Pr Moustapha Kassé : « Le Plan Sénégal émergent manque terriblement d ‘ambition »

Le Plan Sénégal émergent (PSE) manque terriblement d’ambition a déclaré samedi à Dakar, le professeur agrégé d’économie et doyen honoraire de la faculté des sciences économiques et de gestion Moustapha Kassé, selon une dépêche de l’agence Apanews.

M. Kassé animait une conférence sur le thème « Quelles trajectoires vers l’émergence ? Les enjeux de l’industrialisation au Sénégal », dans le cadre des rencontres mensuelles dénommées « Les samedis de l’économie » organisées par la Fondation Rosa Luxemburg et l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (ARCADE). « Il est possible, en mobilisant la communauté nationale et le partenariat mondial, d’arriver à une croissance économique à deux chiffres », affirme le professeur Kassé.

Les autorités sénégalaises ont comme objectifs avec le PSE qui a été plébiscité par les partenaires techniques et financiers (PTF) les 24 et 25 février dernier, d’arriver à une croissance de l’ordre de 7% à l’horizon 2018. Mais pour M. Kassé « le Sénégal doit avoir des ambitions plus grandes ». Il ajoute d’ailleurs que tous les plans du pays ont manqué d’ambition.

De l’avis de cet agrégé d’économie, si les recettes néolibérales ont échoué au Sénégal, c’est qu’on a essayé de développer le capitalisme sans pour autant asseoir une classe entrepreneuriale locale. Pour parvenir à une industrialisation au Sénégal, il préconise cinq de pistes de solutions, affirmant qu’«il faut faire de l’industrie un enjeu national pour reconstruire sa réémergence ». La deuxième piste est l’établissement des supports institutionnels (cluster et pôles de compétitivité) et financiers (système financier flexible et de proximité) d’appui à la politique industrielle.

Le professeur Kassé préconise en troisième lieu de créer des externalités positives dans le domaine des infrastructures routières, énergétiques et hydrauliques ainsi que de la formation des ressources humaines. La quatrième piste de solution émise par l’économiste sénégalais est de promouvoir une politique sociale fondée sur deux principes : la justice sociale et l’égalité de chances. Enfin M. Kassé suggère de rompre avec le modèle de consommation extraverti et de soutenir le patriotisme économique qui suppose la préférence nationale.

Auparavant, Demba Moussa Dembelé, le président de ARCADE a laissé entendre que le PSE s’inscrit dans le paradigme néolibéral. « L’accent mis sur les réformes pou rendre le Sénégal plus attractif aux investisseurs étrangers, le recours au partenariat public-privé et d’autres mesures destinées à satisfaire les exigences des partenaires traditionnels, relèvent des politiques néolibérales qui ont déjà fait faillite et ont conduit le Sénégal sur la liste des pays les moins avancés », soutient M. Dembelé. Dès lors, s’est-il interrogé, le PSE peut-il réussir là où toutes les politiques néolibérales passées ont échoué.

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