L’essentiel et l’épisode, Par El Hadj Hamidou KASSE*

L’essentiel et l’épisode, Par El Hadj Hamidou KASSE*

Il faut remettre les choses à l’endroit. L’épisodique ne doit pas masquer l’essentiel. Certes, le jet des pierres au Campus social est inacceptable. Le tract, la déclaration et la manifestation avec du contenu, surtout dans un milieu censé abriter l’esprit, sont des modes d’action privilégiés en démocratie et en république. La conduite des auteurs doit être dénoncée vigoureusement et sans réserve. Les auteurs eux-mêmes méritent d’être sanctionnés à la mesure de leur acte antidémocratique et antirépublicain.

Derrière l’épisode, il faut cependant retrouver l’essentiel. Ce n’est pas le jet de pierre qui constitue l’événement. Informé par ma propre expérience professionnelle, je sais que ce qui est vendable médiatiquement relève généralement de l’affect, de l’émotion et du dérisoire. En la circonstance, on peut noter que l’effet médiatique est autrement beaucoup plus important que la petite poignée de vandales excités qui ont jeté des pierres. En outre, mesuré à la durée de l’événement, le temps de cet épisode est plutôt insignifiant. Dans un tableau d’art, il y a toujours un petit détail qui, même s’il est pauvre en signification, peut s’imposer comme l’élément immédiatement visible de l’ensemble. La substance peut en souffrir. De la même manière, ce qui est socialement utile peut faire les frais du sensationnel médiatique.

Le véritable événement se déplie sous les traits de trois actes hautement significatifs posés par le Président qui a adressé un discours d’espoir et de vérité aux étudiants dans ce mythique terrain de l’Université.

D’abord, la veille, jeudi 30 juillet, dans une salle archicomble du Grand Théâtre, et sous les ovations d’un public soucieux de l’excellence, le président de la République a célébré l’esprit. Il a communié avec de jeunes élèves sénégalais attentifs à la résonance de l’intelligence, entièrement conquis par l’exigence de performance, pour aujourd’hui et demain, dans la construction du Sénégal émergent.

Ensuite, ce vendredi 31 juillet, il est allé à la rencontre de la communauté universitaire, son milieu naturel parce que c’est là, après les terres du Sine, qu’il a façonné une partie essentielle de sa trajectoire. Pour la première fois dans notre histoire, un Chef d’Etat brave les dérives possibles pour poser les pieds à l’Université, campus social et académique compris, et rappeler, à des générations de cadets, qu’il a enduré comme eux les immenses difficultés communes à tous les étudiants issus des milieux démunis, leur rappeler, encore, et c’est dit avec force, qu’il a porté les mêmes combats.

Macky Sall a assumé, face aux milliers d’étudiants qui l’ont chaleureusement accueilli, un engagement physique, éthique et intellectuel admirable. Le courage, y compris et spécialement le courage politique, signifie d’abord la capacité d’écouter et d’entendre les complaintes et les plaintes de ses compatriotes pour leur apporter les réponses adéquates.

Enfin, la présence du Président de la République est elle-même le rappel des actes qui ont été posés, loin du populisme et des relents démagogiques:

  • 3 pavillons d’une capacité de 1044 lits (Fcfa 5 milliards);
  • projet de 10 000 lits pour les Universités ;
  • institution d’une bourse d’excellence de 60 000 Fcfa pour les nouveaux bacheliers ayant obtenu la mention Très bien/bien;
  • bourses sociales aux étudiants orphelins, ceux vivant avec un handicap et d’autres issus des familles modestes comme celles bénéficiaires des bourses de sécurité familiale;
  • bourses d’études de voyage pour les étudiants en Master;
  • 100 nouveaux laboratoires;
  • réhabilitation des facultés des sciences et de droit ;
  • généralisation de la LMD;
  • assurance qualité pour les filières professionnalisantes;
  • renforcement de l’offre avec les universités Amadou Maktar Mbow et El Hadj Ibrahima Niasse de Sine Saloum;
  • procédure transparente pour l’affaire Bassirou Faye…

Ce sont ces actes et ces acquis qui constituent l’événement, car ils touchent directement le vécu des étudiants et, donc, le devenir du Sénégal. Ils sont la marque insigne et indélébile de l’essentiel. Il est significatif et encourageant que l’opinion publique ait condamné énergiquement les agitations d’une poignée de porte-flingue.

*Génération UCAD 84/87
Membre fondateur de la première

Coordination des Etudiants de

Dakar /22 janvier 1987

3 COMMENTAIRES
  • lodo ndar

    c'est vraiment dommage Mr Kassel tout votre engagement est fondé sur le repli communautaire et vous ne rendez service ni à Macky ni au Sénégal. arrêtez! vous ne nous crachez que des balivernes

    • jii

      notre sénégal est en danger

  • ALY GUEYE

    Une chose est néanmoins sûre : l'UCAD a besoin de se séparer du système qui la dirige depuis des lustres. Elle a besoin d’une rupture. Implacable et profonde pour déconstruire le système pourri qui la ronge depuis des décennies. Mais encore, faudrait-il que cette rupture soit contrôlée et bien encadrée par des hommes qui croient, sincèrement, aux valeurs fondateurs de l'Etat.
    C’est-à-dire à l’égalité des hommes, à la justice, à la liberté, à la démocratie et aux valeurs du travail. Par ailleurs, est-ce que les étudiants qui tambourinent aujourd’hui pour la révolution croient réellement à ces valeurs ? Sont-ils mus par le seul et unique intérêt des études ? Croient-ils réellement aux idées qu’ils défendent et à la politique de société qu’ils présentent au peuple sénégalais? Ou au contraire, ne sont-ils pas que des futurs opportunistes manipulés par des politiciens qui constatent que devant eux, toutes les portes de salut sont fermées par le régime en place ?
    Mais le plus dur reste à faire pour améliorer le niveau déjà très faible de nos étudiants afin de s’employer à faire la promotion de l’excellence et du coup booster l’image de notre industrie académique. C’est ce défi qui doit être le nôtre !

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