Lutte – Souvenir – Robert Diouf, la bête noire de Double Less*

Le combat entre Balla Gaye n°2 et Yékini était le prétexte de revisiter le passé entre Robert Diouf et Double Less. Le premier nommé est le père spirituel de Yékini et le second est le père légitime du «Lion de Guédiawaye». Entre les anciens champions, au- delà du respect qu’ils se vouaient, Robert Diouf est la bête noire du géant de Malifara qui n’a jamais pris le dessus sur lui. Le compte s’est arrêté à deux victoires contre un match nul sur les trois rencontres qui les ont opposés. Le Seigneur de Joal revient sur les trois (3) rencontres. Extrait du livre sur la lutte « Au-delà des millions et des passions » exploité par Senego. 

ROBINET LASSANA, LE DETONATEUR

«A l’époque, pendant l’hivernage, on interdisait les festivités avec les tam-tams. Alors, on prenait des pots de tomate pour en faire des tam-tams de fortune. C’était au célèbre quartier de Robinet Lassana. Il y avait un «mbapatt» et j’étais venu en spectateur. Double Less était de la partie et il avait terrassé tous les lutteurs. Il était géant, fort et j’ai dit à mes amis que je pouvais le terrasser. Mais ils n’étaient pas convaincus et ne voulaient pas que je participe au «mbapatt».

Ma tante habitait à côté et j’y ai pris un pagne pour en faire un «nguimb». Mais feu Abdou Diop, qui était un de mes fervents supporteurs, arrache le pagne. Finalement, je l’ai contourné et une petite fille est allée me chercher un pagne. Et quand je l’ai défié, personne n’en revenait. On avait démarré notre carrière en lutte avec frappe, mais en ce temps, il était plus coté que moi. Double Less était le favori, mais n’avait pas l’intelligence, ni tactique ni technique pour me battre.»

WEUR NDOMBA

«Après l’avoir bien observé, je lui prends la main et pénétré sa garde. J’étais rapide dans les enchaînements ; je lui fais une ceinture arrière («weur ndomba»). Ayant assuré une bonne prise, je l’attire vers moi et serre au niveau du ventre. C’est très douloureux. C’est au moment où il veut desserrer l’étau que j’en profite pour lui faire un croc-en- jambe avant et de le pousser à terre. C’était le désarroi de son côté, il n’en revenait pas.

Ce jour-là, j’ai reçu beaucoup de cadeaux et d’argent. Ne pouvant pas digérer la défaite, il fait des pieds et des mains pour m’affronter en lutte avec frappe, quelques mois après sa défaite en «mbapatt». Mais mes amis de toujours, Cheikh Diop, feu Mamadou Ndao et Sérigne Ndiaye ne voulaient pas du combat.»

DEUXIEME DEFAITE

«Pour cette rencontre, c’était lui aussi qui était le favori, car il alliait puissance et avait une bonne rallonge. Et quand il lutte, il pose une jambe devant et c’est celle de derrière qui dirige ses déplacements. C’est pourquoi Double Less était un adversaire difficile à manœuvrer. Par rapport à sa taille, il ne pouvait pas se déplacer rapidement. Après un round d’observation avec des balancements de bras, je lui envoie un direct qui l’ébranle. Il était énervé et quand je me suis déplacé, il m’a suivi aveuglement. Il a pensé que je l’attaquais dans les jambes, je mime l’action et il est entraîné par son poids. Je me saisis de son «daak», (gris-gris sous forme de lanière qui peut être porté par le lutteur et qui se situe au niveau de la poitrine). Après deux tentatives infructueuses, la troisième sera la bonne. Je tire de toutes mes forces, il s’affale à plat ventre.»

MATCH NUL

«Voulant coûte que coûte prendre sa revanche, on se rencontre une nouvelle fois au stade Iba Mar Diop. La troisième confrontation était plus difficile que les deux précédentes. On disait qu’aucun lutteur n’avait de chance si Double Less l’attrape. Ce jour-là, il a tenté toutes sortes de prises. On s’est battu, on a tout tenté, mais personne ne pouvait battre son adversaire. Finalement, c’est Mbaye Guèye («Tigre de Fass») qui est descendu des tribunes pour inciter les arbitres à arrêter le combat en ces termes : «Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient. Ce ne sont pas des esclaves, chacun a bien lutté, il faut arrêter», tonnait-il. Ce fut l’un des plus mémorables matches nuls de l’histoire de l’arène.»

*Extrait du livre sur la lutte sénégalaise « Au-delà des millions et des Passions » de Omar Sharif NDAO

2 COMMENTAIRES
  • sunu Sénégal

    Mbeurou demb

  • Boy thiocé

    Deux grands champions…

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