Lettre ouverte aux députés (Par Imam Takhiyou Kane)

Nous sommes des citoyens sénégalais qui aiment leur pays, le Sénégal. C’est à ce titre que nous nous adressons à vous, Honorables représentants du peuple.
Depuis 2016, le Pèlerinage est géré par une délégation générale, placée sous la tutelle du Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, en remplacement du Commissariat Général qui existait depuis l’Indépendance de notre cher Sénégal.
En tant que pèlerin habitué aux voyages entre Dakar et la Mecque, nous avons pu constater, de 2016 à 2019, une amélioration sensible au niveau organisationnel et de l’encadrement des Invités d’Allah (SWT). Depuis l’avènement de la Délégation Générale au Pèlerinage, on n’entend plus parler de laissés en rade ; les retards de vols à l’aller comme au retour, ont diminué de façon notable. En 2019, une innovation de taille a été notée : c’est l’ouverture du portail national facilitant l’obtention des visas qui, jadis, posaient d’énormes problèmes aux pèlerins (retard dans leur établissement, notamment).
En tant que guide religieux, volontaire dans l’encadrement j’ai constaté une amélioration notable intervenue dans l’encadrement religieux. La Délégation Générale au Pèlerinage a fait, de plus en plus, appel à des femmes spécialistes dans ce domaine, et il faut s’en féliciter, vu le nombre important des membres de la gente féminine parmi les pèlerins (les Mourchidates).
Mais cette année, nous avons noté, trois mois après le pèlerinage, une crispation et une détérioration du climat dans ce que Monsieur Abdoul Azize KEBE, le Délégué Général avait appelé « la communauté du pèlerinage » que tous les intervenants dans l’organisation du Pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam sont appelés à construire et à consolider.
Les raisons évoquées par certains organisateurs privés qui ont eu accès aux médias pour expliquer cette crise, tournent autour de la rentabilité financière du pèlerinage, essentiellement.
Humblement, nous sommes d’avis que le pèlerinage est d’abord un acte religieux, accompli par le musulman, conformément aux prescriptions de l’Islam avant d’être une activité lucrative.

Ceux qui en sont acteurs, ont le droit de défendre leurs intérêts mais ils ont aussi, le devoir de respecter les règles
C’est pourquoi, nous vous posons les questions suivantes :
Honorables Députés, que pensez-vous du cumul des dettes que des voyagistes privés doivent à des partenaires, ici et en Arabie Saoudite et qui s’élèvent à des montants dépassant l’entendement concernant les billets d’avion et le coût des services en Arabie Saoudite déjà payés par les pèlerins. Nous aurions appris que cela avoisine le demi milliard de francs CFA.
Honorables députés, que dites-vous de l’image de notre pays que de tels agissements ne font que ternir auprès d’un pays lié au nôtre par des relations fraternelles multiséculaires ? Le Pèlerinage n’est-il pas un instrument diplomatique ?
Honorables députés, que dites-vous du bien être du pèlerin qui n’est pas parmi les préoccupations soulevées par le groupe qui s’exprime dans les médias ?
Honorables Députés, nous comptons sur vous pour soulever ces questions devant la représentation nationale afin de démasquer les brebis galeuses qui fourmillent au sein de la Communauté du Haj et permettre ainsi aux voyagistes honnêtes d’exercer en toute sérénité leur travail d’encadrement des pèlerins, conformément aux engagements pris devant leurs frères et sœurs candidats au Pèlerinage. C’est cela le vœu des Autorités publiques, des citoyens et des musulmans.

Imam Takhiyou Kane
Guide Religieux, Encadreur Volontaire au Pèlerinage

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