Ibrahima Moctar Sarr: « Le système mauritanien est raciste, féodal et esclavagiste »

Ibrahima Moctar Sarr, président de l’Alliance pour la justice et la Démocratie/ Mouvement pour la réconciliation (Ajd/Mr) étiquette le système mauritanien comme « raciste, féodal et esclavagiste » .

Le système mauritanien est « raciste, féodal et esclavagiste » à cause de « la séparation des races et les anciennes institutions féodales de ce pays qui sont toujours gardées » a déclaré M. Sarr.

« Je mène mon combat en essayant surtout d’axer sur la conscientisation des populations Négro-Africaines de leurs situations, de véhiculer le message à travers le monde entier pour que les gens comprennent ce qui se passe en Mauritanie mais aussi, de chercher parmi les Maures blancs ceux qui, finalement, accepteront de travailler dans le sens d’une Mauritanie égalitaire et qui viendront se joindre à nous pour qu’il y ait une rupture demain« , a analysé dans Sud Quotidien Ibrahima Moctar Sarr

La sous-représentation des Négro-Africains

Un des fondements de ce système, a-t-il indiqué, qui doit être attaqué est la sous-représentation des Négro-Africains en ce qui concerne le plan économique, politique, culturel, religieux, militaire et administratif.

« Le système a atteint le niveau top où les autres communautés, principalement les Négro-africains sont complètement balayés de la scène nationale. Ils n’existent nulle part. Ce système est clos et les Noirs qui sont actuellement en Mauritanie ne peuvent pas, à partir de leurs actions politiques, renverser la vapeur » a-t-il indiqué.

En lançant « l’arabisation systématique du pays« , Mokhtar Ould Dabbah, a suscité des frictions dès le départ avec la loi de 1966 qui stipule que « tous les élèves qui n’auraient pas la moyenne en Arabe ne passent pas« . Un blocage systématique pour les élèves Négro-africains » était créé.

« Le Sénat était détenu par un Négro-Africain, Sénateur Ba Mbaré. Mais depuis sa mort, les Négro-africains n’ont accès à aucune institution. Je crois que d’ici 5 à 6 ans, il n’y en aura plus dans l’administration« ,  soutient le président de l’Ajd/Mr.

La déportation des Négro-Africains

M. Sarr souligne aussi le grave impact de la déportation des citoyens. Car, pendant le génocide, Maaouiya a déporté beaucoup de gens au Sénégal et au Mali. Jusquà présent beaucoup restent dans leurs pays sans papiers, une autre forme de déportation plus subtile.

Les déportations ont aussi ramené un marché pour le trafic humanitaire qui reste encore « non-réglé« .

Changer le système

Lorsqu’il dit que ce n’est pas possible pour le système de pouvoir se déconstruire.  Il suggère aux peuples qui, en ce moment, sont trop intéressés par le changement de régime, d’essayer de changer le système.

« Quand ils manifestent dans la rue, ils posent le problème de la cherté de la vie, de la dictature du Président, de la gabegie qui existe, que le président est en train de s’accaparer des biens du pays, qu’il veut faire un troisième mandat… Ils ne s’attaquent pas à l’essentiel des problèmes des Négro-Africains comme par exemple, celui de la biométrie, de la discrimination raciale au niveau de l’administration, de leur mise à l’écart dans les structures militaires et spirituelles du pays. »

Le président de l’Alliance pour la justice conseille « de conscientiser les Haratines, afin qu’ils refusent de jouer ce rôle-là et de demander ses droits comme citoyens à part entière dans ce pays. »

Ibrahima Moctar Sarr demande aussi de donner une prime aux mariages mixtes. Ce, afin d’encourager l’intégration sociale. Une solution qu’il a proposée pendant sa campagne pour la Présidentielles de 2007.