Lutte au Sénégal, halte au complexe de supériorité ! (Par Dr Samba Faye)*

Lutte au Sénégal, halte au complexe de supériorité ! (Par Dr Samba Faye)*

En tant que sénégalais et amateur de lutte, je suis consterné par cette tendance d’une certaine élite à penser que ce qui vient de nous est mauvais. C’est ce que Cheikh Anta Diop appelait le comportement de l’ex colonisé (qui apprécie tout à l’aune de son ex maître). La rupture, n’est pas une négation de soi mais trouver un coefficient multiplicateur à nos potentialités à travers un mix harmonieux.

Durant la saison 2022-2023, le CNG a enregistré 4078 licences dont 3098 pour la lutte sans frappe, 924 pour la lutte avec frappe, 36 pour la lutte olympique et 30 pour le Beach-wrestling.

Pour la lutte sans frappe, 556 galas (officiellement) ont été organisés sur l’ensemble du territoire national. Si on estime à 1,8 millions la mise par gala en moyenne, cela équivaut à plus d’un milliards. A cela il faut ajouter le petit commerce autour, le transport, le paiement des chanteuses, des batteurs et les marabouts entre autre.

En plus, un nouveau phénomène apparaît avec des jeunes qui ont créé des Web Tv générant des milliers de vues et donc des revenus pour ces entrepreneurs d’un genre nouveau. Leur activité fait vendre de la connexion à nos opérateurs de téléphonie et maintient en contact une certaine diaspora avec sa culture.

Concernant la lutte avec frappe, 76 galas ont été organisés à Dakar, générant des cachets officiellement déclarés s’élevant à 202.275.000 FCFA, contre 41.325.000 FCFA de droits d’organisation. A cela il faut ajouter les contrats de sponsoring, les droits télé et la publicité générés, les ventes de journaux (sunu lamb est un bel exemple), de t-shirts … Un petit calcul permet de constater que la lutte avec frappe aussi brasse des milliards .

Malgré une assistance quasi nulle de l’Etat, la lutte génère 10 milliards par an environ. A ce gain économique direct, il faut ajouter l’ancrage culturel créé et le sentiment d’appartenance nécessaire à la fortification du commun vouloir de vie commune (essentiel pour la stabilité nationale). La lutte renforce aussi le Label Sénégal pour dynamiser le tourisme (les spécialistes de marketing territorial ne me démentiront pas).

Avec une bonne intelligence situationnelle, on peut faire de ce secteur une industrie viable pouvant nourrir les milliers d’acteurs concernés. Prenons l’exemple du football qui n’est rien d’autre que 22 garçons courant derrière un objet plastique pour le faire passer entre deux poteaux ; quoi de plus ringard !!! Mais une élite avertie à su en faire une industrie faisant vivre joueurs, journalistes, tailleurs, jardiniers, menuisiers … C’est cela qu’on attend d’un dirigeant !
Dissipons_Nos_Ténèbres

* Par Dr Samba Faye
Enseignant chercheur en sciences de gestion
Porte parole de la RV

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