[Jeunesse et Entrepreneuriat] : A la découverte d’un jeune entrepreneur agricole

Jeunesse et Entrepreneuriat est une nouvelle rubrique sur Senego. Dans cette rubrique hebdomadaire, il sera question de mettre en lumière les efforts et réalisations des jeunes.

Jeune et ambitieux, Mathieu Aly Faye, 26 ans, est un entrepreneur agricole, éco-énergéticien, expert en développement local et développeur de solutions locales. Dans ce premier numéro de « Jeunesse et Entrepreneuriat », il accepte de partager son expérience avec nos internautes. Entretien…

Senego : « Parlez-nous de vos débuts dans le monde entrepreneurial »

J’ai très tôt travaillé dans le secteur privé et occupé des postes de responsabilité à Solar-ka, mais très tôt aussi je me suis rendu compte que je suis né pour entreprendre. J’ai allié cette conviction à mon attachement aux technologies, j’ai décidé alors de travailler pour moi en même temps en mettant en place mon bureau d’étude avec un cercle d’amis. Mes efforts commencèrent alors à porter ses fruits avec un grand projet d’appui au réseau des femmes rurales du Sénégal financé par PAN-Afrique dans le cadre de la promotion des alternatives aux pesticides chimiques dans la zone de la commune de Fandène.
Conscient du besoin de renforcement de capacités notamment en leadership et entreprenariat, j’ai alors décidé de démissionner et de participer au programme de Leadership Africain lancé par le Centre Songhaï Régional. Au terme de ce programme, j’ai décidé de mettre en place ma structure AGROBIZ CONSULTING GROUP qui est une entreprise œuvrant dans le domaine du développement local.

Quels sont les projets phares à votre actif ?

Mon start up Agrobiz Consulting Group travaille sur plusieurs projets communautaires dont les plus importants sont :
– Projet de rénovation urbaine avec la commune de Mont Rolland
– Projet de renforcement de capacité de jeunes et de femmes à travers Yeesal AgriHub
– Appui technique pour les femmes productrices dans la région de Thiès
– Projet de développement de la filière porcine dans la commune de Fandène
– Projet d’éducation environnementale en milieu scolaire
– Projet de valorisation des déchets avec le diocèse de Thiès
– Des projets agricoles avec des partenaires privés

Quelles sont les actions que vous avez déjà menées sur le terrain et vos perspectives sur le terrain ?

Depuis un an plusieurs actions ont été menées à savoir :
– Dans le domaine de l’agriculture appliquée à la santé un concept de thérapie occupationnelle a été développée avec le centre de santé mental de Dalal Xel, l’écothérapie qui est une approche thérapeutique qui se fait en contact avec la nature ;
– Projet de rénovation urbaine avec la commune de Mont Rolland ;
– Des programmes de formations en entreprenariat avec le centre de formation technique et professionnel de Don Bosco ;
– Programme de formation avec Yeesal Agri Hub ;
– Des projets Agricoles ;
– Des audiences communautaires …
Dans les mois à venir il s’agira d’asseoir beaucoup plus notre domination dans l’écosystème du développement local comme une entreprise qui travaille avec et pour sa population à travers les projets que nous allons mettre en place avec les communes et les ONG pour le bien être de la population.

Parlez-nous des difficultés rencontrées sur le terrain

Les difficultés ont été nombreuses mais deux sortent du lot à savoir le problème de moyens technique et matériel mais aussi la jeunesse qui défaut n’inspire pas confiance. Mais il faut dire que c’est une belle endurance puisque le challenge même de l’entreprenariat repose sur les difficultés et le plus important c’est de se relever lorsque tu tombes.

D’où est venue cette idée de s’intéresser au monde agricole et ses produits vu que vous êtes basés en milieu urbain ?

Le domaine du développement local ainsi que l’agriculture m’a séduit dès le bas âge, il faut voir que la première étape de la résolution de notre problème est de réaliser que la crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est totalement différente de ce que nous avons vu auparavant. Il ne s’agit pas de quelques problèmes dispersés ici et là. Cette crise est mondiale et multiforme. Ce qui est intéressant est que ces crises (sécurité alimentaire/pauvreté, chômage des jeunes, changements environnementaux), semblent être toutes liées – suggérant que nous avons devant nous, un problème systémique, une crise complexe) qui exige une approche holistique et large. Mais malheureusement, la plupart des solutions que nous avons vues jusqu’à présent semblent être des thérapies fragmentées et symptomatiques qui fonctionnent à peine. Dans les meilleurs cas, ces solutions sont tout simplement des mesures de fortune ou de bricolage. Dans la plupart des cas, elles finissent par créer plus de problèmes.

En partant de ce constat je me suis toujours intéressé à la recherche d’une solution durable basée essentiellement sur l’exploitation de ces principes pour inventer des nouvelles trajectoires technologiques et de développements appropriés : un système de développement intégré qui crée organiquement des liens dynamiques et de synergie entre l’environnement, l’agriculture, l’industrie et les services et aussi au sein de chacun de ces sous-systèmes. Mais à la base de cette pyramide il y a l’agriculture d’où l’intérêt que je porte pour l’agriculture.

Selon vous, quels sont les secteurs porteurs de croissance au Sénégal ?
D’une manière simplifiée ces secteurs sont :

– Agrobusiness
– TIC
– Les ressources minières
– Bâtiments et immobiliers
– Tourisme et l’écologie

Que pensez-vous de l’entrepreneuriat des jeunes au Sénégal ?

L’entreprenariat en Afrique francophone en général et plus particulièrement au Sénégal est à la traine par rapport à l’Afrique anglophone mais aussi les conditions ne sont pas propices pour stimuler l’entreprenariat au niveau de la jeunesse sénégalaise. Le système bureaucrate instauré depuis par le colon fait que cette mentalité n’est pas développée.

Jugez-vous satisfaisant les mesures de l’Etat pour propulser entrepreneuriat au Sénégal ?

Selon moi il reste beaucoup à faire dans ce domaine, ainsi je suggère que l’Etat puisse de plus en plus réduire les taxes sur les petits et moyennes entreprises, de régulariser le statut de l’entrepreneur social et de mettre en place des programmes de renforcement technique sur le terrain surtout du moment où les jeunes manquent d’expériences.

Quels conseils donnerez-vous aux jeunes qui veulent s’essayer dans l’entreprenariat surtout celui touchant l’agriculture et ses dérivées ?

Je leurs dit tout simplement d’essayer de commencer petit mais de rêver grand et se mettre dans la tête que c’est le moment ou jamais et qu’ils ne perdent jamais soit ils gagnent soit ils apprennent.

Je remercie l’ensemble de l’équipe de Senego pour cette belle initiative et dire que la meilleure manière de lutter contre le chômage est de transformer les jeunes en entrepreneurs. Ce n’est pas que seulement mon œuvre, mais une implication de chacun et de tous, pour une communion de vision et une synergie d’actions. Je suis convaincu que les solutions à nos problèmes aujourd’hui ne peuvent plus être trouvées dans nos attitudes et logique actuelles. Nous devrions voir nos vies comme une partie d’une mission difficile consistant à développer de nouvelles structures mentales et opérationnelles qui sont basées sur ce que nous savons maintenant du fonctionnement de notre monde.

Le défi reste entier, et la tâche qui nous incombe est exaltante. Mais j’ai la foi et la conviction intime, qu’elle ne sera jamais au-dessus de nos capacités, de notre courage, si nous y mettons de la détermination et une bonne dose de volonté.

Rubrique animée par Ankou Sodjago (sodjagojustin@gmail.com)

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