Exercice illégal de médecine : Le malade du cancer meurt en pleine thérapie avec son faux oncologue

Accusé d’avoir administré de fortes doses de vitamine C à un patient qui souffrait de cancer, le faux médecin Emmanuel Boniface Dzou encourt 5 ans de prison. Il a été jugé, hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar pour homicide involontaire, exercice illégal de la médecine, faux et usage de faux dans un document administratif, renseigne Les Echos.
 
 
Pour des faits d’homicide involontaire, d’exercice illégal de la médecine, de faux et d’usage de faux dans un document administratif, Emmanuel Boniface Dzou, de nationalité camerounaise, a comparu hier devant le juge correctionnel de Dakar. Il est accusé d’avoir tué involontairement un homme. Alors que son patient souffrait d’un cancer, il lui a administré de fortes doses de vitamine C. C’est suite à cela que la sœur du défunt, Aby Diop, l’a traîné en justice.

Hier, face au juge, la sœur du défunt est revenue sur les faits. «Mon frère, le docteur Diop, était malade et il lui avait administré un traitement moyennant 3 millions de F Cfa. C’est de fortes doses de vitamine C qu’il lui injectait. Et j’ai remarqué que son état a empiré lorsqu’il a commencé à lui administrer le traitement. Car, son pied s’est enflé et il avait des infections cutanées sur tout le corps», a-t-elle dit, même si elle n’a pas réclamé de dommages et intérêts.

Selon la plaignante, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est que Emmanuel, même après la mort de son frère, leur a réclamé une facture de 800.000 F Cfa.
Ce faux médecin placé sous mandat de dépôt depuis le 22 février 2022, a nié les faits qui lui sont imputés. Emmanuel Boniface  Dzou a déclaré qu’il est bel et bien un médecin qui a fait ses études en Ukraine. «J’ai également fait une spécialisation en maladie dégénérative au Canada mais je n’ai que des attestations», a-t-il souligné en essayant de convaincre le tribunal.

Hélas, le juge lui a fait comprendre que les investigations ont révélé qu’il n’est pas connu en Ukraine. Le magistrat lui a confié qu’il a obtenu des attestations via WhatsApp car le Recteur est son ami. «C’est parce que le Cameroun n’a pas payé pour que j’obtienne le diplôme. J’ai étudié là-bas pendant 7 ans et non 5 ans», se justifie le faux médecin.

Pire, il n’est même pas inscrit au tableau de l’Ordre des médecins du Sénégal. Pour se tirer d’affaire, il a indiqué qu’il ignorait la législation sénégalaise. Et pourtant, cela ne l’a pas empêché d’exercer à l’hôpital Principal de Dakar, à Philippe Maguilène Senghor ainsi que dans d’autres structures sanitaires publiques du pays.

Interpellé sur l’état de santé du défunt, il dit : «je lui ai demandé de se rendre à l’hôpital. Mais il refusait parce qu’il savait qu’il était condamné à mourir». Le procureur de requérir ensuite 5 ans ferme de prison contre lui. «Dzou est certes médecin, mais ne remplit pas les conditions pour l’exercer au Sénégal. Il n’y a pas de faits plus graves que ceux qu’il a commis», a indiqué le parquet.

Pour la défense, Mes François Senghor et Alioune Badara Ndiaye ont dit que tout ce qu’on peut reprocher au prévenu, c’est la négligence professionnelle. Ces robes noires ont estimé que si leur client n’avait pas de diplôme, il n’aurait pas exercé dans une structure étatique. Délibéré le 14 avril prochain.

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