Ce 16 mai 2024, Jean-Luc Mélenchon, président du parti français La France Insoumise (Gauche), a participé à une conférence à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, organisée par le parti Pastef – Les Patriotes (Souverainiste) dirigé par Ousmane Sonko, également Premier ministre du Sénégal. L’événement a rassemblé des étudiants, des invités et plusieurs journalistes.
Au cours de son intervention, Ousmane Sonko a clairement exprimé son opposition à la légalisation de l’homosexualité au Sénégal et l’acceptation de la polygamie au Sénégal.
Jean-Luc Mélenchon, réagissant à ce propos, a utilisé la même franchise pour répondre à ces questions sensibles.
Voici la réponse de Jean-Luc Mélenchon.
Sur la question de l’homosexualité.
Je veux vous dire avec la plus grande netteté, par respect pour mes compatriotes, que je suis un homme absolument et radicalement engagé sur un point. Je veux vous remercier de l’aborder aussi franchement, président, car si on ne peut pas se parler franchement, alors on ne se parle pas. C’est une comédie. Nous venons de dire sur quoi nous sommes d’accord, je crois que vous l’avez entendu. Vous venez de dire sur quoi nous sommes en désaccord, je vous le confirme. En effet, je suis le premier législateur français qui ait déposé un texte de loi à propos de la possibilité du mariage homosexuel. Si vous voulez le savoir, je suis hétérosexuel, mais j’ai pensé que cette liberté d’amour devait être ouverte à tous ceux qui voulaient en bénéficier. C’est pourquoi je vous dis, les yeux dans les yeux, que j’assume la position politique que j’ai voulue. Je ne chercherai pas à vous l’imposer, mais il est inutile de parrer cette divergence comme d’une divergence qui viendrait entre les nations, car ce sont les petits réactionnaires et les petits racistes qui se sont opposés à cette disposition légale.
Sur la question de la polygamie
Je sais que dans mon pays, cette loi fut controversée. Comment l’avons-nous réglée ? Peut-être qu’un jour, vous-même, vous voterez sur ce sujet, mais vous ferez bien comme vous voudrez, et nous aussi. Mais, si nous partons de l’idée que chacun, ayant sa culture et ses traditions, doit les regarder du même œil, alors je dois aussi vous dire que je ne suis pas d’accord. Bien sûr, pour terminer sur ce sujet, je sais que les Français n’ont pas trop de leçons à donner sur la polygamie en ce qui concerne les pratiques présidentielles. Mais, cela ne m’empêche pas de penser, pour moi et pour mes compatriotes, que nous n’y sommes pas favorables à la polygamie. Et je vous le redis, il n’y aura pas non plus de concession intellectuelle de ma part sur ce sujet avec vous, tout comme vous n’en avez pas avec moi. Je l’ai entendu assez clairement pour que je puisse me permettre d’être aussi franc avec vous.
« On peut dialoguer et ne pas être d’accord. On peut dialoguer et être d’accord. »
Mesdames et Messieurs, je vous demande de prendre un instant de recul. Nous venons à cet instant de faire une démonstration : on peut dialoguer et ne pas être d’accord. On peut dialoguer et être d’accord. La révolution citoyenne sénégalaise m’a accepté, venant ici à l’invitation du Pastef, sachant qui je suis et quelles valeurs je porte, et vous m’avez écouté avec bienveillance. Vous venez d’entendre notre désaccord radical sur une question. Eh bien, il nous faudra vivre avec. En tout cas, je veux vous dire mon bonheur de vous avoir rencontrés et de penser que vous êtes la jeunesse du monde.