Hommage à Serigne Mansour Sall (Par Idrissa Dioum)*

Au Sénégal, nous avons la fâcheuse habitude de ne rendre hommage à nos grands hommes que lorsqu’ils passent de vie à trépas. Dans la métaphysique musulmane, il est communément fait référence à la parole coranique qui dit que ceux qui sont morts sur le chemin d’Allāh, ne sont en vérité pas morts et vivront éternellement après. Leurs œuvres se perpétuent à travers le temps, tel est le destin de Serigne Mansour Sall (ra) qui vient d’être mis sous terre, une graine en cet hivernage, grand arbre à l’ombre utile il adviendra de son œuvre.

Fils aîné et héritier de l’immense savant, Faqīh spécialiste de la jurisprudence musulmane, poète, mystique et écrivain parmi les plus prolifiques au Sénégal: Serigne Abass Sall de Louga. Serigne Mansour Sall est né et a grandi sous le regard bienveillant de son père en 1940. Après ses études dans le giron familiale, il poursuivra à l’étranger en Tunisie et en France où il sortira coiffé d’un Doctorat en Philosophie et Théologie Musulmane en Arabe et en Français. De retour au bercail, il mettra tous ces diplômes de côté car disait-il « je suis rentré en trouvant mon père ayant mieux compris et assimilé tout ce que j’avais appris sans avoir eu besoin de sortir du pays ». Une phrase qui sous-entend que la science la vraie et celle qui est suivie de la piété. Serigne Mansour en fera son maître mot, plus tard, lorsqu’il succède à son père à la tête de la communauté en 1990. Son Khilafa est placé sous le thème de l’unicité d’Allāh ou le Tawhid, sur fond de combinaisons entre « al ‘Ilm wal ‘amal » c’est-à-dire la quête de la connaissance et le travail sans relâche.

Pour parachever sa noble mission, il défriche des milliers d’hectares de terre pour s’adonner à l’agriculture, en parallèle ses revenus lui permettent de créer des écoles pour contribuer à l’éducation des masses à l’exemple de l’école Abass Sall de Dakar. Son vénéré père enseignait d’ailleurs parmi ses maximes que: « Ceux qui auront le plus de mérite demain c’est bien ceux qui auront réussi l’éducation de leurs enfants aujourd’hui », des mots dont la quintessence a été mise en application par Serigne Mansour Sall. Serigne Abass Sall disait aussi : « À cette époque les gens dorment à poings fermés, les prêches tombent dans l’oreille d’un sourd ; il convient donc de réveiller les dormeurs d’abord tel est l’attitude à adopter ». Ce à quoi Serigne Mansour s’attellera en livrant d’innombrables sermons, et écrivant plusieurs ouvrages dont l’étonnant « Soufisme, avantages et inconvénients » mais aussi « al Yaqin, la Certitude » qui ont fini d’émerveiller tous les intellectuels.

D’une discrétion légendaire, il a créé plusieurs complexes, fermes et mosquées couplées dont le dernier « Dar at Taqwa » est destiné à être créateur d’emploi.

La famille de Serigne Abass Sall compte à ce jour à son actif plus de 300 mosquées, écoles et orphelinats sans compter les entreprises construites à travers le Sénégal. Ce sont les éducateurs les plus chevronnés et les plus inlassables à la cause de l’Islam et ceci sans tambour ni trompette sans même céder à la propagande confrérique devenu systématique de nos jours et sans rien attendre en retour.

Si l’Islam au Sénégal à cette époque était une bague, Serigne Mansour serait sûrement le chatôn, un diadème des plus rares. Aujourd’hui le Sénégal vient de perdre un des plus grands intellectuels qui ai vécu sur son sol, malheureusement méconnu par un peuple tombé dans l’insouciance « al Ghafla ».

Qu’Allāh l’accueil dans sa miséricorde à côté de son père Serigne Abass Sall. Al Fatiha.

* Le Serviteur de la Hadra Tidjani.
Idrissa Dioum
Louga, 17 août 2021

2 COMMENTAIRES
  • Cheikh Toure

    L oeuvre de Serigne Abass et de ses enfants sont bien visibles et profiteront pour longtemps aux musulmans sénégalais. Qu’Allah accueille Serigne Mansour Sall dans son paradis éternel et perpétue son œuvre au profit de la communauté musulmane. Amine

  • Sall

    Salaam mes frères, je voulais le contact de Mr Dioum,merci

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