Hommage à Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh (Par Ibra Fall)*

«Souviens-toi qu’au moment de ta naissance tout le monde était dans la joie et toi dans les pleurs. Vis de manière qu’au moment de ta mort, tout le monde soit dans les pleurs et toi dans la joie»

Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, dont nous commémorons le rappel à Dieu ce 14 septembre, était un guide religieux d’une dimension exceptionnelle. Il est parti dans la joie. Et le monde dans les pleurs, se confond encore dans la nostalgie.

De sa vie, je retiens de merveilleux paradoxes :

Celui de son savoir sans limite, de la puissance qu’il tire de son héritage d’une part, et de son humilité d’autre part; bref du Khalife général des Tidianes qui revendique avec une forte conviction son statut de simple citoyen.

Ensuite, celui de son ancrage à nos valeurs et son ouverture au monde ô combien complexe.

Je suis également impressionné par sa maitrise du Coran, de la Sounnah, sa culture générale; des atouts qui lui permettaient de s’adresser à un monde sans tomber dans les pièges tendus par sa diversité et sa complexité. Il parlait aux talibés, aux guides religieux de l’Islam, et aux autres gens du livre, particulièrement les Chrétiens.

Ils parlaient aux hommes politiques, aux syndicalistes, aux simples citoyens. Et le ton de sa voix, et son charisme !

A tous, ils tenaient un langage de vérité et donnait des indications pour l’avènement d’un Sénégal meilleur.
Il usait du verbe, de la connaissance, et non de la puissance pour convaincre, avec en bandoulière l’adoration de Dieu et le strict respect des recommandations du prophète Mahometh PSL.

Je garde encore en mémoire son déplacement inopiné à l’Université Cheikh Anta Diop, au plus fort d’une longue grève jalonnée de violences. « Camarades causons un peu » avait dit humblement l’illustre fils de Elhadj Malick et digne Khalife de son père, devant des étudiants tétanisés par le charisme et l’humilité du Khalife général des Tidianes. Son discours a mis un terme à cette grêve.

Sa mission était difficile, voire impossible pour un homme ordinaire : Remplacer Seydi Ababacar, un Homme qui part avec un cortège d’éloges et de nostalgies.

Mais, il l’a réussie avec brio, pour avoir su être à la fois Malick, Babacar et Mansour, sans être ni l’un, ni les autres, perpétuant leur legs tout en restant Abdou pour apporter dans leur sillage, sa part d’enseignement et d’encadrement.

Très tôt il a su comprendre qu’on ne remplace pas Seydi Hadj Malick, ni Seydi Ababacar. Ces immortels ont leur succède, et à son tour devient immortel. J’ai paraphrasé une ancienne secrétaire générale de la Francophonie.

« Immortel » ! Oui, Serigne Abdoul Aziz Dabakh l’est, comme ses prédécesseurs, à travers son œuvre, puis dans le souvenir des vivants, et enfin, selon Mademba Diop leader et poète du Cercle de la jeunesse de Louga: «Seuls les êtres meurent, et plus qu’un être, tu es un idéal »

Que son âme repose en paix dans le meilleur du Paradis, et que les leçons sa vie exemplaire nous serve de bréviaire.

* Ibra Fall

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