Les circonstances du rétablissement du signal de Walf TV suscitent des interrogations inquiétantes !

Par décision n° 00022, le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Me Moussa Bocar THIAM, a retiré « définitivement » la licence de diffusion au groupe Walfadjri, éditeur de Walf TV, invoquant des « violations répétées des prescriptions législatives, réglementaires et contractuelles ». Cette action a pris effet immédiatement, avant même que la chaîne ne soit notifiée officiellement, plongeant ainsi l’organisation dans l’incertitude.

Cette mesure est survenue dans un contexte politiquement chargé, au lendemain d’un discours du président Macky Sall annonçant l’abrogation d’un décret électoral et l’annulation des élections présidentielles prévues le 25 février 2024. Walf TV, ayant couvert les manifestations déclenchées par cette annonce, a été accusée par les autorités de manquements réglementaires. Cependant, le 11 février 2024, le signal de la chaîne a été rétabli de manière inattendue, suite à une rencontre entre Cheikh Niass, PDG de Walfadjri, et le président de la République.

Mais hier, dimanche 11 février 2024, à la surprise générale, Cheikh Niass, PDG de Walfadjri, a annoncé que le signal de la chaîne vient d’être rétabli, ceci après une rencontre avec le président de la République. Lors de sa prise de parole sur la chaîne, le PDG a expliqué que c’est dans l’après-midi qu’on lui a indiqué que le président Macky Sall souhaitait le rencontrer. Il a indiqué à son interlocuteur que si le président souhaite le rencontrer, ce sera avec une délégation, mais il ne pourra pas aller voir le président tout seul. Cette demande a été acceptée. À la sortie de cette rencontre avec le président, le PDG a raconté comment le signal de la chaîne a été rétabli. Il indique que le président, après avoir échangé avec eux sur l’équilibre que doit avoir la chaîne ainsi que sur la réponse qui lui a été apportée, argumentant que la chaîne s’efforcerait d’être la plus équilibrée possible sachant que la chaîne a toujours été équilibrée, a appelé devant lui le président du CNRA, un organe indépendant dirigé par Babacar Diagne, l’ancien directeur de la RTS. Il a également appelé le ministre Me Moussa Bocar Thiam, pour leur donner l’ordre de rétablir le signal de Walf TV.

Ce qui nous amène maintenant à nous poser des questions sur le contenu et le déroulement de cette affaire, où une chaîne de télévision peut être tout bonnement coupée sans prendre toutes les précautions, notamment la notification officielle pour indiquer les raisons, et ensuite rétablir une chaîne de télévision simplement parce qu’elle a accepté de rencontrer le président de la République un dimanche soir. Si nous sommes heureux de voir que la chaîne retrouve enfin ses droits et donc la possibilité de faire son travail et de diffuser les informations comme elle l’a toujours fait, avec la liberté qui lui est attachée, nous sommes en droit d’être inquiets de la manière dont fonctionne l’administration. Une société comme le groupe Walfadjri, qui emploie au moins une centaine de personnes, peut du jour au lendemain perdre son signal en se basant sur de soi-disant violations des règles, mais le retrouver par le bon vouloir du chef de l’État, qui a appelé des organes afin de rétablir la chaîne.

Ce cas démontre la capacité d’intervention directe du président de la République dans des affaires médiatiques, ce qui peut être perçu comme une menace pour l’autonomie des organes régulateurs et la liberté d’expression. La rapidité du rétablissement de la licence, suite à l’interaction directe avec le chef de l’État, bien que positivement accueillie pour le retour à la normale de la diffusion de Walf TV, laisse planer des doutes sur la séparation des pouvoirs et l’influence des politiques sur les médias.

Nous avons également appris que des personnalités se sont mobilisées pour établir une médiation entre Walf TV et les chefs de l’État, et le nom de Pierre Goudiaby Atepa a été mentionné par le PDG lors de son intervention en direct sur la chaîne.

Cheikh Niass a exprimé ses remerciements au chef de l’État, tandis que le ministère a annoncé dans un communiqué que le signal avait été rétabli, faisant suite aux « regrets exprimés«  par le PDG du groupe.

Pour maintenir la liberté éditoriale qui a toujours caractérisé Walf TV, la chaîne devrait poursuivre son combat judiciaire. Ceci, jusqu’à ce que la justice confirme formellement son droit d’opérer librement, une démarche qui aura pour but de garantir son indépendance et à éviter toute forme de dépendance ou de redevabilité envers quelque partie que ce soit, y compris le Président Macky Sall ou le ministre concerné.

La diffusion d’une chaine de télévision ne doit pas dépendre d’un interrupteur où l’on joue a du ‘khouyou kamathie’.

Sidy Mbacké
Directeur de publication Senego.com

3 COMMENTAIRES
  • Shekhou

    Absolument d’accord avec cette analyse très pertinente

  • Ndiaye

    Wakhoofi d’ara, diakhasse rek demandent yerem

  • TruthHurts

    Walfajri va toujours pleurer Sidi Lamine Niass!

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