de la coalition Diomaye 2024, élu cinquième président du Sénégal. Ce score, bien que respectable, constitue une humiliation pour BBY, habituée à dominer les élections présidentielles.

Accusé de trahison par ses anciens camarades de l’Alliance pour la République (APR), Amadou Ba a fermement démenti ces allégations, affirmant n’avoir jamais agi contre les intérêts de Macky Sall. Pourtant, cette fracture interne a laissé des séquelles profondes, marginalisant davantage l’ancien Premier ministre.

Une débâcle législative

Amadou Ba a tenté de rebondir lors des élections législatives du 17 novembre 2024. En rupture avec l’APR et BBY, il s’est présenté sous la bannière de la coalition Jamm Ak Njarin, espérant capitaliser sur les 35 % obtenus à la Présidentielle. Cependant, cette stratégie s’est révélée infructueuse.

Dans le département de Dakar, autrefois son bastion électoral, Amadou Ba n’a obtenu que 7 sièges sur 165 au niveau national. Une déconvenue qui a consacré la perte de son influence politique et de son titre de chef de l’opposition, désormais détenu par Takku Wallu, la coalition dirigée par Macky Sall.

L’heure des choix : comment rebondir ?

Amadou Ba se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Après avoir subi deux échecs successifs, il doit repenser sa stratégie politique pour regagner la confiance des Sénégalais. Plusieurs pistes s’offrent à lui :

Reconstruire une base militante solide : S’éloigner des querelles partisanes et s’investir dans des projets sociaux et économiques concrets pourrait lui permettre de rétablir sa crédibilité.

Nouer de nouvelles alliances : Dans un paysage politique en mutation, il pourrait envisager des alliances stratégiques avec des acteurs émergents ou des figures marginalisées de l’opposition.

Se positionner pour les élections locales : Les échéances de 2026 pourraient être une opportunité pour tester sa capacité à reconquérir des fiefs électoraux, notamment à Dakar.

Proposer un projet innovant : Amadou Ba devra incarner une alternative claire et crédible face à ses adversaires. Cela passe par une refonte complète de son programme politique, articulé autour des priorités des Sénégalais.

Une route semée d’embûches

Pour Amadou Ba, le défi est immense. Entre un Macky Sall déterminé à rester influent, une nouvelle génération de leaders politiques qui monte en puissance, et une population désabusée, il lui faudra faire preuve de résilience et d’ingéniosité pour retrouver sa place sur l’échiquier politique sénégalais.

Seul le temps dira s’il parviendra à transformer cette traversée du désert en une renaissance politique ou s’il s’effacera définitivement du paysage politique.